Chapitre 2

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Pensif, je pris la décision de rentrer à pieds après avoir pris congé du jeune couple. IL m'avait ignoré... snobé... J'étais devenu en l'espace de quelques secondes un fantôme, une ombre, un spectre sans importance...
Je pouvais comprendre qu'il ne montre pas son affection en public, même si je l'avoue parfois cela me manquait. À la vue d'autres couples dans la rue se serrant la main, s'embrassant, se regardant avec ce regard plein d'amour je ressentais souvent un pincement au cœur. Mais je prenais sur moi et acceptais ma situation... Tout n'était pas tout noir!
Cependant, je ne pensais pas qu'il irait jusqu'au point d'ignorer mon existence. Je me figurais qu'il me présenterait comme un ami ou un ex-camarade de classe lorsque la situation se présenterait. Il avait préféré ne pas me présenter du tout....

Devant la porte de mon appartement, je sortis les clés. J'allumai la lumière et constatai l'absence de mon compagnon. Fatigué et la tête pleine d'interrogations et de doutes, je me décidai à ne pas l'attendre. Surtout qu'il n'était même pas garantie qu'il rentrerait ce soir... En effet, il naviguait entre 3 maisons: notre appart, un appart "officiel" qui lui servait lors des visites de ses proches, ses collègues etc, et enfin la maison de sa mère.

Cela peut paraître étrange mais Loukas était très proche de sa mère voir trop... Celle-ci, à la mort de son mari avait réussi à prendre les choses en main. Elle s'était battue pour payer les études de son fils et qu'il possède ce dont il avait besoin. Elle estimait énormément Loukas et attendait de grandes choses de ce dernier.

Lorsque adulte, il avait du aménager un appartement personnel, ne souhaitant pas laisser sa mère seul, il avait pris la décision de garder sa chambre, de parfois y dormir et surtout de passer plus d'un tiers de ses jours de congés avec cette dernière. Cela ne m'aurait pas gêner dans d'autres circonstances mais pas dans celle-là...

Pour des raisons que j'ai du mal à comprendre Loukas refusait de me présenter comme compagnon et non content de cette situation, il m'interdisait de m'approcher de sa mère. Je la voyais souvent de loin lorsqu'elle se rendait à l'appartement de son fils situé en dans la rue en contrebas du mien (notre quand Monsieur le souhaitait). Je ne lui avais parlé qu'une fois.
2 mois après le début de notre relation, Loukas m'avait invité puis introduit comme ami proche. Cela ne m'avait pas perturbé, incorporer une personne dans leur couple mère-fils n'était pas chose simple, mais un homme en plus! Persuadé qu'avec le temps il parviendrait à me présenter correctement... Sauf qu'il fallait que je vois la vérité en face. Non seulement après 10 ans de relation rien n'avait changé mais en plus j'avais l'impression que rien ne changerait...
10 ans, c'est long... Et cela commençait à faire de plus en plus mal et à m'épuiser. Le poids sur mes épaules s'alourdissait de jour en jour...
Sur ses pensées négatives et déprimantes, le sommeil vint me chercher, seul sous mes draps froids.

Un juron m'éveilla. Ouvrant les yeux, je vis mon âme sœur debout à cloche-pied serrant avec sa main droite son pied gauche. J'en déduisis avec un malin petit plaisir sadique et vengeur qu'il s'était battu contre le bord du lit et que celui-ci avait gagné. Puis en réalisant qu'il cherchait ses vêtements dans notre chambre presque entièrement noire pour ne pas me réveiller, je regrettai mon mouvement d'humeur et l'observai avant de prendre la parole:

"- Salut mon coeur! Ça va?

N'y voyez aucune ironie...

- Hello. Oui oui ça va merci...

Jetant un coup d'œil au réveil, je sourcillais:

- Il est tôt. T'es en congé aujourd'hui non?
- Oui, mais j'ai quelque chose de prévu ce matin.
- Chose qui t'oblige à te lever à 9h?

Il acquiesça. Il passait de plus en plus de congé avec sa mère, et par la même occasion de moins en moins avec moi. Continuant à l'observer, je notais l'étrangeté dans son choix vestimentaire.
Quand il travaillait, il portait invariablement un pantalon en jean droit, noir ainsi qu'un blazer de la même couleur et près du corps. Une chemise blanche, noir ou bordeaux complétait ce look classique et sobre plutôt chic.
À la maison ou pendant ses congés, il portait son choix sur des jeans de bonne facture de couleurs diverses et d'une coupe parfaite puis complétait ce style décontracté avec des T-shirts colorés designs avec des inscriptions, des polos du même acabit ou bien alors des sweats humoristiques ou simples.
Vous comprendrez donc mon étonnement lorsqu'il sortit de l'armoire de nouveaux vêtements mélangeant ses 2 styles habituels. Il avait, en effet, sélectionné un pantalon entre la coupe droite et slim bordeaux, puis un tee-shirt blanc tamponné en son milieu avec le nom de la marque écrit en noir. Il sortit alors un blazer noir neuf encore plus seyant que ses précédents.
Mes soupçons s'accentuèrent lorsqu'il pris un sautoir en acier ayant pour pendentif un anneau noir puis qu'il se servit dans la cire capillaire pour sculpter mèche par mèche ses cheveux corbeau.

"- Un événement spécial?
- Oui. Maman m'a donné rendez-vous dans un café. Puis après on ira prier au temple. Elle m'a demandé de fournir un effort supplémentaire sur ma tenue.

Je me demandais qu'est-ce que sa mère avait programmé et ne sentait rien de bon dans cette initiative. Cependant, faisant taire mes doutes et mon appréhension , je décidai d'attaquer sur le sujet qui accaparait mon attention depuis quelques temps déjà.

-Hmm, j'aimerais bien qu'on parle avant... enfin, si tu as le temps...
- D'accord, si tu veux. Tu as un problème ?

Je le regardais attentivement. J'avais peur d'aborder ce sujet sensible et redoutais sa réaction.

- Je voulais avoir ta réponse par rapport à l'invitation de mes amis. M'accompagneras-tu ou pas?

Ne répondant pas immédiatement, il se regarda dans la glace, vérifiant son look. Il était trop calme. Ces mauvais signes m'alertèrent. Non seulement, il ne répondait pas directement mais en plus tentait d'esquiver la question en faisant autre chose. Finalement, sa réponse confirma mes doutes.

- Désolé ça va pas être possible.

Assez. J'en avais assez de ne sortir avec lui que dans notre appartement mais de continuer d'espérer comme un idiot une amélioration.

- Ça ne va pas être possible ou TU vas faire en sorte que ce ne soit pas possible ? Lui lançai-je dans un murmure. Je le vis se saisir de son smartphone et écrire un message. Puis il le reposa.

Se détournant enfin du miroir, il me transperça de part en part de son regard ambré et ouvrit enfin la bouche...

Choix (BxB)Where stories live. Discover now