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        Reina était réveillé depuis vingt-cinq minutes d'après son horloge. Elle n'avait cessé de penser à la soirée précédente, tiraillée entre un bonheur inapproprié et des regrets lancinants. D'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, elle avait désiré que Yeosang lui fasse l'amour. Mais c'était encore meilleur que tout ce qu'elle avait espéré. Ils étaient tous les deux incroyablement compatible.

Elle ressentait comme un accomplissement à la pensée de leur nuit débridée. Cependant, elle avait du mal à avaler les mots de Yeosang. Il disait l'avoir préparé à un tel moment. Et alors des souvenirs remontèrent. Comme elle trouvait étrange quand à leurs dix-sept ans, le coréen était soudainement devenu tactile. Il lui touchait de façon aérienne la taille plusieurs fois successives, il posait sa main sur sa cuisse quand tous les deux étaient côte à côte et la pressait avec une insistance calculé.

Il palpait son corps en observant avec une déconcertante concentration les réactions de la jeune noire. Chez lui ou chez elle, l'adolescent de l'époque ne manquait jamais une opportunité pour étendre ses découvertes sans rien faire d'autre que créer des doutes en elle. Reina n'avait jamais eu l'impression qu'il lui portait un autre intérêt que celui d'un grand frère, la rendant profondément malheureuse.

Il l'avait également rendue capable, avec ses actions incompréhensibles, de manipulations et de cruauté envers ses semblables pour l'avoir. Chaque fois qu'il lui donnait un peu, elle devenait automatiquement avide de mille fois plus et capable de tout pour l'obtenir. Et maintenant, il lui avouait sans scrupules avoir calculé son coup, l'avoir délibérément plongé dans le besoin. Le regret d'y avoir cédé fit couler quelques larmes sur ses joues pleines et légèrement douloureuses.

Elle ressentit des tiraillements dans son bas-ventre en descendant du matelas pour aller à la salle de bain attenante. Et ses derniers mots lui nouaient la gorge ; gorge marquée de bleus à l'extrême. Que voulait-il dire par faire un pacte ? Ce n'était pas comme si elle avait voulu cette nuit de sexe, c'était lui qui avait amené son corps à le vouloir en y pianotant avec maîtrise. Il l'avait manipulé et Reina commençait à comprendre que ce n'était pas la première fois.

Elle se sécha de sa douche chaude destinée à détendre ses muscles puis enfila un pyjama légèrement serré au niveau de ses larges hanches et ses fesses pleines, au niveau de sa minuscule poitrine et lâche autour de sa fine taille. Elle sortit de la pièce après avoir envoyé un message d'excuse au travail. Reina n'avait pas la force d'y aller pour l'instant.

Le ciel s'était abattu sur elle depuis la veille. La jeune noire se figea dans son couloir le cœur battant à tout rompre. Un mélange d'odeur de toutes les choses qu'elle aimait pour le petit déjeuner venait jusqu'à elle. Les jambes tremblantes, la jeune femme se força à avancer jusque dans la cuisine ouverte. Le coréen, habillé professionnellement disposait sur le comptoir de sa cuisine les derniers résultats de sa concoction.

- Qu'est-ce que tu fais encore ici ? demanda-t-elle tremblante de peur et de colère.

- Et toi ? fit-il nullement ébranlé. Pourquoi tu portes ça ? Tu veux que je te mange ou quoi ? ajouta-t-il la tête penchée sur le côté un air sérieux sur le visage.

- Non ! Je veux que tu me rendes mes clés et que tu partes.

- Tu vois, fit-il visiblement blessé en s'asseyant sur un de ses hauts tabourets, je n'aime pas quand tu me parles si méchamment. C'est très blessant pour moi quand tu es comme ça, ajouta-t-il abattu.

- Tu as vraiment beaucoup de toupet espèce de malade, dit-elle entre ses dents serrées.

- Je sais ce que tu vas me dire mais tu m'as tendu une perche petit oiseau. Comment aurais-je pu ne pas la saisir ?

- De quoi tu parles cette fois ?

- Tu n'as pas vu Seugmin et Jisoo venir derrière toi ce jour-là ? En plus, c'est toi qui m'as séduite. Quand tu as parlé de vivre ensemble ce jour-là, mon cœur et ma queue se sont instantanément gonflés de joie, déclara-t-il avec de la folie dans les yeux. Ta jolie petite bouche disait enfin ce que je voulais entendre depuis mes huit ans. Tu disais toujours quand on était petits qu'on se marierait en grandissant quand tu me déclarerais ta flamme.

- J'avais cinq ans Yeosang, déclara-t-elle sous le choc. Si tu avais des désirs tu n'avais qu'à les manifesté.

- Moi aussi petit oiseau, dit-il en haussant les épaules. Ce n'est pas pour ça que je ne savais pas ce qu'était une promesse. Tu m'as tenu en haleine toutes les années qui ont suivi. Je te tendais toutes sortes de perche mais tu étais trop occupée à regarder les autres. Je ne m'attendais pas à devoir te provoquer avec un quelconque type pour te pousser à le faire mais quand j'ai vu comme tu avais peur de Yeonjun, il m'a paru évident qu'il était l'outil parfait pour te pousser à tenir parole. Et puis, comme un miracle inespéré, tu as amené avec toi tous ceux avec qui tu m'as blessé.

La jeune femme l'observait sidérée et apeurée de ses révélations. Son regard se dilatait à mesure qu'il parlait et la jeune femme réalisait l'ampleur du traquenard dont elle avait été victime.

- Le seize juillet deux mille vingt-et-un, tu repoussais notre soirée film pour aller propager des ragots avec ses deux idiots. Le trente-et-un septembre tu déclinais mon invitation au parc d'attraction pour asseoir ton histoire dans les oreilles des proches amis de Yeonjun. Mais je t'épargne les détails. Comment crois-tu que je me suis senti quand tu m'as abandonné pour eux ? Tu m'as laissé tout seul.

- Tu avais Hongjoong !

- Et ils étaient tous là réunis au même endroit me donnant la merveilleuse opportunité de les éloigner complètement de mon bébé, poursuivit-il comme s'il ne l'avait pas entendu. J'aurais été idiot de ne pas t'arracher à eux. Tu m'as blessé si profondément en les choisissant plutôt que moi ses ordures. Et comme les imbéciles qu'ils sont, ils n'ont pas hésité à te tourner le dos, te blessant au passage. Tsk !

Reina serra ses deux mains jointes contre sa poitrine. Qui était donc Kang Yeosang ?

- Yeosang, dit-elle, tu as besoin d'aide.

Le coréen l'observa un long moment visiblement en proie à de profondes réflexions.

Il se leva ensuite, la faisant tressaillir pour avancer vers elle. Immobile, Reina le regarda effacé la distance de sécurité entre eux.

- J'ai seulement besoin de toi Reina. Je l'ai su dès que je t'ai vu à la rentrée de primaire dans ton petit uniforme. J'ai juste besoin que tu me regardes comme ce jour-là avec des yeux rêveurs avant de me faire un grand sourire. J'ai juste besoin que tu sois là, à portée de vue. Tout le reste n'a aucune importance à mes yeux.

Son regard profond dénotait d'une sincérité totale. C'était peut-être la première fois qu'elle pouvait lire les réels sentiments de Yeosang. C'était vertigineux et lourd même pour elle. Il y avait dans ses pupilles sombres, une adoration pure, un désir intense et une possessivité maladive.

- Et si je te raconte tout ceci c'est parce que comme je te l'ai dit hier, en me laissant te faire l'amour, tu as livré ta vie entre mes mains. Donc, pour te prouver ma bonne foi, j'ai décidé d'approuver ton transfert petit oiseau, dit-il enjouée. Mais approches-toi de Woon-wo et les conséquences retomberont sur ta tête, menaça-t-il sombrement.

Il se pencha ensuite pour embrasser les lèvres tremblotantes de la jeune noire avec douceur.

- J'ai reçu ta notification d'excuse, souffla-t-il du bout des lèvres. Manges ce que je t'ai préparé. Je ne rentrerai pas tard.

Elle resta encore longtemps debout après son départ, toujours sous le coup des dernières heures.

KangDere_[Mini-Book]Where stories live. Discover now