Chapitre 4

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- « Alors ? Tu le trouves comment ?, s'écria Romy, visiblement excitée. »

Au moins, la question avait le mérite d'être directe. Être franc était une des qualités principales de Romy. Là où d'autres personnes auraient constaté une situation pendant des heures, elle l'aurait résumée en une phrase.

A peine nous étions nous éloignées de la place où nous avions réussi à nous garer - après d'interminables et fastidieuses recherches – qu'elle avait subitement retrouvé son sourire espiègle et coquin de toujours. Et qu'elle avait posé cette maudite question, tranchante et... sans précédent.

Comment je le trouvais ? Il fallait choisir les mots justes pour adhérer à son choix – ce que je faisais sans problème – sans pour autant avouer que j'avais clairement le béguin pour son mec. Non pas que je ne me voile la face, mais ce sont des choses qui ne se disent tout simplement pas !

- « Eh bien, il est plutôt bien foutu ; sympa physiquement quoi !, dis-je timidement. »

J'ai rapidement compris que j'avais fait une grosse - que dis-je, énorme – bêtise. Ce qui est formidable avec Romy, c'est que l'on peut facilement analyser nos propres propos... à la vue de son visage.

Elle abordait maintenant un visage figé, les yeux ronds grands ouverts, un visage qui ne présageait rien de bon, un visage qui précédait habituellement des...

- « HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !, s'exclama t'elle. »

...éclats de rire. SES éclats de rire !

Romy possédait un rire fort et déployé. Tous ses proches lui connaissaient ce point faible, de telle sorte que nous évitions, sans cesse, de la faire rire. Et si, par malchance, le fait venait à se produire, nous nous barricadions, nous fuyions le foyer du séisme – car, dans ses moments-là, on pouvait dire que Romy était une vraie catastrophe naturelle – afin que ces aboiements ne nous soient pas associés, à tort ! Mais sur le parking de l'université, rempli de voitures mais heureusement désert d'une quelconque âme vagabonde, rien ne pouvait me sauver. Alors, je suis restée là, à attendre patiemment qu'elle reprenne ses esprits.

Il fallut à Romy cinq bonnes minutes pour se reprendre. Et me reposer sa question - définitivement maudite – avec une nuance cependant :

- « Je voulais dire : Comment tu trouves son caractère ? Gentil, adorable, calme, charismatique ?, lâcha t'elle, entre deux rires. »

Ok ! C'est clair, j'étais complétement à côté de plaque ! Tâchons de me rattraper !

- « Euh... Romy, tu sais bien que je ne suis pas bonne pour décrire les gens, tentais-je, alarmée. »

C'était une piètre excuse et Romy n'allait sûrement pas passer à côté. Effectivement :

- « Foutaise ! Tu passes le plus clair de ton temps à analyser les gens sous toutes leurs coutures. Je te rappelle quand même que tu fais des études de psycho ! »

Elle n'avait pas tort. Elle avait même complétement raison. J'adorais fouiner - pas sur – mais dans les gens. Non pas que je sois psychopathe – juste un peu – mais ça me passionnait. Alors, quand, arrivée à l'université, on m'avait demandé dans quelle branche je voulais m'orienter, j'avais choisi sans hésiter la psycho. Romy, quant à elle, avait préféré se pencher sur les sciences qui la passionnaient depuis que nous étions petites. Nous avions finalement choisi l'université la plus proche de chez nous, une nouvelle qui avait ravi ma mère, souhaitant que je reste habiter dans la maison familiale le plus longtemps possible ! Ce n'était cependant pas dans mes intentions et je comptais bien partir une fois mes études terminées.

- « Oui, il a l'air gentil. Il a l'air un peu timide, aussi, tentais-je, maladroitement. »

Romy me fait la moue. Et voilà ! J'ai refait une connerie ! Elle s'attendait à mieux. C'est clair que pour une future psy, définir quelqu'un simplement par l'adjectif « gentil », ça la marque mal ! Alors, j'essaie vainement de me rattraper :

- « Oui, on peut dire aussi qu'il est charismatique. »

Le visage de Romy s'éclaire soudainement, signe qu'elle approuve – enfin- ce que j'ai dit. Mais c'est à moi, maintenant de lui poser des questions :

- « Romy, tu m'avais promis que tu me raconterais tout lorsqu'on serait enfin face à face. Alors je t'écoute : dévoile-moi le grand secret de votre rencontre, lui dis-je, fière de devenir maître de la discussion. »

Elle me regarda, un sourire en coin. Ses yeux trahissaient un éternel bonheur, une éternelle fierté. Elle prit une lente respiration qui m'annonçait qu'elle allait se lancer et tout me raconter. Enfin !

- « Est-ce que tu te rappelles de la période où je faisais du patin ?, me demanda t'elle. »

Je hochais la tête.

- « Un jour, comme les autres, je me rendais à mon entraînement de patinage. Tout s'est déroulé comme d'habitude. On a pu monter la chorégraphie, comme elle devait être montée. Bref, une journée totalement normale. Et puis, je n'avais pas mon permis à l'époque, et du coup, maman était venu me chercher pour qu'on puisse rentrer à la maison. Mais en sortant du parking, une autre voiture nous a percutées. Normalement, tout ça, tu es déjà au courant, je t'avais déjà tout raconté. »

J'acquiesçais. Effectivement, cet événement ne m'était pas inconnu. Mais quel était le rapport avec Ugo ?

- « Dans cette voiture, il y avait le père d'Ugo... et Ugo. Et je te laisse imaginer la suite. Pendant que nos parents faisaient un constat, rien de très extraordinaire à ça, Ugo et moi étions assis sur la chaussée et on parlait de tout et de rien. On a fini par échanger nos numéros et depuis, il ne s'est pas passé un jour sans qu'on se parle..., me déclara t'elle, finalement. Et maintenant, je vais me marier avec lui. »

Elle avait prononcé cette dernière phrase tellement symboliquement que je me demandais si elle ne l'avait pas répétée cent fois devant le miroir avant de me l'annoncer. Elle était heureuse et épanouie. Elle versa une petite larme de joie.

On aurait dit un conte de fée. Une histoire lue dans un de ses romans favoris dont elle adorait me parler et dont elle avait appris un extrait par cœur.

J'aimerais tellement vivre une aussi belle histoire, avec mon prince charmant. Et Ugo arrivait sur la liste en numéro 1.

Lemon Zest Love [EN PAUSE]Where stories live. Discover now