Chapitre 20

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Monsieur Stacy se pencha, saisissant le costume de Spider-Man échoué au sol d'une poigne ferme et sidérée. Il releva le bout de vêtement qu'il serra entre ses doigts jusqu'à briser ses phalanges, fixant son regard noir de rage et furieusement trahi dans celui pétrifié de Thomas. Le garçon s'empressa de suite de bredouiller, enfilant son boxer et son pantalon sous les draps : « Monsieur, je peux tout vous expliquer --

— Boucle la. coupa-t-il d'une voix si grave qu'elle rebondit contre le mur. »

Newton se crispa de peur sur son matelas. Il rétorqua à son tour, tremblant comme une feuille tandis qu'il terminait de revêtir ses vêtements : « Papa, excuse-moi, je sais que tu aurais voulu que je t'en parle, mais --

— Ne gaspille pas ta salive. cracha-t-il. Tu cours de très gros ennuis, jeune homme. De très, très gros.

— S'il te plaît...

— T'ai-je autorisé à parler ?! »

Thomas sortit du lit une fois habillé, il emboîta le pas du père qui faisait les cents pas dans la pièce et essaya à nouveau : « Monsieur, ceci n'est nullement de la faute de Newton, je vous l'assure. Il n'y est pour rien du tout, absolument rien, ne lui en voulez pas. Je suis le fautif, pas lui.

— Oh oui, mon garçon ! Tu l'es ! Toi, et toi seul ! Tu as entraîné mon fils dans ta misère, tu l'as obligé à mentir à prendre des risques, alors que je t'accueillais sous mon toit et t'invitais à dîner ! Je t'ai laissé le droit de toucher mon garçon malgré mes doutes, je n'ai rien dit non plus lorsque tu as commencé à dormir dans sa chambre ! Mais maintenant, tu vas regretter d'être venu au monde, enfoiré ! Je me disais bien que ton obsession pour ce cinglé sonnait anormale ! Sale vaurien ! Sors immédiatement de ma maison et va te faire mettre ! Tu n'es qu'un jeune con qui a tenté de jouer avec la police ! Tu es bien chanceux que je ne t'arrête pas ce soir, je te laisse annoncer la bonne nouvelle à ta tante avant ! Mais sache que demain, tu seras derrière les barreaux, petit merdeux ! »

Newton s'interposa entre eux, hurlant encore plus fort que son père : « Je t'interdis de lui parler de cette façon !

— Toi, tu n'as rien à dire ! Tu t'es lamentablement fait avoir par un escroc ! Tu me fais honte !

— Thomas n'a rien d'un escroc ! Il est celui qui m'a sauvé alors que rien n'allait pour moi ! Il est celui à avoir remarqué mon mal-être et à y avoir cru ! Il a été là pour moi toutes les fois où tu n'as pas été capable d'assumer ton putain de rôle de parent, pour toutes les fois où tu as favorisé ton travail à ton fils ! La vérité est que je suis totalement lâché depuis que maman est morte ! Tu ne te soucies plus de moi, hormis pour me répéter que je fais tout de travers et que je pourrais mieux faire si je t'écoutais ! Tu es le petit merdeux de l'histoire, pas foutu de survivre face au deuil malgré ton enfant qui avait besoin de toi ! Tu es l'escroc qui m'a fait croire pendant des années que j'alourdissais ta vie et que j'étais le problème ! Tu es celui qui me dis sans cesse à quel point je la décevrais si elle était encore là ! Mais tu sais quoi ? J'aurais préféré que tu crèves à sa place ! »

George frappa son fils si violemment qu'il bascula en arrière, Thomas le rattrapa de justesse tandis que du sang s'écoulait de sa lèvre inférieure et teintait ses dents. Newton releva un regard stupéfait vers son père, l'adulte vit l'état du garçon et s'inquiéta rapidement : « Newton, je suis désolé, je n'aurais pas dû... Merde, tu vas bien ? » Le blond ne répondit pas. Il attrapa un sac au hasard et le remplit de vêtements sous le silence de son aîné, échangeant un regard avec Thomas qui ne perdit pas de temps et mit son masque avant de s'enfuir avec lui par la fenêtre ouverte de sa chambre.

« Je ne te fais pas mal ?

— Ça brûle, mais ça va... »

Le brun fit la moue, tapotant encore un peu la blessure de son ami à l'aide d'un gant de toilette imbibé d'eau et de désinfectant. Il reposa délicatement le tissu sur le lavabo, son regard rencontra la tristesse du sien et son cœur se serra un peu plus. Il soupira et murmura : « Viens là. » Newton s'enfuit entre ses bras, cachant son visage dans son cou. Il sentit son petit ami l'attraper par les cuisses et le porter. Il entoura ses jambes autour de sa taille et ferma les yeux, emporté par la douceur de Thomas qui l'allongeait lentement sur son lit.

« Je suis stupide... »

Le super-héros fronça les sourcils et attendit qu'il développe : « Je savais qu'il rentrait à cette heure-ci, putain, tout est de ma faute... » Thomas se coucha face à lui, posant ses mains dans les siennes.

« Ne raconte pas n'importe quoi. Il fallait que ça arrive. »

Newton ancra ses yeux pleins de larmes dans les siens, secouant négativement la tête : « J'ai tout gâché... Tu es de nouveau en danger et tout ça parce que j'ai refusé d'être prudent et de raisonner mon père... Tommy, je suis tellement, tellement désolé, je m'en veux tant... » Thomas se rapprocha de son visage jusqu'à faire frôler leurs nez et contredit : « Nous avons le droit d'être adolescents, de ne pas surveiller chacun de nos faits et gestes et de se laisser aller. Si tu cherches absolument un fautif, il s'agit encore là de moi. C'est mon costume, ma responsabilité. J'aurais dû y penser. Et voilà que tu te retrouves bloqué par ma faute, avec un père qui t'a promis une punition digne de ce nom...

— Peu importe ma relation avec mon père ou ce qu'il me réserve. C'est toi, qui m'importe. Ta sécurité et ton bien. Rien d'autre. S'il vient à te dénoncer... Merde... Je le menacerai de le quitter à jamais. Je sais qu'il ne pourrait se résigner à concevoir un quotidien sans moi.

— Newt...

— Tu ne comprends pas ! Ils t'accusent de meurtre au premier degré ! Ils te font porter des dizaines de crimes qui ne sont pas les tiens et ils feront tout pour que tu restes derrière les barreaux le plus longtemps possible ! Tu es innocent ! Je ne peux pas le laisser faire !

— Ne prends pas de risque pour moi. Contrairement à ce que ton père pense, je t'ai toujours protégé jusqu'ici. Il ne doit rien t'arriver, ce n'est pas ton problème.

— Bien sûr, que ça l'est ! Tommy, tu ne te rends pas compte à quel point tu représentes pour moi... Tu es tout pour moi, je te donnerai mon cœur s'il le fallait. Je me fiche de savoir mon père fou de rage tant que tu es sain et sauf. J'ai besoin de toi, pas de lui.

— Tu parles sous la colère...

— C'est faux ! je l'ai toujours pensé, Thomas. Toujours. Tu me donnes tellement, tu me fais vivre un peu plus chaque jour... Les seules fois où je ne songe pas à ma mère et à mes problèmes sont celles où tu es près de moi. Je préfère mourir que de te quitter.

— Tu es fou, de dire ça. Moi, je t'aime depuis des années, j'ai le droit d'assumer que je préférais mourir plutôt que de ne plus te voir. Mais toi, tu m'aimes depuis seulement un an ! Tu ne peux pas te permettre d'assurer une telle chose ! Tu ne peux pas te permettre d'abandonner pour moi !

— Tommy... Je suis amoureux de toi depuis trois ans... Ce n'est pas parce que je n'ai pas eu le courage de venir te parler que je ne ressentais rien.

— Ton père est la seule famille qu'il te reste. Je t'interdis de le quitter à cause de moi, peu importe depuis combien de temps tu m'aimes.

— Quel père digne de ce nom mettrait le petit ami de son fils en prison ? Il me connaît ! Il sait que je n'aurais jamais été avec un brigand. Et puis, il n'a même pas essayé de m'écouter lui expliquer la situation ! C'est comme s'il cherchait à me condamner de n'importe quelle façon...

— Promets-moi seulement d'agir par toi et toi seul. Promets-moi que je ne t'influence pas sur cette décision.

— Je te le promets, Tommy.

— Vraiment ?

— Vraiment. Je sais me détacher des opinions des autres, je te le dirais si je me fiais trop à toi sur ce sujet. C'est mon père, après tout. Je fais ce que je trouve bon pour moi.

— Parfait. Dans ce cas... reposons nous, nous en avons besoin. Nous verrons tout cela demain. Peut-être que ton père n'est pas prêt à me dénoncer.

— Je l'espère... »

Thomas ne répondit rien, scrutant la blessure du blond avec une moue. Il nicha son visage dans son cou, s'accrocha à sa taille et soupira longuement. Newton caressa lentement son dos, il sentit le garçon somnoler contre lui jusqu'à pratiquement s'endormir dans ses bras.

« Je t'aime, Newt.

— Et moi encore plus. »

Spider-Man - NewtmasWhere stories live. Discover now