Chapitre 7

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Je tentais vainement de fermer la valise rose, aux motifs coquelicot avec laquelle j'avais voyagé depuis mes 6 ans. Elle m'avait été offerte lors de mes premières grandes vacances à l'étranger, en France – un pays que j'avais d'ailleurs adoré – par ...

- « Merde ! La valise de tante Tatalia, m'écriai-je, à moi-même. »

Je restais alors là, muette, devant le cadeau que m'avait fait ma traître de tante et repensais alors aux derniers événements de cette dernière semaine.

Tante Tatalia était ma seule tante, papa n'ayant que trois frères. Lorsque j'étais petite et que je vivais péniblement les disputes incessantes de mes deux parents, elle avait toujours été là pour m'aider. Puisque je n'avais pas d'amis, elle était ma confidente. Puisque je n'avais pas d'amis, elle jouait avec moi, lors des repas de famille. Elle me faisait rire. Elle avait sûrement été jusque-là la personne avec qui je m'entendais le mieux et avec laquelle je me sentais le plus à l'aise.

Tante Tatalia était douce. Elle me couvrait de cadeaux à Noël et à mon anniversaire, ou aux grands évènements. Ce voyage en France avait été organisé par une association aidant les enfants de quartier. Ma mère nous avait inscrits, mon frère et moi, pour une toute petite somme. Le voyage sur l'autre continent nous avait beaucoup excités. Les nombreuses et captivantes sorties n'avaient rendu le voyage que plus agréable. Mais la veille du départ, CATASTROPHE. Nous n'avions qu'une valise pour deux. Et celle-ci étant minuscule n'aurait jamais pu contenir toutes les affaires de mon frère et moi. Alors, comme à notre habitude, nous avions appelé tante Tatalia à la rescousse. Celle-ci avait d'abord proposé de nous prêter sa valise « rose aux motifs coquelicot ». Mais en voyant que celle-ci me plaisait énormément, elle avait décidé de me l'offrir. Et voilà comment j'ai acquis cette valise qui ne me rappelle aujourd'hui que des mauvais souvenirs.

Il avait fallu que je rentre juste 1 heure plus tôt de cette foutue sortie à Pudential Center pour que ma vie s'écroule. Rien qu'une toute petite heure...

C'est alors que j'entendis ma mère m'appeler de la pièce voisine. Elle avait beaucoup pleuré ces derniers temps. Beaucoup parlé aussi, notamment avec mon père. Des mots qui cherchaient à comprendre. Des mots qui n'avaient servi à rien... Ça finissait toujours pareil : encore et encore des pleurs : toujours des pleurs, des plaintes, des accusations. Et puis tout le monde se taisait. On écoutait le silence. On réfléchissait chacun, aux opposés de la maison, à notre vie, à nos acquis et on faisait un point sur nous-même. Mais c'est en pensant trop que les maux ressurgissent. Et ça repartait !

En jetant un dernier regard à ma chambre, avant de rejoindre ma mère, traînant ma valise lourde derrière moi - la rose : tant pis, je n'avais plus le temps de la changer - j'aperçus mon reflet dans le petit miroir circulaire accroché aux murs miteux de ma chambre. D'énormes cernes pendaient sous mes paupières, rendant mon visage lourd. C'est à peine si je parvenais à garder mes yeux ouverts. Mes cheveux, gras et emmêlés, formaient de grosses boules de nœuds sur tout mon crâne, me faisant ressembler à une sorcière.

Ça faisait peine à voir. Il fallait bien le dire : j'étais laide !

*

Je peinais à faire rentrer ma valise dans le coffre de notre toute petite voiture. Mon frère n'avait pas pu s'empêcher d'emporter tout son équipement de jeu-vidéo et la voiture était maintenant devenue un sanctuaire de gamer.

Soudain, je sens contre moi un contact chaud et je vois un bras poilu attraper la hanse de ma valise et ainsi de me soulager du poids de cette énorme chose. Un bras sauveur aux poils roux ! Mon cœur ne fait qu'un quart de tour et je commence à entrer en transe. Et Dieu sait qu'une seule personne ne peut me mettre dans cet état. Doucement, je me retourne pour affronter le regard de... mon père. CE N'EST RIEN QUE MON PERE !

Lemon Zest Love [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant