3.

366 13 6
                                    

 Je sors du lycée, je vais voir Solène et nous allons sur une place. Même si cela ne m'enchante pas, je ne tarde pas à lui raconter les évènements de la veille.

Elle ouvre grand les yeux et ne réagis qu'au bout de quelques secondes.

-Euh, je crois que j'ai mal compris, tu lui as dit quoi ? Me demande-t-elle.

-Pas grand-chose, finalement.

-Esmée, tu ne dois pas t'approcher de lui. C'est terriblement malsain. Elle me regarde d'un air réprobateur. Il lui ressemble trop, et si Thomas réapparaît, que vas-tu lui dire ? « J'ai pris un sosie le temps que tu reviennes » ?

-Je sais ! Et, fais-moi confiance, je ne ferai rien.

-J'espère, sinon tu serais la reine des idiotes !

Elle me regarde quelques instants, puis part en silence. Sa réaction me déçoit, je n'ai rien fait de spécial donc je ne comprends pas pourquoi elle est si choquée. Elle comme moi, savons très bien que rien n'est ni possible, ni envisageable entre moi et le nouveau.

Déjà, parce qu'il ressemble à Thomas, ensuite, car c'est un abruti et finalement, j'aime Thomas. Rien n'est plus fort que l'amour que j'éprouve pour lui.

Je marche jusqu'au lycée et je m'installe sur un banc. Téo ne tarde pas à me remarquer et à venir me rejoindre.

-Peut-être que nous devrions en parler ?

-De quoi devrions-nous parler ?

-Tu sais de Grayson.

-Téo, j'ai déjà dit ce que j'avais à dire.

-Et moi, je ne pense pas. On ne parle jamais de toi, de Thomas. Alors, même parler de Grayson, tu veux esquiver ?

-Je ne fuis pas ! Mais je ne préfère pas en parler, je marque une pause, Téo, ça me fait mal.

Il me jette un regard compatissant puis me serre dans ses bras. Ensuite, il part.

En face de moi, il y a un groupe d'hommes d'environ une cinquantaine d'années. Ils ont l'air alcoolisés.

La nuit commence à tomber et je suis loin de chez moi. La rue principale est déserte, les magasins sont fermés et les éclairages ne sont pas encore allumés.

J'inspire un grand coup, tout à coup paniquée.

J'attrape mon courage à deux mains et j'avance. Les hommes, qui faisaient un boucan horrible quelques secondes avant, se taisent et m'observe passer.

Soudain, l'un d'entre eux émet un mouvement brusque et je sursaute. Ils se mettent à rire et mon sang se glace.

J'accélère tandis qu'ils reprennent leur sérieux.

J'entends des pas sur les dalles en pierre derrière moi, je me retourne et je vois l'un d'entre eux marchait dans ma direction.

Je fixe à nouveau l'horizon et j'entends les bruits s'accélèrent.

Je me mets à courir de toutes mes forces, mais cela ne l'empêche pas de me rattraper. Il me saisit par l'arrière et me fait tomber. Il met sa main sur ma gorge et commence à crier.

-Les gars ! Je l'ai eu !

Ils s'approchent de moi et les larmes me montent aux yeux.

Ceux qui arrivent à tenir debout me regardent malicieusement.

L'homme qui me tient la gorge, la lâche et un autre entoure mon visage de ses mains.

-Ma poupée, on va bien prendre soin de toi, tous ensemble...

Les larmes dédoublent et ne s'arrêtent de couler sur mon visage.

Il approche sa tête de la mienne, tellement près que je sens son souffle cogner contre mes amygdales.

Je frissonne, la peur prend davantage de place en moi.

Son souffle sent clairement l'alcool, je n'avais pas tort, ils sont tous complètement bourrés. Il colle ses lèvres contre ma joue et fait des petits ronds avec sa langue.

Sa longue barbe touche ma bouche et un haut-le-cœur vient.

Il s'arrête et me regarde d'un air qui dit « moi, je te donne envie de vomir ? ». Il exerce une pression sur ma gorge, je tousse et je le vois esquisser un rictus.

Bon sang, est-ce qu'il va me tuer ?

Je cherche de l'oxygène tandis qu'il bloque toujours l'entrée de celle-ci. Je n'arrive plus à respirer.

C'est la fin.

Je ferme les yeux en espérant ne rien sentir.

Je sens que si je ne respire pas bientôt, mon âme s'envolera.

D'un coup, toutes les pressions que l'homme m'infligeait disparaissent et les hommes se remettent à jacasser.

J'ouvre les yeux. L'homme qui m'étranglait, il y a à peine cinq secondes, est plaqué contre le mur.

Je soupire de soulagement.

Je l'ai échappé belle.  

Like him (En Réécriture)Where stories live. Discover now