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J'ai fini par m'asseoir sur un banc, au milieu de nul part en pleurs. Je pleurais même pas pour Kessim mais à cause de la douleur. J'avais l'impression que j'allais mourrir.

J'ai appelé Riyad, c'était la seule qui me paraissait juste de faire...

Riyad - T'es pas en soirée toi ?

Moi - en pleurs (j'arrivais vraiment pas à parler)

Riyad - Qu'est-ce qu'il y a ?!

Moi - Riyad...

Riyad - MARIA DIS MOI QU'EST-CE QU'IL Y A ?!

Moi - J'AI TROP MAL RIYAD JE CROIS QUE JE VAIS MOURRIR...

Riyad - T'ES OÙ LÀ ?! POURQUOI T'ES PAS AVEC KESSIM ?!

J'arrivais même plus à parler, j'avais des crampes horribles.

J'allais plus tenir le coup.

C'était un peu comme la douleur de mes fausses couches mais en beaucoup plus fort. Je me retenais de crier de douleur. Au lieu de la crier, je la pleurais de toutes les larmes de mon corps.

Je vérifiais constamment que j'avais rien coulait de mon entre jambe. J'avais trop peur pour mon fils je vous jure, je croyais vraiment le perdre.

Je savais que Riyad avait ma localisation donc je pouvais juste éviter de parler.

Ni une ni deux, il m'a dit "reste au téléphone, j'arrive".

Il était à Marseille les filles, il y avait au moins deux heures de route. La route la plus rapide c'était une route à péage, la fameuse A54 qui était d'une heure cinquante.

Tout le long de l'appel, je pleurais. Je sais vraiment pas comment j'ai tenu jusque-là je vous jure. Il y avait personne autour de moi, personne n'était passé à côté de moi.

Lui, faisait que de me parler de temps en temps en mode "s'te plaît tiens bon, j'arrive", "attends moi".

Les filles j'étais bientôt à 6 mois pour vous donner une idée d'à quel point ma grossesse était avancée.

L'idée d'accoucher maintenant me terrifiait tellement.

Il devait bien rester 20 minutes de trajets à Riyad quand la plus grosse douleur s'est fait ressentir.

Je me suis retenue tellement fooooort de crier. Au début je priais Dieu pour que ça s'arrête mais là, je priais Dieu pour que ça revienne à la douleur de base. Elle me paraissait plus supportable.

Je commençais à respirer de plus en plus fort, tellement vite. J'ai vraiment vu ma vie défiler devant mes yeux.

Je repensais à mon père et là, les larmes de douleur physique se mélangeaient à celles de la douleurs mentale. Je m'en voulais tellement, j'avais l'impression d'être une fille ingrate de A à Z. Je me disais que si j'arrivais pas à me souvenir de lui alors que j'étais sur le point de rendre l'âme, c'est que j'allais jamais m'en souvenir.

Je savais qu'il était l'heure pour moi de chahad, ça y est, je pouvais plus m'en sortir à partir de là.

Soudain, j'ai commencé à sentir quelque chose couler dans mon entre jambe. Je portais une jupe blanche, c'est là que je vois le sang couler et s'imprégner sur mon vêtement.

Moi - en pleurs Riyad...

Riyad - Qu'est ce qui se passe Maria ? Parle moi ?

Moi - Riyad ça coule...

Riyad - Quoi ?? Qu'est-ce qui coule ??

Moi - Riyad... J'suis en train de perdre notre fils...

J'avais aucune force dans mon corps actuellement. Je me sentais vraiment partir. Tout ce que je disais c'était d'une petite voix toute tremblotante, toute faible.

Ce qui lui restait à faire en 20 minutes, il les a fait en 10.

J'ai appris plus tard qu'il s'était fait flashé pour l'excès de vitesse.

Quand je l'ai vu arriver, j'étais tellement reconnaissante de le voir rien qu'une dernière fois. Je savais que j'allais rendre l'âme, c'était trop tard maintenant.

Il s'est accroupie devant moi et a vu le sang qui était sur ma longue jupe blanche.

Il m'a prit par la main et a mit sa main sur ma joue. C'était la deuxième fois de ma vie que je le voyais avoir les larmes aux yeux.

Riyad - en me caressant la joue EH EH C'EST BON JE SUIS LÀ, T'AS VU. T'AS TENU PENDANT UNE HEURE ET DEMI, TU PEUX PAS ME LAISSER TOMBER MAINTENANT

Moi - en pleurs Je vais plus pouvoir tenir...

Riyad - Dis pas ça en versant une larme Je t'ai juré de pas t'abandonner c'est pas pour que toi tu m'abandonne maintenant

Moi - à bout de force Sauve moi Riyad... Je crois que je vais mourrir si je reste là...

Il a essuyé sa larme et m'a aidé jusqu'au bout pour que je marche jusque sa voiture.

J'étais en train de mourrir mais la seule chose qui me venais à l'esprit à ce moment là, c'était les tâches de sang que je laissais sur sa banquette arrière.

Par chance ou par miracle, on était à deux minutes en voiture d'un hôpital.

J'ai été reçue d'urgence et quand j'étais sur la chaise roulante. Je l'ai vu, toujours les larmes aux yeux. Sa phrase résonnera à jamais dans ma tête.

Riyad - S'te plaît tiens bon. Je t'aime w'Allah. Me laisse pas tomber maintenant.

Je sais qu'après, j'étais consciente mais je ne me souviens plus trop de ce qui a été fait. Tout ce que je savais c'est que je ressentais la douleur, l'écoulement dans mon entre jambe...

[...]


®️tiyaliyah

L'amour de ma vie ? - 2Where stories live. Discover now