Chapitre 6 - Décorer sa maison à Noël, pourquoi ?

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Après notre virée d'hier soir, mon patron m'a clairement demandé de ne pas être en retard aujourd'hui : ses doutes sur ma capacité à arriver à l'heure se sont avérés exacts. Trente minutes plus tard, me voilà en train de me faire sermonner par monsieur-connard-je-n'aime-pas-noël qui prétend qu'il a dû se dépatouiller tout seul pour faire son café. Il a enfin appris à se servir de ses dix doigts, c'est bien ! J'ai failli le féliciter pour cet exploit, mais j'ai préféré me taire quand je me suis souvenue qu'il tenait entre ses mains la réussite de mon article.

Que dire du reste de ma journée ? Si ce n'est que je me suis retrouvée coincée à la photocopieuse pendant presque quarante minutes à cause d'un bourrage papier, d'un café tombé sur la prise et d'un changement d'encre. Je savais que je n'aurais pas dû me lever ce matin. Mon réveil n'a pas sonné, mon téléphone n'avait plus de batterie, mon chargeur était mal branché et vu qu'Agathe avait déserté l'appartement pour être avec sa conquête du jour, je n'avais pas le cocorico matinal. Cette nana case ses relations en faisant concorder leur prénom au jour de la semaine, afin de ne pas se tromper de personne. C'est simple et très bien organisé. Le lundi, Monday, c'est Maeva qu'elle s'accapare. Wednesday, c'est William qui prend la relève. Ensuite le samedi, elle fait un peu ce qu'elle veut, avant de retrouver Samuel le dimanche, Sunday.

Je guette l'heure, souffle, fixe la poignée de porte de mon boss avant de regarder autour de moi : je dois attendre que mon patron quitte l'immeuble avant de pouvoir rentrer chez moi. Tous les autres employés ont déserté leur bureau respectif, orné de photos de famille avec des enfants plus moches les uns que les autres. Il y a celle qui a perdu quatre dents et qui peut faire passer une carotte sans même ouvrir sa mâchoire, celui qui est champion de Boston du concours de mangeurs d'hamburger à, à peine dix ans, la petite de Roger qui sait se brosser les cheveux avec ses pieds ou le fils de Gaby qui peut imiter le bruit de plus de 150 espèces animales. Je suis ravie de ne pas écouter continuellement les exploits des petits monstres qu'ils doivent nourrir matin, midi et soir.

Le dos de mon stylo claque sur mon bureau en rythme sur la chanson « Petit papa Noël » qui trotte dans ma tête depuis bientôt une heure. Mon ventre émet des gargouillis : j'ai faim.
J'ouvre alors un tiroir et en extrais un assortiment de papillotes au chocolat. Le papier délivre sa douce musique avant que je puisse découvrir la gourmandise de cacao, prête à être dégustée. J'ouvre grand la bouche pour enfourner le cinquième délice quand je me fais surprendre par Connor.

— Vous allez avoir une crise de foie, souffle mon patron en montrant la montagne de papiers colorés et brillants qui trône sur mon clavier d'ordinateur.

— J'ai faim, grommelé-je en jetant tout à la poubelle.

— Rentrez chez vous Clara.

— Cassie...


***

J'arrive les bras chargés d'un carton d'ornements récupéré dans le garage que je loue. Je regarde une dernière fois le post-it collé sur la boîte marron. Dessus, l'adresse de l'appartement de Connor Anderson. Jack m'a donné rendez-vous pour vingt heures trente lorsque je lui ai soumis l'idée de décorer le salon de mon cobaye. Je savais que monsieur Anderson allait convaincre son fils de me laisser venir ici pour faire mes petites affaires.

Pour apprécier Noël, il faut avant tout s'immerger dans sa magie. La décoration est donc ce que je considère comme la base d'un Noël réussi.

« La décoration est importante afin d'entrer un peu plus dans l'esprit de Noël. Il rappelle les souvenirs créés pendant l'enfance. »

J'entre dans l'immeuble de six étages, très classe, et me fait intercepter par un homme qui me demande de décliner mon identité. Je me présente, pose mon carton sur le sol et tend ma carte à l'homme de l'accueil. Le trentenaire tape sur son clavier quelques informations me concernant, me laissant tout le loisir de visiter les lieux du regard. Au sol, un carrelage en mosaïque beige et blanc, au plafond nacré, une sublime moulure, et un énorme lustre éclairant tout le rez-de-chaussée. La grosse voix de l'homme m'interpelle. Il me confirme que j'ai bien été ajoutée à la liste des visiteurs et me donne ensuite l'étage et le numéro de l'appartement.

Opération Noël ; Comment lui faire aimer cette fête ?Where stories live. Discover now