Chapitre 30 pdv Lucie

292 34 18
                                    


— Et là, Alice, c'est encore Neville, il vient d'avoir sept ans, indiqua Lucie en se référant aux notes qu'avait écrit Neville et sa grand-mère. Je dirais qu'il a la bouche de Frank, vous ne trouvez pas ?

Alice ne répondit pas, se contentant d'observer attentivement la photo, comme toutes celles qu'elle avait vues jusqu'à présent. Elle fronçait les sourcils de temps en temps. Ce n'était pas la première fois que Lucie lui montrait cet album. Aussitôt qu'elle tournait la dernière page, Alice reprenait ses habitudes comme s'il ne s'était jamais rien passé.

Il fallait sans cesse que la Sol lui refasse le récit de la vie de son fils. Jusqu'à ce qu'elle comprenne que le temps avait poursuivi son œuvre et que son bébé avait grandi.

— Pourquoi ? demandait-elle à chaque fois.

— Il s'est passé quelque chose de terrible, Alice, expliqua Lucie pour la énième fois. Il y a environ quinze ans, juste après la chute du seigneur des ténèbres, vous et votre mari vous êtes retrouvés sans défense devant des mangemorts. Ils vous ont torturés jusqu'à-ce que vous perdiez la raison, ils...

Elle espérait que les choses soient différentes, que sa réaction soit différente. Mais, elle avait beau changer ses mots, utiliser de nouvelles photos. Immanquablement...

— Non, commença Alice en repoussant les photos, non !

Lucie se prépara à ce qui allait suivre et, derrière le rideau, l'infirmière de garde fit de même.

— NON ! hurla Alice dans un véritable crie de douleur.

Elle commença à se débattre sans écouter les conseils de Lucie. Alice semblait chaque jour revivre le moment le plus horrible de son existence, se tortillant dans tous les sens, hurlant de toutes ses forces.

— Ça va aller, Alice, tenta-t-elle de calmer, c'est fini, personne ne vous fera de mal, assura-t-elle.

Lucie tenta encore de la faire se ressaisir. Si elle échouait de nouveau, l'infirmière lui donnerait la potion de sommeil et son cerveau se chargerait d'effacer encore une fois cette épreuve difficile.

— Je ne sais pas ! continuai de hurler Alice. JE NE SAIS PAS !

— Maman ? intervint Neville en mettant un terme aux hurlements.

Il venait d'arriver dans le service sans que personne ne le voit arriver. Il apportait un bouquet de fleur à sa mère. Son visage affichait une grande peine face à la douleur qu'éprouvait sa mère. Alice concentra toute son attention sur Neville, refoulant ses visions du mieux qu'elle le put.

— Mon garçon, souffla Alice avec désespoir.

Elle fixait Neville en l'implorant, en le suppliant de lui pardonner. Celui-ci déposa les fleurs sur la table la plus proche et vint prendre sa mère dans ses bras en lui murmurant des paroles réconfortantes.

— Ça va aller, maman, chuchota-t-il, tu vas voir, on est ensemble maintenant...

Alice s'accrocha à lui en pleurant et Lucie sut qu'il fallait qu'elle les laisse seul un moment. Son intuition lui disait que Neville allait réussir là où elle avait échoué tant de fois.

Elle alla voir d'autres patients en gardant toujours un œil vers le coin de la pièce.

— Bonjour, Mr Lockhart !

— Madame Lucie ! s'exclama celui-ci en déclenchant un sourire à mille volt. J'ai entendu quelqu'un crier ! Dommage que je n'ai pas été là ! Je connais une blague qui aurait pu éviter ça !

— Quel dommage que vous ne l'ayez pas été... regretta théâtralement Lucie.

Elle n'avait pas encore essayé de guérir Gilderoy Lockhart mais sa nature remontait doucement à la surface. Au bout de quelques années, il arriverait sans même se souvenir à redevenir exactement celui qu'il était, un vantard et un menteur... Mais, en dépit de tout, sa candeur restait attachante, pour l'instant.

La Sol avait commencé à soigner d'autres patients grâce à ses pouvoirs. Un jeune sorcier, frappé par un maléfice lancé par un mangemorts et un père de famille moldu, victime collatérale d'une rixe entre rafleurs.

Contrairement à Alice, il ne lui faudrait que peu de temps pour soigner ses deux-là. Le temps était la clef de tout et cela faisait trop d'année qu'Alice avait été blessée.

— Bonjour, bonjour Cris ! Comment allez-vous ?

— Je... bien... articula-t-il difficilement.

— Et si on essayait d'aller très bien ? proposa Lucie.

Le problème de Cris était assez différent de celui d'Alice. Il était pleinement conscient de sa situation mais ne parvenait ni à bouger ni à s'exprimer correctement. Lucie avait décidé de commencer par l'aider à se mouvoir normalement. Elle lui avait déjà rendu la mobilité complète de son bras gauche et avait commencé le droit. A la fin de sa séance, il parvenait à bouger tous ses doigts un par un.

Du coin de l'œil, Lucie ne cessait de surveiller Alice et Neville dont on n'entendait que des chuchotements. L'attitude d'Alice semblait s'être adoucie, celle-ci portait toute son attention sur son fils et à la grande stupéfaction de Lucie, semblait lui répondre avec abondance.

Neville passa toute la soirée à l'hôpital en dépassant les heures de visites. Lucie avait demandé une dérogation à Matthew qui avait immédiatement accepté. Quand sa mère finit par s'endormir, il rentra chez lui pour dormir quelques heures avant de revenir dès la première heure le lendemain.

Lucie resta également toute la nuit à l'hôpital pour surveiller l'état d'Alice. Elle avait prévenu Molly pour qu'elle accepte de garder Aisline plus longtemps que prévu et avait reçu une réponse positive. Elle profita de ce temps disponible pour élaborer des potions selon les besoins des autres patients de la salle. Matthew lui avait laissé carte blanche et l'infirmière de garde l'aida du mieux qu'elle put.

La Sol fut la première au chevet d'Alice lorsque celle-ci se réveilla. Elle avait l'air encore toute engourdie mais se laissa faire pour un examen rapide de ses constantes.

— Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? demanda Lucie quand elle sentie qu'elle était tout à fait éveillée.

— Ça va, articula Alice doucement, je crois...

Elle avait parlé d'un air et d'une voix que la Sol ne lui connaissait pas. Son regard avait perdu de sa malice et semblait avoir gagné en maturité. Pour la première fois, Lucie sentit qu'elle ne s'adressait pas à Alice, la patiente qu'elle avait toujours connu, mais à Mrs Londubat, la femme qui avait disparu il y a des années de cela. Malheureusement, cette femme-là avait souffert à un point inimaginable. 



SONDAGE : vous préférez des chapitres plus long  ou des chapitres nombreux comme je fais la actuellement ? 

Le Pouvoir Solitaire - Tome 2Where stories live. Discover now