En tête à tête avec un ange "La femme aux yeux de ciel"

CHAP 10 (P-I): Loin de la maison

"Voici ma part maître Balin... j'imagine que ça fera ?"

La jeune femme avait tendu trois pièces d'or au nain qui les collecta en la remerciant d'un hochement de tête. Celui-ci était décidément le plus raisonnable du groupe, avec le hobbit. C'était lui qui avait convaincu l'archer de les faire entrer en contrebande à Lacville et de leur fournir des armes. Évidemment, celui-ci n'avait pas été aisé, mais avec un bon argumentaire et une belle somme, le tour avait été joué.

Le voyage avait un peu duré, peut-être un jour et demi ? Mais, ce n'était pas grave, car les nains étaient guidés par quelque chose de plus grand qu'eux, ils résistent et Avelen avec eux. En remarquant qu'ils semblaient tous se tourner dans une direction, elle se leva et laissa un petit sourire éclairer son visage.

"Erebor Lâcha Thorin en inclinant légèrement la tête"

Si passer incognito fut un peu compliqué pour Avelen qui joua le rôle d'une villageoise, ce fut encore plus désagréable pour les pauvres nains qui se retrouvèrent enfermés sous des poissons dans les tonneaux récupérés par Barde. Enfin, ils durent utiliser les toilettes pour rentrer, mais heureusement, elles étaient étonnamment propres et les nains n'eurent pas à laisser leur honneur être plus atteint que cela. Évidemment, les enfants de l'archer, deux filles et un garçon, furent extrêmement surpris en voyant leur père revenir avec une jeune femme et treize nains.

"Sigrid, donne-leur une couverture et Baïn allume le feu Demanda Barde d'une voix un peu autoritaire"

Observant le manège, Avelen se demanda si elle avait bien fait de partir de Lasgalen. Après tout, elle y était restée pendant cinq ans et comme ces enfants avec leur ville natale, 'était le seul endroit qu'elle connaissait. C'était le seul endroit qui pouvait s'apparenter à un foyer. Elle aurait peut-être pu tenter de convaincre Thranduil une deuxième fois ? Lui montrer que les nains n'étaient pas que des êtres désagréables même s'ils avaient leur petit caractère... sauf qu'elle savait qu'il n'aurait jamais changé d'avis.

"Tenez ma Dame, c'est de la tisane et un bol de soupe"

Sortie de ses pensées, Avelen se tourna vers l'origine de la voix pour se retrouver face à un jeune garçon d'une quinzaine d'années, au visage curieux et aux cheveux bouclés.

"Baïn, je suppose ? Quel âge as-tu ?

- Dix-sept ans, dame...

- Avelen"

Il était donc un peu plus âgé que ce qu'elle avait cru, mais pour sa défense, les trois enfants étaient un peu maigres. Elle remarqua qu'il semblait curieux envers l'arme qu'elle portait sur le dos et esquissa un sourire. Elle n'avait vu aucun enfant ou jeune adulte à Lasgalen alors, elle ignorait comment interagir avec l'un d'entre eux. Cependant, elle reconnaissait la curiosité quand elle la voyait. Posant sa tasse de tisane, elle décrocha sa lance et la posa doucement sur la table.

Au fil des années, son maniement des armes s'était affiné et celles en sa possession s'étaient personnalisées. Celle-ci avait été faite spécialement sur mesure, plus lourde en son centre et légère aux extrémités. Elle était faite en un alliage de mithril et d'acier elfique, ce qui la rendait légère, sensible à la présence d'orques et gobelins et extrêmement résistante.

"Veux-tu la prendre en main ? Proposa Avelen en la tendant à Baïn elle est légère

- Je n'oserai pas, elle a l'air d'être très précieuse et... "

Malgré le refus du jeune humain, Avelen sentait qu'il n'avait qu'une envie, l'essayer. Elle le comprenait bien, car elle avait senti la même chose la première fois qu'elle avait vu l'arme. Celle-ci était argentée et incrustée de saphir, car si Thranduil aimait les choses efficaces, il avait aussi un petit côté extra. Baïn finit par accepter, sous l'œil inquiet et méfiant de son père et immédiatement la prit plutôt bien en main. Trouver l'équilibre et là où mettre sa force était très important quand on voulait manier la force et apparemment, cela lui venait assez naturellement. Avelen hocha donc la tête, approbatrice, ce qui encouragea le jeune homme qui fit quelques pas dans la pièce commune avec celle-ci en main.

"Qui vous l'a donnée ? Demanda Barde en observant son fils d'un air attentif

- Un... un ami"

Comprenant qu'elle ne répondrait pas réellement à sa question, l'archer hocha légèrement la tête. Même dans cette situation, Avelen ne pouvait pas s'empêcher de penser à Thranduil. Le seigneur elfe avait après tout une grande importance dans sa vie.

"Vous nous aviez promis des armes... Rappela Thorin où sont-elles ?"

Le nain leur avait permis de revenir à la réalité et rapidement, Baïn remit sa lance à Avelen qui la rattacha sur son dos, ne s'en séparant jamais pour des raisons évidentes. Elle n'avait pas payé pour les armes, en possédant déjà suffisamment et surtout n'ayant pas prévu de le faire alors, elle attendit, assise à la fenêtre en observant la ville. Celle-ci était certes poisseuse et pauvre, mais il y avait quelque chose de particulier qui s'en dégageait.

C'était comme si ses habitants savaient qu'ils devaient attendre et patienter jusqu'à des jours meilleurs. À trimer dans la fange, il y avait peu d'attrait alors c'était presque évident que quelque chose de plus grand les incitait à continuer. "Quelque chose de plus grand" songea la jeune femme en soupirant légèrement, plissant doucement les yeux alors qu'elle se demandait ce qui, la motivait-elle, réellement. Était-ce vraiment parce qu'elle comprenait la quête de ces nains ? Ou plutôt parce qu'elle voulait accomplir quelque chose de grand et être reconnue ?

"Je suis fier de vous" voilà des mots qu'elle ne se souvenait pas d'avoir entendu, mais qu'elle avait pu espérer venir de différentes personnes. Bien sûr, en tête de liste, il y avait Thranduil mais les chances étaient minces après ce qu'elle venait de faire. Ensuite, il y avait sûrement eu Lasbelin mais son décès y avait été coupé court. Ensuite, il y avait une personne d'autre qu'elle ne connaissait pas, mais dont la voix lui revenait parfois... une présence familière, la personne qui l'avait envoyée ici.

"Ce ne sont pas des armes ! Nous avons payé pour des armes ! Pas des outils !"

Un éclat de voix la fit se retourner et elle fronça les sourcils en voyant un Thorin agité face à un Barde de marbre. Il semblait qu'il y avait un problème avec les armes que l'archer voulait leur donner.

"Les seules véritables armes se trouvent à l'armurerie de la ville, personne n'y a accès sauf le Maître, ses adjoints et les gardes ! Rétorqua Barde qui n'aimait pas la tournure de l'échange

- Ou cet endroit se trouve-t-il ? Demanda Bifur avec une mine dangereuse

- C'est une très mauvaise idée... Souffla Barde"