Tu ne sais pas ce que c'est de souffrir, gamin.

46 6 2
                                    

Oui, ce texte était adressé à quelqu'un, même si je ne lui ai jamais lu. 

Mais je voulais vous le partager. Pour toutes celles d'entre vous qui sont passé par là. Pour toutes celles d'entre vous qui ont goûté l'enfer... effleuré les braises. 

Pour celles qui en reviennent, souvenez-vous. Souvenez vous que vous êtes passées par là, il y a plus ou moins longtemps, et que cela devrait être une vraie fierté. Rendez-vous compte de cette force que vous avez eu ? De cette détermination ? De ce mérite qui couronne à présent votre tête ? 

Pour celles qui le vivent à présent... Courage. Heads up. Relevez le menton. Cette mise à l'épreuve... Elle est là pour une raison, c'est parce que vous avez une sensibilité particulière qui vous amène à ressentir davantage, ou à ressentir différemment. Cette sensibilité particulière... Elle souffre d'être invisible. Elle souffre de ne pas être reconnue. Mais elle vous pousse à aller au-delà. A chercher plus loin. Plus haut. Plus profond. Elle vous pousse à lire, à écrire, à dessiner, à créer, à danser, à courir. Elle vous pousse à devenir des personnes uniques, inspirantes, que jamais ceux qui ne sont pas passé par ces douloureux instants ne pourront être. Je sais les reconnaître, ceux qui ont été marqué par des moments de douleur. Ceux qui ont voulu tout détruire pour tout reconstruire. Ils possèdent tous une force intérieure, une détermination, une vision du monde, une créativité, une sensibilité hors du commun. 

Je vous le dis, parce que j'aurais aimé qu'on me le dise. 

Je vous partage ce texte, parce que j'aurais aimé, lorsque je vivais ça, voir que je n'étais pas la seule, et voir qu'une autre fille a vécu, elle aussi, la même chose, et en a fait sa force. Sa différence. Sa raison d'avancer. 

Je vous partage ce texte, pour que vous vous le recitiez en silence lorsque quelqu'un vous manque de respect par son immaturité, son manque d'expérience ou sa candeur. 

Je comprends... Tu n'es encore qu'un enfant. Tu n'as pas vécu les peines qui brisent et les épreuves qui broient. Tu ne t'es jamais endormi l'oreiller trempé de larmes, tu n'as jamais marché en ayant la sensation que le vent froid te passait au travers. Tu n'as jamais serré les dents jusqu'à ce qu'elles grincent pour ravaler ta peine, ou passer tes journées à espérer qu'une chose, pouvoir être de retour dans ta chambre pour être seul. Loin des regards. Loin du monde. Tu n'as jamais eu à chercher dans les livres une raison d'être, et à garder des mots prêts de ton cœur pour le réchauffer avec un peu sens. Tu ne t'es pas noyé dans des mondes imaginaires pour fuir ta médiocrité, t'imaginant brandissant une épée ou levant une armée. Tu n'as jamais désiré plus que tout être quelqu'un d'autre ; tu n'as jamais sentis l'insupportable brûlure de ne pas être vu. De ne pas être compris. Tu n'as jamais pris de douche à répétition pour essayer en vain de te laver du mépris, de l'indifférence, de la superficialité de ceux qui t'entouraient. Tu n'as pas connu la haine de soi et le dégoût de tout. La réalité ne t'a jamais donné la nausée, ne t'as jamais révolté, ne t'as jamais donné envie de mettre un poing dans le mur pour tout briser, tout renverser. Tu n'as jamais eu à trouver dans les plis des livres, dans l'éclat des grandes idées, entre les lignes des poèmes, un fragment de lumière pour illuminer le sombre quotidien. Tu n'as jamais eu à te battre chaque jour contre toi-même et contre le monde, à subir ses coups de poing, de pied, de dent. Tu n'as jamais été projeté au sol, encore et encore. Tu n'as jamais eu à devoir rassembler toutes tes forces pour te relever, te remettre debout, et recommencer à combattre. Tu n'as jamais connu le doute de te demander si tu y arriverais, si un jour, tout cela changerait, ou si tu étais assigné à vie à devoir subir cette médiocrité. Tu n'as jamais pleuré en te regardant dans le miroir. Tu n'as jamais emplit des carnets entier de descriptions de qui tu aimerais être, de comment tu souhaiterais être perçu, et de comment y parvenir... Tu n'y as jamais noté toutes tes faiblesses, toutes tes erreurs, tout tes doutes et tes peurs. Tu n'as jamais voulu t'échapper de tout ce qui pouvait te retenir, tu n'as jamais voulu fuir de tout ce monde qui croit te connaître et t'enferme dans son jugement.

Tu n'as jamais triomphé de toutes ces épreuves.

Tu ne sais pas ce que c'est que de souffrir, gamin.

Tu n'as aucune idée de ce que tu vaux. 

Lorsque j'ai créé Cathleen... C'était avant tout pour explorer une idée qui m'étais très chère. 

Comment transformer sa souffrance en force ? 

C'est la question que je vous pose ce soir. Et elle devrait vous occuper un moment... 

Sweet Dreams, dreamers and warriors... 

 

Ups! Tento obrázek porušuje naše pokyny k obsahu. Před publikováním ho, prosím, buď odstraň, nebo nahraď jiným.
Journal d'une rêveuse féroceKde žijí příběhy. Začni objevovat