Chapitre 17

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Un braquage avait été organisé dans la banque principale de l'est de New York, des otages avaient été retenus en son sein en guise de chantage auprès de la police. Thomas s'était enfui de son établissement une fois l'information diffusée sur l'ensemble des chaînes de radio. Il comptait bien profiter de son extraordinaire agilité pour coopérer avec les officiers. Son aide fut miraculeuse, il parvint a immobiliser les fautifs à distance et à libérer les prisonniers dans une même fraction de seconde. Les otages l'avaient acclamés, les membres sollicités du commissariat l'avaient curieusement dévisagé mais avaient fini par partager leur gratitude. Tout s'était parfaitement bien déroulé, sans encombre ni secret dévoilé. Jusqu'à ce que Thomas ne croise le regard dubitatif du père de Newton, présent lors de la mission. Il n'avait osé parler, avait prétendu ne pas l'avoir vu et ne pas le connaître. L'adulte ne s'était pas comporté de la sorte. Il l'avait longuement jugé, s'était figé un instant pour lorgner le jeune homme masqué. Et, à l'inverse de ses collègues, il ne lui offrit aucun remerciement, ni même une remarque polie. Il s'était tu, l'avait fusillé de ses yeux sombres et l'avaient méticuleusement observé s'enfuir en escaladant les immeubles.

« Il ne se doute de rien. avait assuré Newton une fois ses inquiétudes partagées. »

La certitude de son ton ne convainquit pas Thomas. Tôt dans la soirée, George Stacy composa le numéro de la vie scolaire du lycée de son fils, tapotant son bureau avec des doigts nerveux.

« Bonsoir, accueil de la Stuyvesant High School à l'appareil. Que puis-je faire pour vous ?

— Bonsoir, George Stacy, shérif du commissariat du département de New York. J'aurais besoin d'une information précise sur l'un de vos élèves dans le cadre d'une enquête policière.

— Bien entendu, je vous écoute.

— Je vous remercie. Thomas Parker avait-il classe de dix heures trente environ à treize heures vingt ?

— J'ai son emploi du temps sous les yeux et, effectivement, c'est le cas.

— Était-il présent dans cette même tranche d'horaire ?

— Non, monsieur, pas selon les rapports effectués par les professeurs en début de classe.

— Ses responsables légaux ont-ils justifié cette absence ?

— Non, aucunement. Nous les avons cependant averti de ce comportement que notre école ne tolère pas.

— Est-ce dans ses habitudes, de sécher ?

— Thomas est un élève exemplaire. défendit aussitôt la dame. Il lui arrive malgré tout de disparaître à n'importe quelle heure, pour n'importe quelle raison. Il justifie rarement ses absences mais sait suffisamment se montrer responsable pour ne pas en subir les conséquences.

— Je suppose alors qu'il n'a pas de soucis de santé, si aucun parent n'a prévenu l'établissement ?

— Aucun, monsieur. Du moins, rien est enregistré dans les registres du lycée.

— Et a-t-il déjà vendu des substances illicites, au sein de votre établissement ?

— Parker ? Ô grand jamais ! Il n'est jamais impliqué dans ce type d'affaires, dans le contraire vous en auriez été informé. Nous attrapons facilement nos voyous.

— Très bien, j'ai toutes les réponses qu'il me faut. Je vous remercie, madame.

— Le plaisir est pour moi, monsieur l'agent. Au revoir. »

Lors du dîner, George observa son fils découper sa viande d'un œil suspicieux. Il croisa les doigts et demanda d'une voix intéressée : « Tu as passé une bonne journée avec ton petit ami, mon ange ?

— Oh, euh... bredouilla Newton, pris au dépourvu. Oui, oui... comme toujours.

— Et cet examen, que vous avez eu avant midi ? Ça s'est bien passé ?

— C'était compliqué, mais... j'ai pu répondre à toutes les questions. J'espère simplement ne pas m'être trompé, vu le coefficient qu'il tiendra dans la moyenne...

— Thomas a tout autant bien réussi ?

— O... Oui, ça allait... Il est très fort en sciences, tu sais. C'est une véritable génie. Il m'a dit qu'il avait peur de sa note, mais je sais qu'il obtiendra la plus élevée de la classe. sourit-il timidement, les joues rouges. Pourquoi demandes-tu ça ?

— Car je t'aime et que tu as un petit ami. C'est dans mon devoir de l'intégrer du mieux que je peux.

— Oh, très bien... »

Le garçon finit son assiette avec les yeux réprobateurs de son père ancrés sur lui.

« Tommy, tu as peut-être raison. »

Thomas s'excitait au bout du fil : « Non, tu penses aussi qu'il a compris ?!

— Ne t'affole pas, ce ne sont que des doutes, mais... je ne sais pas trop... il m'a demandé comment tu avais géré l'examen d'aujourd'hui...

— Quand je te dis qu'il m'a dévisagé, à la banque ! Il a dû aller vérifier si j'étais en cours ce matin, ce qui n'est pas le cas !

— Je lui ai assuré l'inverse, comment pourrait-il avoir des doutes ? Je ne lui mens jamais !

— Mais tu aurais toutes tes raisons de le faire à mon sujet ! Ma réaction face à sa haine contre Spider-Man, mes blessures, mes infiltrations chez toi depuis la fenêtre de ta chambre... et s'il avait tout assemblé ?

— Je... Je ne sais pas... murmura-t-il encore plus bas. Que se passerait-il, si c'était le cas ?

— Il me dénoncerait et je serai arrêté... trembla Thomas. Putain, c'est pas possible...

— Calme-toi, Tommy. Nous ne sommes certains de rien. De plus, tu as prouvé aujourd'hui même que tu étais du côté de la justice.

— Et s'il parvenait à le retourner contre moi ? J'aurais très bien pu engager des complices pour me faire passer pour un héros !

— Tommy, tu délires...

— Je me prépare à tout, c'est différent. En attendant, que suis-je supposé faire, hein ? Je vis tranquillement ma vie en ignorant ton père ?

— Tu n'as pas le choix. Nous ferions mieux de se rencontrer chez toi, histoire d'éviter toute sorte d'erreurs devant mon père. Ta tante serait d'accord ?

— Bien sûr, elle t'adore... mais... ça ne paraîtrait pas un peu suspect, que je ne vienne tout à coup plus chez toi, pile au moment où je suis impliqué dans les doutes de George ?

— Tu as raison... Seulement je ne préfère pas risquer quoi que ce soit. Si ton identité est révélée, tu ne pourras plus jamais vivre normalement.

— Merci de me rassurer...

— Tommy... Je sais très bien que tu le sais.

— Belle répétition. Et puis, évidemment, que je le sais ! J'espérais simplement que tu ne le pensais pas aussi... Merde... comment je vais m'en sortir...

— Eh, ne paniquons pas, je te dis. Nous nous trompons peut-être. »

Thomas soupira longuement. S'ils pouvaient.

Spider-Man - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant