Chapitre 9 - 5 raisons de se rendre au marché de Noël

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— Alors monsieur Anderson? Ça n'arrivera jamais ?

— Taisez-vous, Cassiopée.

Niveau prénom, on y est presque ! Encore un effort Grinch, un jour vous allez craquer.

J'étouffe un rire narquois dans mon foulard jaune moutarde pendant qu'il se cache derrière les chanteurs bien plus petits que lui. C'est assez drôle de le voir tenter de se fondre dans la masse musicale. Les chants de Noël résonnent parmi toutes les voix mélangées. Des barytons aux sopranos, des mezzos aux ténors : tous font vibrer leurs cordes vocales pour nous livrer un doux spectacle dans les rues.

« Raison n°1 : Les chorales ou la musique diffusée lors de votre virée entre les chalets sera très appréciable. Ce sont des chansons que l'on connaît tous par cœur, par conséquent, les souvenirs d'enfance rejaillissent et le bonheur se greffe sur vos lèvres. »

C'était ça, l'un des points sur ma liste : chanter des chansons de Noël. Mais alors jamais, je n'aurais imaginé me retrouver en mode sardine en plein cœur d'une foule chantante. Je suis plus que ravie. Je sautille et pleure, envahie par la joie du moment. Le pincement au cœur est agréable, pour une fois.

We wish you... Arrêtez de faire le timide et chantez avec nous.

— Hors de question. Je vous rappelle que nous sommes ici seulement, et bien seulement, parce que je ne voulais pas croiser nos collègues. Que penserait-il s'ils nous voyaient ensemble ?

— On pourrait simplement dire la vérité. Celle où Mister Grinch sert de cobaye à l'expérience démesurée de son cher Daddy!

Nous avons débarqué au marché à environ dix-neuf heures quarante. J'ai suivi la bonne odeur familière du fromage en reniflant comme un chien, dans les allées, et j'ai embarqué Connor en tirant la manche de sa veste pour le mener directement vers le chalet servant des spécialités françaises. Il m'a d'ailleurs fait une réflexion sur la mauvaise odeur de ce produit bien français. Après avoir payé ma tartiflette, j'ai piqué la fourchette en plastique rouge dans ma barquette et dégusté cette spécialité savoyarde que j'affectionne tant. Connor s'est bouché le nez comme un enfant et a fait de grands pas, sûrement pour mieux me semer parmi toutes les petites maisons de bois.

— Ouvrez la bouche, monsieur Anderson, et goûtez-moi ça ! lui ai-je ordonné en me plaçant devant lui.

— Non merci, mademoiselle Leroi. Je n'aime pas.

— Vous avez déjà testé ?

— Jamais...

— Et après, c'est moi qui me comporte comme une enfant ? Ma maman disait toujours « Comment sais-tu que tu n'aimes pas, si tu n'y as jamais goûté ? ».

Je l'ai interrogé du regard, laissant un blanc à la fin de la conversation. Toujours dans ma main, la fourchette est remplie de pommes de terre, de fromage, d'oignons et de lardons. Il a tendu son bras dans ma direction en acceptant de goûter à la spécialité française.

— Aaaaah ! Ouvrez-la bouche ! ai-je dit en souriant de toutes mes dents.

— N'abusez pas, mademoiselle Leroi ! m'a-t-il répondu avec colère quand j'ai approché la fourchette de ses lèvres.

Il a pris le couvert et a pioché dans le contenant d'un air dégoûté.

— Ne faites pas cette tête... Alors ?

— Pas si affreux que ça en a l'air.

« Raison n°2 : Vous pourrez déguster de bons petits plats de différentes origines. De la France au Québec, mais aussi tous les petits délices comme les churros, les têtes meringuées et tout ce qui est vin et chocolat chauds. »

Opération Noël ; Comment lui faire aimer cette fête ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant