Chapitre 3

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La froidure du vent rosissait les joues de Newton. Ses mains gelées se réfugièrent dans la chaleureuse doucereuse de ses poches en laine. À New York, la nuit avait enveloppé les rues de son sombre voile. Seule la lueur rassurante des lampadaires éclairait les pas du jeune homme. Mais alors qu'il s'aventurait dans une ruelle étroite, une voix l'interpella : « Eh ? Tu vas où comme ça, mon mignon ? » Des rires gras accompagnèrent ses avances. Newton ne se retourna pas. Son stratagème déplut vivement, si bien qu'une main ferme agrippa son épaule.

« Eh, la tapette ? T'as cru que t'avais le droit de m'ignorer ? »

Sa démarche chancelante et son haleine pestilentielle témoignaient son état d'ivresse. Ses confrères barrèrent la route au garçon.

« Laissez-moi passer. »

Son ton serein n'apaisa pas les tensions. Un sourire défavorable étira les lèvres gercées d'un des hommes.

« Dis-moi, tu suces pour combien ? »

Les rires bruyants de ses camarades firent bourdonner les oreilles du blond. Lorsqu'il sentit une main s'aventurer sur sa ceinture, son poing atterrit dans le nez de son agresseur. Du liquide rouge et frais ruissela jusqu'au menton de l'inconnu. Il l'essuya d'un coup franc, les yeux injectés de sang.

« Tu vas payer pour ça, enfoiré ! vociféra-t-il. »

Il propulsa l'adolescent à terre. Le dos de celui-ci retomba douloureusement sur les pavés. L'inconnu hurla. Ses doigts osseux encerclèrent rageusement son cou. La fraîcheur de sa chair fit frémir Newton, perdu entre les toussotements et l'effroi. Tandis qu'un autre homme l'assénait de coups et d'injures, un sifflement retentit dans l'obscurité de la ruelle. Une silhouette sortit de nulle part et se posta devant les offenseurs.

« Wow. De l'harcèlement de rue en pleine nuit. Sacrée originalité. »

L'homme stoppa tout geste et se releva, laissant le blond reprendre bruyamment son souffle.

« Qu'est-ce qu'elle veut, la coccinelle ? cracha-t-il.

— J'étais plus parti sur un délire d'araignée, mais ça me va.

— Ferme la. gronda-t-il. Tu vois pas que tu déranges ?

— Oh, à ce propos... »

Il fit quelques pas.

« Je vous conseille de le lâcher.

— Sinon quoi, hein ?

— Sinon, je risque d'être pas aussi cool et sympa.

— On n'a aucun ordre à recevoir d'un gamin en collants ! On faisait que s'amuser avec la tapette !

— Je vois... »

Il patienta un court instant avant de projeter une toile sur le poignet de l'homme, immobilisé contre le mur le plus proche. Deux autres des inconnus se jetèrent sur lui, recevant de violents coups en réponse.

« Trois de moins. À qui le tour ? »

Hurlant, les quatre derniers se précipitèrent sur le jeune homme masqué. En quelques mouvements, ce dernier les mit brutalement à terre et ils finirent pas prendre leurs jambes à leur cou. Gesticulant dans un grognement, l'étrangleur assommait Thomas d'insultes.

« Libère-moi, connard !

— Pour ça, faudra revoir tes bonnes manières, mon chou.

— Fais-le et j'lui fous la paix ! Allez !

— T'as de la chance que je sois un chouette type. »

Il libéra ses poignets dans un rire. S'écroulant sur le pavé, l'homme fuit lui aussi. De son côté, Newton n'avait pas cillé. Il était resté là, paralysé, telle une statue de marbre. Ses yeux écarquillés et luisants de stupeur scrutèrent l'adolescent l'approcher avec méfiance et émerveillement.

« Tu vas bien, Newton ? »

Une main rassurante se posa sur son épaule. Les lèvres du blond tremblèrent.

« Co... Comment tu... bredouilla-t-il. »

Le super-héros passa une main embarrassée sur sa nuque.

« Ah, euh... On va dire que je patrouille souvent autour de chez toi, et... je t'ai peut-être stalker une ou deux fois. Ou trois, qui sait ? répondit-il. Dans tous les cas, t'as un admirateur secret. Tada ! rit-il nerveusement.

— Mais, um... on se connaît, au moins ?

— Tu sais très bien que je ne peux pas répondre à ce type de questions. Ce serait pas mal contreproductif, pour un super-héros anonyme.

— Désolé... rougit-il.

— Ça vous dérange, monsieur Stacy ?

— D'avoir Spider-Man pour admirateur ? Non, absolument pas. En réalité, j'avoue que je vous admire également... et peut-être même que j'ai déjà essayé de vous rencontrer en forçant le destin... rosit-il. »

Le garçon ne pouvait le voir, mais Thomas affichait un gigantesque sourire sous son masque.

« M-Merci beaucoup, en tout cas... J'ai vraiment cru que ce cinglé allait me tuer.

— C'est mon boulot, Newtie. sourit-il. Je devrais te raccompagner chez toi, on n'est jamais trop prudent. »

Le blond acquiesça d'un signe de tête timide, les joues empourprées.

Spider-Man - NewtmasWhere stories live. Discover now