Chapitre 14

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 Ils étaient seuls dans la gare. Aucune âme n'avait encore traversé le portail. Après tout, cela ne faisait que quelques heures que le train était reparti.

Marie s'était enfermée dans sa chambre. Elle avait besoin de réfléchir.

Au bout d'un moment, Nils vint toquer à sa porte.

— Marie, sors de là s'il te plait... Il faut qu'on parle, tu ne vas pas rester là indéfiniment...

Tu vas voir si je ne peux pas rester là. Elle ne répondit rien et l'entendit soupirer derrière la porte avant de s'éloigner. Elle n'arrivait pas à se résoudre à le confronter. Même si elle était heureuse qu'il soit là, qu'elle n'ait plus à être seule, elle savait pertinemment qu'il allait disparaitre. Et cela lui briserait bien plus le coeur que de ne pas savoir où il était. Peut-être que si elle ne le voyait pas, ce serait plus facile de supporter sa disparition. Peut-être qu'elle arriverait à tirer un trait sur ses sentiments et supporter sa perte.

Elle laissa échapper un petit rire sans joie. Elle se berçait d'illusions. Cela faisait si longtemps qu'il avait une place spéciale dans son coeur, rien ne pourrait changer ça.

Après un long débat intérieur, elle se décida donc à se lever et à aller le confronter. Elle ouvrit la porte et le trouva assis sur une chaise de la cuisine. Il se tourna vers elle quand il l'entendit.

— Je suis désolée, j'aurais pas dû te gifler.

Marie alla s'installer sur une chaise sans le regarder. Elle était furieuse, terrifiée, heureuse et n'avait aucune idée de comment lui faire comprendre tout ça. Elle avait l'impression qu'il ne prenait pas la situation au sérieux. Elle attrapa la carafe sur la table et se servit de l'eau dans un verre qui trainait. Elle le but d'une traite.

Nils attendit patiemment qu'elle repose son verre pour parler à son tour.

— Moi aussi. Je sais que c'était débile de rester là mais je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre... J'ai vraiment aucune chance de pouvoir aider les filles tout seul. Je ne suis qu'une âme.

Marie prit le temps de réfléchir à ce qu'il disait, elle ne voulait pas s'énerver et créer une dispute pour rien. Ce n'était pas ça qui allait le faire miraculeusement embarquer dans un train.

— Je ne sais pas ce que tu attends de moi mais, honnêtement, je ne pense pas pouvoir faire quoique ce soit. J'arrive à peine à tenir cette gare seule...

Un silence s'installa. L'inquiétude de Marie ressurgit et se transforma rapidement en colère. Elle lui adressa un regard qu'elle espérait noir.

— C'était vraiment stupide ce que tu as fait. Même si je pouvais t'aider, ça fait si longtemps que vous êtes partis. Comment tu peux savoir si elles vont bien ? Ou si elles ont encore besoin d'aide ? Connaissant Virginia, elle aura trouvé une solution rapidement.

— Tu crois que je ne voulais pas les aider ? Tu crois que c'était facile de les abandonner comme ça ? C'est ma soeur bordel ! J'avais pas le choix ! C'était soit se faire prendre avec elles, soit toutes vous abandonner en disparaissant dans l'Après, soit essayer de te retrouver ! Mais oui t'as raison, j'aurais du t'abandonner aussi après t'avoir retrouvé !

— Mais tu vas disparaitre ! Tu vas quand même m'abandonner au final ! Sauf que là je serai obligée de regarder !

Des larmes commencèrent à couler lentement sur ses joues. Sa colère s'effaça devant sa détresse grandissante.

Le Dernier arrêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant