En tête à tête avec un ange "La femme aux yeux de ciel"

CHAP 18 (P-II): Doubles couronnes

*

"Et puisse le lien entre nos peuples rester toujours aussi fort qu'en ce jour"

De là où elle se tenait, Avelen sentit un frisson la parcourir doucement. Thranduil récupéra la couronne du roi des nains et la posa délicatement sur sa tête avant de faire de même avec Barde. Elle avait proposé l'idée au lendemain de la bataille des cinq armées et par un hasard heureux, Gandalf l'avait entendue et avait appuyé son idée. Si elle ne doutait pas du fait que Thranduil lui faisait confiance, elle savait aussi que l'intervention de l'Istari avait grandement aidé à valider sa proposition.

"Le Roi Thorin sous la montagne, Proclama l'elfe de sa voix haute et forte et le Roi Barde de Dale"

Cela ne changeait rien au fait qu'il n'était pas un grand fan des nains, mais il avait reconnu la bravoure et la dignité de ce nain en particulier.

Les deux nouveaux monarques, l'un plus à l'aise que l'autre, s'avancèrent alors pour recevoir les applaudissements de la foule. Avelen avait encore le bras en écharpe alors, elle ne pouvait pas applaudir, mais son sourire en disait long sur ce qu'elle pensait à ce moment-là. Elle portait aussi une attelle à la jambe, toutefois celle-ci était dissimulée sous sa longue robe vert émeraude offerte par Barde. Celle-ci était plus lourdement ornée que les tenues qu'elle avait l'habitude de porte, néanmoins elle seyait parfaitement à l'occasion.

Son décolleté découvrait les épaules de la jeune femme sans trop révéler de sa poitrine. La robe était brodée de perles et d'émeraudes. Sa taille était ceinturée par une ceinture brodée de fils d'or et incrustée de diamants. Ainsi, malgré son bras handicapé, elle avait digne allure. Ses longs cheveux avaient été tressés et attachés en une simple couronne autour de sa tête agrémentée d'une tiare assortie au reste de la tenue. Comme c'était encore l'hiver, elle avait les épaules recouvertes d'une cape en fourrure du même vert que la robe. Il fallait concéder qu'elle était très belle.

"Dame Avelen, j'ai appris que vous avez eu une malheureuse rencontre"

La jeune femme hocha la tête alors que Thorin, qui était descendu avec Barde pour saluer la foule, lui adressait la parole. Même s'ils étaient, d'une certaine manière, amis, elle préférait ne pas être trop familière en public.

"J'ai eu la malchance de croiser la route de Bolg qui a pensé pouvoir avoir raison de moi, en effet,

- J'imagine qu'il l'a amèrement regretté Lança le nain d'une voix claire

- Je le pense aussi, je l'ai tué, veuillez m'excuser d'avoir pris cette vengeance pour vous, mais j'ai ouï dire que son scélérat de père a connu le même sort"

Le sourire de Thorin aurait presque pu faire peur tant il était satisfait, mais Avelen le comprenait. Elle avait compris ce qui le poussait à vouloir tuer Smaug et maintenant, elle comprenait aussi sa haine des orcs. Une haine qu'elle ne pouvait qu'encourager à ce moment-là.

"Vous avez rendu de grands services à mon peuple, je voudrais vous remercier

- Ce n'est pas nécessaire, roi Thorin Voulu refuser la jeune femme avec un sourire poli, votre amitié envers moi et les royaumes des forêts et de Dale me suffit amplement

- Est-ce la récompense que vous désirez ?

- Eh bien si vous me demandez d'en choisir une alors oui"

Le nain hocha silencieusement la tête et tourna celle-ci pour qu'on l'entende distinctement. De toute manière, autant les Hommes que les elfes que les nains prêtaient une grande attention à l'échange.

"Écoutez-moi tous ! Dame Avelen nous a rendu de grands services et le dernier n'est pas des moindres, car elle nous a offert la tête de Bolg, rejeton d'Azog sur un plateau ! Lui qui voulait la descendance de Durin éteinte s'est vue retourner la faveur ! La voix du nain portrait haut et fort malgré sa taille modeste pour cette raison, elle sera et doit toujours être une amie de notre peuple, mes frères et mes sœurs, portez partout la parole que dame Avelen et tout ceux qui ont son affection seront toujours bien accueillis dans tout les royaumes nains à travers la Terre du milieu, et cela, jusqu'à la fin des temps !"

*

Une fête devait bien sûr suivre et elle fut somptueuse. Organisée dans les halls d'Erebor au beau milieu des gigantesques piles d'or et de pierres précieuses que l'ancêtre de Thorin avait pu amasser. On y joua de la musique, en l'honneur de ceux tombés, de ceux qui vivaient encore, et surtout des deux rois récemment couronnés.

"Cet endroit est toujours aussi impressionnant"

Avelen se tourna pour voir Thranduil lui tendre une coupe de vin et à ses côtés Legolas qui souriait d'un air amusé.

"Je croyais que vous n'aviez pas que des bons souvenirs ici Ada Murmura malicieusement l'ellon

- C'est vrai Concéda le souverain en détournant un peu les yeux mais la beauté ne connaît pas ces conceptions et elle reste, peu importe qu'elle soit liée à de la douleur ou de la joie

- Vous vous sentez d'humeur poète ce soir Aran nîn? Demanda Avelen avec la même malice que Legolas

- Et vous deux semblez avoir décidé de vous en prendre à moi ! Râla l'elfe à voix basse, où est le petit Arran d'ailleurs ? Avez-vous déjà décidé de vous en défaire ?"

Avelen lui aurait bien tiré la langue mais elle était trop vieille pour cela.

"Il est trop tard pour un enfant de son âge, il dort, d'ailleurs, je dois y aller, je vais voir si tout va bien, je ne voudrais pas qu'il se réveille et qu'il ait peur"

La jeune femme bu son verre et le reposa sur une table alors que Thranduil paraissait perdu dans ses pensées. En l'entendant parler ainsi du petit garçon ainsi, il avait senti comme son cœur battre plus vite et se serrer à la fois. Parlerait-elle ainsi s'ils avaient eu des enfants ensemble ? L'elfe se gifla mentalement alors qu'il réalisait ce qu'il pensait alors. Il devait être fatigué pour songer à de telles absurdités.

"Je vais vous accompagner, vous ne pouvez pas rentrer seule à Dale en pleine nuit"

Ce n'était pas une question et d'ailleurs Avelen n'eut pas le temps de répondre qu'ils étaient déjà sur le cerf de l'elfe. Ils arrivèrent à Dale quelques minutes plus tard. Thranduil l'aida délicatement à descendre et l'accompagna jusqu'à sa tente ou la jeune femme avait installé le petit Arran. Et, celui-ci était, en effet, réveillé. Il était prostré dans son lit, sans dire un seul mot. Thranduil s'assied dans un coin de la pièce, ne voulant pas intervenir si sa présence était malvenue mais ne voulant pas laisser Avelen dans une situation compliquée.

"Arran ? Est-ce que tout va bien ? Puis-je m'approcher ? La confirmation reçue elle caressa ses cheveux tu dois dormir, il est tard, viens, je vais rester auprès de toi jusqu'à ce que tu t'endormes"

Elle laissa le petit garçon se glisser sous les couvertures et récupéra sa harpe. Alors qu'elle laissait les premières notes s'échapper, sa voix s'éleva doucement. Thranduil reconnut immédiatement le poème alors qu'un fort sentiment de nostalgie l'envahissait. Elle s'en souvenait donc bien et même alors qu'elle jouait à une main, la musique était parfaite. Menant rapidement l'enfant dans un sommeil réparateur et calme.