Chapitre 8

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Dès que j'entrouvrais mes yeux, la douleur résonna dans mes tempes. Dans quel état m'étais-je mis la soirée dernière... Je me souvenais de la dispute, de la soirée et de notre beuverie avec Key. Je m'étais plaint comme jamais.
J'avais honte. Ma faiblesse était telle que je n'avais pu garder pour moi mes problèmes...

Après plus rien, aucun souvenir du reste de ma soirée, seulement la vague sensation de bras chauds m'enserrant.

Me redressant après quelques efforts, je perçus le doux bruit de la douche.
Détaillant la chambre qui m'était inconnu, je compris tout de même  assez rapidement qui m'avait ramené et où.

La chambre plutôt simple laissait transpirer une ambiance impersonnelle et pratique. Elle se composait en tout et pour tout d'une penderie encastrée dans le mur, d'un bureau au plan de travail rangé de manière très sérieuse. Tout semblait être perpendiculaire ou parallèle, empilé au millimètre près.
Puis pour finir, un lit très simple  était accolé au paroi de la chambre et accompagné d'une table de nuit. C'est seulement grâce à la montre sur cette dernière que je compris que Loukas m'avait pris en charge hier soir et emmené dans son appartement officiel.

C'était la première fois que je pénètrais dans son espace personnel. Repensant à notre relation avant son annonce fracassante, je commençais à rire, un petit rire ironique et dégoûté. S'il m'avait invité dans ce lieu ne serait-ce que quelques jours plus tôt, j'aurais été si comblé, si heureux mais maintenant je n'éprouvais qu'une jalousie débordante et une peine insondable.

Elle était venue ici, avant moi. Ses pas avaient foulés ce carrelage gris.
Je serrais les poings. Peut-être même s'étaient-ils étreints dans ce lit?... Il ne faisait aucun doute que Loukas avait prévu une relation charnelle avec cette femme...
Blessé, j'en étais à me demander et à espérer qu'ils ne soient pas passés à l'acte... Je ne pouvais pas supporter de l'imaginer avec l'autre. Il était à moi! Cet homme m'appartient.

La sonnette me tira de mes pensées moroses et me ramena à la réalité. Ce matin, j'avais cours à l'université et devais commencer à me préparer. Loukas, sorti de la douche mais pas encore prêt, me demanda d'aller ouvrir la porte.
Sortant du lit avec difficulté, je me traînai jusqu'à la porte et l'ouvrit.
Ce que je trouvais sur le porche me donna envie de fermer la porte aussi vite que je l'avais ouverte.

- Bonjour! Hmm... Je venais voir Loukas...
- Entrez, il arrive.

Puis sans plus de cérémonies, je laissai Lorelei seule puis me dirigea vers la salle de bains. Passant devant un Loukas enfin habillé, coiffé et interrogateur, je lui lançai le nom de sa visiteuse puis allai me débarbouiller le visage sans prêter attention à son expression.

Une fois fini, je rejoignis le séjour.
Ils s'étaient installés dans le canapé, un café à la main.

- Tu es donc Tao? Loukas m'a souvent de son ami de lycée!

Elle m'avait dit ça le sourire aux lèvres, avec amabilité.
Bien qu'en colère et jaloux, je n'arrivais pas à réellement lui en vouloir. Elle était juste une victime au même titre que moi de l'égoïsme de mon "ami de lycée".
Bien que conscient de cette réalité, je lâchai une phrase acide:

- Ravi de vous rencontrer, par contre moi, je viens de découvrir votre existence... Bon, je dois y aller, sinon je risque d'être en retard.

-Attends, je t'accompagne.
Étonné de l'initiative de Loukas, je le fixai. Il se tourna vers sa fiancée.

-Ça ne te dérange pas?
- Pas de problème.

Se levant, il saisit les clés de sa voiture et son manteau.

Installés dans la voiture, seul un silence pesant régnait. Il finit par le briser:

- Ça va sinon de boire seul avec un homme ?

N'en croyant pas mes oreilles, je me tournai vers lui. Était-il en train de me faire une crise de jalousie...? Comment pouvait-il oser dans notre situation actuelle! Il jalousait Key en plus !!

- Ce n'est ni la première ni la dernière fois que je me saoulerais avec Key. On se connaît depuis la crèche, on a grandi ensemble et il sort avec une de mes amies! Et sinon toi ça te va de me tromper sous mon nez?!

Ne donnant aucune réponse, il regardait intensément la route.
Je repris donc la parole.

- Tu sais, tu m'as dit que je comprendrai. Mais même quand j'y réfléchis longtemps je n'arrive pas à comprendre... Ça ne va pas être possible de mon côté de vivre une telle vie... C'est trop blessant. Je suis incapable de te partager... Et toi, tu en serais capable? Serais-tu capable de me voir me marier avec un autre homme ?
Pour moi, non, parceque... je t'... Je t'aime!!

PDV Loukas.

Lui se mariant avec un autre? ...Hors de question!! Il n'aurait pas le droit! Il est à moi.
Sa situation était différente de la mienne. Il n'était pas obligé de se marier lui. Ses parents, toujours à l'étranger, ne lui demandaient rien et avaient accepté son coming out très facilement. De plus, ils n'avaient jamais été proches!

- Si tu ne renonces pas à ce mariage, je préfère... je préfère rompre.

À l'entente de cet aveu inattendu, je fis face à Tao. Je sentis chez lui un sentiment que je n'avais vu: la résignation. Elle s'était mêlée à la tristesse, au ressentiment et à la lassitude. Il n'en pouvait plus.

Pourtant je savais qu'il finirait par accepter. Il sera bien obligé: jamais je ne le laisserais partir et jamais on ne verra le jour de l'annulation de mes fiançailles. Cherchant un moyen de me sortir de ce piège, je finis par avoir une illumination.
Arborant une expression résignée, je mis en place mon plan:

- Je ne peux pas vivre sans toi mon amour... Ne parles plus de séparation...
- Cela dépend de toi...

Il était ferré. Laissant échapper un soupir, je baissai la tête, comptai 5 secondes et la relevai.

- D'accord. Je capitule... Je vais annoncer à Lorelei que je ne peux pas me marier avec elle, que finalement je ne suis pas prêt...

Vu les grands yeux de Tao et son air de plus en plus euphorique, j'avais obtenu l'effet escompté et n'avais plus qu'à enfoncer le clou.

- Par contre, on garde notre relation actuelle cachée. Je fais un pas, donc toi aussi.

Sans plus se méfier, Tao se pencha vers moi et m'embrassa la joue.

- Merci.
Sa voix presque cassée trahit son émotion. Il était tellement mignon...et naïf...

Enfin, j'avais trouvé de quoi reporter le problème pour lui permettre de regagner la raison et d'adhérer à ma pensée. Il faudrait juste que je fasse attention à ne pas être pris la main dans le sac. Cela pourrait vite devenir dangereux pour notre relation dans le cas contraire.

Je le regardai. J'étais désolé mais je ne renoncerai pas.

Choix (BxB)Where stories live. Discover now