Chapitre 24 - Joyeux Noël Dylan

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CONNOR

24 décembre

J'arpente les pavés, ma peine toujours présente et ancrée en moi : jamais elle ne disparaîtra. La neige fraîche tombe doucement sur l'ancienne qui a durci à cause du gel matinal. Il est huit heures et je n'ai pu fermer l'œil de la nuit à cause de la petite brunette qui était parfaitement insatiable. Tantôt Mère Noël, tantôt lionne, elle est passée par tout un tas de personnalités différentes pour mon plus grand plaisir.

L'air qui se dégage d'entre mes lèvres se transforme immédiatement en brume. J'enfouis le bas de mon visage dans l'écharpe que Cassie m'a prêtée ce matin : j'ai oublié la mienne en Pennsylvanie. Je dénote avec ce voile jaune moutarde qui passe élégamment sur mon manteau noir. J'inspire comme un putain de drogué, l'odeur de cannelle vanillée qui embaume le tissu. Je m'arrête net en retenant les larmes qui se créent un passage dans mon canal lacrymal, puis je pose un genou à terre. De mon gant, je dégage le tapis blanc et gelé de la tombe pour distinguer le nom de mon grand frère.

— Dylan, expiré-je avec tristesse.

Depuis le remplacement de mon père, je ne suis pas passé dire « bonjour » à mon frère. J'avais pourtant l'habitude de lui compter ma vie, les moments que je passe avec son fils, une fois par semaine. Les semaines se sont enchaînées, le boulot s'est accumulé, le temps a passé à une vitesse folle. Le poignard, qui restait planté dans mon cœur, s'est retiré doucement à chaque fois que je voyais le sourire de Cassie. Ses gaffes, son humour, ses regards, ses joues qui rougissent quand j'osais lui susurrer quelques mots : tout chez elle me plaît. Cassie a été ma bouée de sauvetage sans le savoir. Un petit rire s'échappe à travers l'écharpe quand je pense à cette tête de mule.

— Cassie... Est-ce toi qui l'as placée sur mon chemin ?

Sa réponse ne parvient pas à mes oreilles, mais le chant du vent vient bousculer les mèches de mes cheveux comme pour me faire comprendre qu'il est là et qu'il prend soin de moi, même de là-haut.

— Tu sais que cette nana est à l'opposé de moi ? Elle est trop expressive, son rire mérite une amende pour excès de décibels, elle enchaîne les gaffes et les bêtises ; pourtant, on a l'impression que rien n'est grave. Elle vit à deux cents à l'heure et sautille de partout dès que la joie s'empare d'elle, dis-je en riant. Je l'ai croisée ici plusieurs fois après ton départ. Et dire que tu as rejoint notre meilleur ami, Sam. Il a dû se foutre de moi en me voyant patauger avec Cassie. C'était un dragueur né, moi pas. J'ai tenté de mettre une distance entre elle et moi quand je l'ai reconnue. Elle m'a insulté... Tu y crois ça ? Bon, d'accord, j'ai volé ses muffins, mais pour mon premier jour, je ne devais pas être en retard, je devais assurer, me défends-je énergiquement.

Je jette un œil à ma montre : Cassie est en route pour l'aéroport. Elle va fêter Noël en France, avec ses proches. Ma main pousse quelques mèches de cheveux en arrière.

— Tu sais ce qu'elle a fait ? Elle est venue s'asseoir sur mes genoux. Elle m'a pris pour le Père Noël.

Je rigole en repassant les images de ce face-à-face.

Il n'y a qu'elle qui peut faire un truc pareil sans aucune gêne.

— Tu me connais. Je te laisse deviner la tête que j'ai faite à ce moment-là. Je ne suis pas habitué à la familiarité sauf avec Maureen ou toi et pourtant, je l'ai laissée s'installer confortablement sur moi, retenant mon envie d'embrasser sa nuque, parce que cette nana m'obsède depuis qu'elle a disparu de ta tombe. J'avais envie de lui dire, mais je crois qu'elle m'aurait pris pour un fou... J'ai bu ses paroles, gravé dans ma tête sa liste point par point. Je devais réaliser toutes ses demandes, je devais trouver un moyen de la remercier pour ce qu'elle a fait.

Opération Noël ; Comment lui faire aimer cette fête ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant