CHAPITRE 22 - Scène 82

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~ Aron ~

Zeq accepta de nous laisser une nuit. J'avais du mal à me situer entre ma jalousie mal placée et sa détresse de voir un de ses anciens repères disparaître. Je m'approchai de lui et le pris dans mes bras. Il resta tendu.

— On va tout faire pour le sortir de là, et nous aussi par la même occasion. Je ne sais pas encore comment, mais on va y arriver.

Il me serra finalement avec force dans ses bras, comme s'il mettait tous ses espoirs en moi. Je me reculai pour le regarder.

— Pas de décision irréfléchie avant d'avoir un plan solide. Je peux te faire confiance ?

Il acquiesça et je lui souris, signant cet accord.

— On va le sortir de ce merdier ce mec, mais je te promets pas d'être aimable avec lui.

Je déposai un baiser sur ses lèvres, alors qu'il esquissait un sourire. J'allai m'installer sur la table de la salle à manger. Il s'installa en face de moi.

— Déjà, il faut savoir où aller le chercher. Comment ça marche le truc de Mav ? demanda-t-il.

— Il suffit d'allumer le récepteur. La balise est paramétrée dessus.

Il se leva dans l'intention d'aller le chercher. Je lui attrapai le bras par-dessus la table pour l'arrêter.

— Pas tout de suite Zeq. Ils savent qu'on va les retrouver comme ça. On n'a aucun autre indice. Ça veut dire que dès que tu allumeras ce truc, ils sauront où on est.

Il se réinstalla sans protester

— On ne peut pas y aller ensemble. Ça serait leur faciliter la tâche. C'est toi qu'ils visent, c'est toi qu'ils s'attendent à voir.

— Tu veux dire que tu vas y aller ? m'interrogea-t-il surpris.

— Non, on va leur donner ce qu'ils veulent. Je te couvrirais. Mais je te préviens, au moindre risque, je tire, pas de quartier. Ce sera eux ou nous Zeq.

— OK.

Il semblait d'accord avec ça, cette fois-ci.

— On part au lever du jour. On aura besoin de lumière, on ne sera pas sur notre terrain. Puis, il vaut mieux se reposer. La journée de demain va être tendue...

Je me massai la main, sous la tension qui naissait. Notre plan était trop bancal. On ne savait pas à combien de personnes on aurait à faire, ni même si j'aurais l'opportunité de le protéger. Est-ce que j'aurais un visuel ? Rien n'était moins sûr.

— T'as besoin de faire un peu de sport ?

Il désigna mes mains. Je souris. Il commençait à vraiment bien me connaître. Il anticipait mes besoins. Il se leva et déposa un baiser sur mes lèvres.

— Merci Aron. Je t'attends dans le salon. Je vais rassembler nos affaires pour demain. Par contre, si l'hystérique débarque, attends-toi à un meurtre.

— Jaloux ? demandai-je en souriant.

— T'as même pas idée...

— T'as aucune raison de l'être.

— Je sais. Je te fais confiance, mais ça n'empêche rien.

Il s'installa dans le canapé et feuilleta le dossier du secrétaire d'État. Je sortis dans le jardin de Christel qui était clos et commençai par la cardio avec quelques burpees.

C'était un plan foireux. J'en avais conscience et plus je transpirais, plus la situation était claire. Tous les deux, nous n'avions aucune chance face à ceux qui nous attendaient. Ils avaient le bras long. Au point de se servir des médias pour leur cause, sans se sentir inquiété. Ils voulaient désormais se débarrasser de nous étant donné qu'on n'avait pas lâché l'affaire comme ils le souhaitaient et que morts nous ferions de bons boucs émissaires. Ça ne pouvait être que le seul but de cet enlèvement, nous faire venir jusqu'à eux pour nous tuer. Nous avions besoin d'aide. Puisque nous allions nous jeter dans la gueule du loup, il fallait en profiter pour tenter de prouver notre innocence. C'était notre dernière chance. Ce qui m'effrayait le plus c'était de ne pas réussir à protéger Zeq. Nous n'y arriverons pas à deux. Il fallait demander de l'aide à Maverick.

Christel me retrouva dehors. Je sautais sur mes pieds.

— Je vais y aller, j'ai rendez-vous dans pas longtemps.

Je ne m'étais pas rendu compte qu'autant de temps était passé.

— Je vois que ce n'était pas juste pour faire le beau tes séances de sport à la mer, commenta-t-elle.

— Ça me permet de me canaliser.

— J'ai cru comprendre que c'était tendu entre toi et ton copain.

Je la regardai en essayant de déterminer dans quel sens elle avait utilisé ce mot. Juste en nous voyant avait-elle déterminé la nature de notre relation ?

— C'est lui, le fameux Zeq ?

Je hochai la tête en même temps que j'étirais mes mollets.

— Tu n'as pas passé le cap ?

— Je peux définitivement dire que je ne suis pas qu'hétéro.

Christel s'installa sur une chaise de son salon de jardin en croisant les jambes, décidée apparemment à prendre un peu de temps pour parler de ma relation avec Zeq.

— Alors c'était quoi le problème tout à l'heure ?

— Un de ses amis s'est kidnappé. C'est un piège pour nous attirer et il voulait foncer tête baissée.

— T'as réussi à le convaincre de ne pas aller le chercher ?

J'étirai mes bras. J'avais les idées beaucoup plus claires maintenant que je baignais dans l'endorphine.

— Tu ne peux pas lui en vouloir de réfléchir avec son cœur. Ça aurait un proche à toi, t'aurais accepté de rester là, ne rien faire et de laisser le temps filer ?

— J'aurais foncé.

Je n'aurais même pas cherché à tergiverser. J'aurais pris la voiture et roulé et me disant qu'on improviserait, qu'il n'y avait que ça à faire. Je fus saisi d'une angoisse. Je passai devant Christel et entrai à l'intérieur, allant tout droit dans le salon.

— Zeq ! appelai-je.

Je l'appelais encore. Le silence me répondit une nouvelle fois pendant que l'anxiété me gagnait. J'allais rapidement à la cuisine en continuant d'appeler, plus frénétiquement. Je parcourais les autres pièces de la maison, elles étaient toutes vides. Je retournai rapidement au salon et regardai les objets sur la carte basse. Il manquait deux armes et le moniteur.

— Bordel !

Je tapai du poing sur la table et j'entendis un petit cri de surprise de Christel derrière moi.

— Tu vas faire quoi ?

J'attrapai mon sac à dos et rassemblai rapidement toutes les affaires éparpillées.

— Le chercher.

— Comment ? En te jetant toi aussi dans la gueule du loup ?

J'avais envie de hurler. Je chargeai l'arme que j'avais nettoyée quelques heures plus tôt et enfilai mon holster pour la ranger à l'intérieur. J'en glissai une deuxième dans ma ceinture.

— En improvisant.

Je chargeai le sac sur mon épaule.

— J'ai besoin de ta voiture.

Elle fouilla dans sa poche et me tendit les clés.

— Je déclarerai le vol en revenant de mon week-end.

Je la remerciai. Elle quitta sa maison alors que j'entrai dans son garage.

Sous couverture : Chasse à l'homme MxMWhere stories live. Discover now