Épilogue

8 2 1
                                    

 Le train redémarra dans un frémissement mécanique, Marie et Virginia le regardèrent partir depuis le quai. La plus petite tourna la tête vers la grosse horloge. Un cycle venait de se terminer et un autre recommençait. Combien fallait-il encore en faire pour pouvoir partir ? Aucune idée. Les deux filles avaient bien essayé de mesurer le temps qui passait mais les jours se ressemblaient tous et elles n'avaient pas vraiment de moyen de savoir le nombre exact de cycle lunaire à effectuer. De toute façon, le temps évoluait différemment aux divers endroits de ce monde. Était-ce deux années dans la gare, deux années dans l'Après, deux années dans ce champs infini ?

Elles avaient alors abandonné l'idée de mesurer le temps et espéraient simplement que quelqu'un ou quelque chose leur indiquerait la fin de leur labeur.

Virginia soupira et alla s'installer sur un banc en bordure de quai pour observer la lune terminer sa descente, bientôt remplacée dans le ciel par le soleil.

— Tu crois qu'il nous en reste beaucoup à faire ? dit-elle d'un ton las.

Marie remporta son attention sur elle avant de la rejoindre pour observer les dernières étoiles avec elle. Elles avaient pensé à la même chose... ce qui n'était pas bien surprenant puisque c'était leur sujet de conversation numéro un ces derniers temps.

— J'espère que non...

Ni l'une ni l'autre n'osa ajouter quoi que ce soit. La gare était tranquille. Un véritable silence planait. C'était agréable. Il n'y avait qu'à ce moment qu'elles pouvaient pleinement profiter de cette sérénité. Le reste du temps, la présence morne des âmes planait sur la gare comme un voile triste et gâchait cette tranquillité.

Marie se surpris à penser qu'elle aurait voulu profiter de ce moment avec Nils et Johanna. Ils lui manquaient tellement. Elle réprima un soupire et s'imprégna de ce doux moment. Jusqu'au moment où le portail s'illumina dans leur dos, indiquant l'arrivée de la première âme d'une longue série. En voyant les reflets bleutés autour d'elles, Marie ne put retenir son soupire irrité et Virginia pesta. Elles se levèrent d'une même énergie morose, peu enjouées à l'idée de reprendre leur travail après une si courte pause.

Mais cette fois, ce n'était pas une âme qui avait traversé et les observait depuis le pas du portail.

— C'est Rigel ou j'hallucine ?! s'exclama Virginia.

La silhouette blanche et élancée se contenta de leur sourire alors qu'elles se dépêchaient de læ rejoindre.

— Dites-moi que vous êtes venu nous chercher parce que sinon je vous étouffe, lâcha Virginia.

— Et pour quelle autre raison serais-je ici ? répliqua Rigel, ignorant la seconde partie.

— Il aurait pu y avoir un problème, imagina Marie. Ou on aurait pu faire une bêtise, une âme aurait pu traverser alors qu'elle n'aurait pas dû, quelque chose aurait pu exploser, ça aurait pu être la fin du monde, qu...

— Je suis là pour la fin de votre contrat, la coupa Rigel en fronçant les sourcils d'agacement.

Visiblement iel avait plus d'émotions que ce qu'iel leur avait dit la dernière fois. Marie lui sourit innocemment, fière de son effet. C'était ennuyeux de n'avoir que Virginia à embêter.

Le Dernier arrêtDonde viven las historias. Descúbrelo ahora