Chapitre 4

623 21 18
                                    



"La vie ce n'est pas attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie." Sénèque


Aria


- Trente et un...

- Trente deux...

- Trente tro-


Ding


Subitement, je lève la tête vers la source sonore qui vient de retentir dans le petit bar/restaurant vide, déserté par les dernières personnes qui venaient de partir. Il s'agit du carillon de la porte qui tinte, m'annonçant l'arrivée d'un nouveau client.

Vêtu de noir et la tête baissée vers le sol un homme, dos à moi, s'avance nonchalamment jusqu'à une table où il s'assoit. La casquette sombre enfoncée sur son crâne m'empêche de voir son visage. Je n'y prête pas vraiment attention et continue les comptes que j'étais en train de faire pour lui laisser le temps de zieuté la carte.

À mes heures perdues, je travaille pour ramener un maximum d'argent possible. N'ayant pas beaucoup les moyens, je dois redoubler d'efforts pour gérer mes études ainsi que le travail. Je dois bien avouer que cette tâche se révèle assez compliquée... Je me dis souvent qu'un jour mes efforts paieront et que je serai récompensée pour mon travail. Il me  tâte de quitter la piteuse vie qui m'entoure. Rien est simple et j'ai donc assurément arrêté de compter le nombre de fois où j'ai voulu me foutre en l'air.

Je me souviens même avoir eu quatre jobs différents en un mois, pas parce que je m'étais faite virer, loin de là. Je remplaçais simplement des employés absents.

Mais cette fois-ci, j'ai trouvé un job étudiant à temps partiel et je dois avouer que c'est plus simple pour moi. Premièrement parce qu'il est plus poche de ma maison et de l'université puis deuxièmement parce que je n'ai pas besoin de courir de droite à gauche pour m'y rendre. Cela fait maintenant deux semaines que j'y travaille et il faut dire que c'est très cosy et apaisant.

Les murs qui m'entourent sont de couleur vert amande. Cette teinte est claire et lorsque le soleil pointe le bout de son nez, ses rayons reflètent parfaitement contre cette nuance pastelle. De nombreux petits cadres reposent contre ces parois colorées. Toutes sortes de fleurs y sont peintes par le patron, qui ma foi, se débrouille assez bien. Le parquet de couleur chêne clair illumine davantage l'endroit et ce ne serait sans compter sur les grandes baies vitrées du mur principal qui font entrer toute la lumière extérieure en plein jour.

À plusieurs reprises, je me suis demandée pourquoi vouloir autant de lumière dans un si petit endroit. Mon patron, Monsieur Stewart, m'a expliqué que quand il a perdu sa femme, il y a un peu plus de deux ans, il s'était mis à brouiller du noir. Il disait qu'à travers son lieu de travail il cherchait à faire ressentir la positivité de l'endroit et à en faire un environnement relaxant pour les clients où toutes les idées néfastes ne sont pas les bienvenues.

Lorsque l'on rentre à l'intérieur, une odeur d'encens vient nous chatouiller les narines. C'est très agréable. A chaque fois que j'y mets les pieds je me sens bien et je sais qu'il est de même pour tous les clients qui ressortent le sourire aux lèvres. L'atmosphère qui nous englobe résulte la bienveillance et la douceur de l'endroit. Une légère musique résonne toujours légèrement en fond et chasse les humeurs massacrantes contre des humeurs plus gaies.

Le vieil homme a bien réussi son coup.

Mes billets comptés et rangés dans la caisse, je contourne le comptoir et m'avance vers le nouveau client. Je sors de la poche de mon tablier beige un bloc note et prends le stylo qui en dépassait.

UNMASKEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant