Chapitre 3

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- Je suis désolé. Je ne veux pas. Tu le sais pourtant ! Tu sais que je n'aime pas m'afficher en public et que je déteste montrer mon homosexualité.
- Je ne te demande pas de t'"exposer" ou de me sauter dessus en pleine rue ! Juste d'être un peu plus affectueux de temps à autre, pas uniquement dans notre appartement... Je souhaiterais juste te présenter à mes amis comme tout le monde le fait! Ils ne te jugeraient pas et veulent te rencontrer comme je parle souvent de toi...
- Je ne peux pas. On ne sait pas qui on peut rencontrer à l'extérieur. Je travaille dans un milieu où l'apparence est primordiale ! Je ne peux pas faire mon coming-out... Je perdrais sans doute des promotions importantes, il y aurait des rumeurs et ce serait comme une tâche sur mon dossier. C'est ce que tu souhaites ? J'ai une réputation professionnelle à conserver ! Certains m'accepteraient probablement mais pas tous. C'est normal que tu ne comprennes pas en tant qu' étudiant en médecine mais moi, je suis dans la vie active. Je ne peux pas prendre ce risque ! Et puis pense à ma mère ! Il m'est impossible de l'attrister à cause de mes préférences sexuelles. Elle attend des petits-enfants, une belle-fille qui puisse gérer notre foyer et avec qui elle pourra partager toutes sortes de choses ! Je ne peux pas me permettre de lui présenter un homme ! Elle serait ravagée !

Le souvenir amer de la veille était encore gravé dans ma mémoire et la blessure à vif. Je m'étais senti rejeté, caché comme un secret honteux.

- Et alors quoi... Dans ces conditions, quel sera notre futur ? Que je sois un homme est dérangeant au point que tu ne puisses pas me saluer dans la rue ? Suis-je condamné à rester l'imbécile qui t'a confondu avec une vague connaissance ? Je comprends pour ta mère et ton travail,  mais allons-nous vivre notre vie cachés ? Louant 2 appartements car "on ne sait jamais"? Jusqu'à quand penses-tu que nous allons le supporter ?

Plus que de la colère, je ressentais de la tristesse et de la lassitude... J'étais fatigué de ces multiples petite blessures qui à force de se réouvrir prenait de l'ampleur.
Ce rejet public n'avait l'air de rien mais lorsque cela se répétait continuellement la douleur s'intensifiait. Je commençai à perdre toute confiance en moi, à culpabiliser d'être un homme plutôt qu'une femme, à penser que je n'étais et ne serai jamais assez bien pour l'homme que j'aimais. Et je m'en voulais encore plus de ne rien réussir à changer. Étais-je trop exigeant? Peut être que le problème au fond c'est moi ? Peut-être était-ce normal? Bien que je n'avais pas cette impression quand je voyais mes amis en couple.... Je suis perdu...

- Je suis désolé.

En même temps qu'il s'excusait, sa main posée sur ma mâchoire releva ma tête afin que nos yeux se rencontrent.

- Comprends-moi s'il te plaît... Je t'aime mais...

Ses yeux suppliants m'empêchaient de crier comme je le souhaitais. J'étais comme bâillonné, impuissant. Il connaissait mon talon d'Achille et en profitait honteusement.
Sans me lâcher du regard, il approcha doucement son visage du mien. Puis s'arrêta à quelques centimètres de mes lèvres me laissant le choix d'accepter ou refuser ce baiser. Son souffle chaud s'écrasait sur mes lèvres.

Cependant, bien que faible face à ses charmes, j'étais encore trop en colère et blessé pour lui pardonner tout de suite et faire comme si de rien n'était. Commençant à détourner la tête, il me surprit en resserrant sa prise sur mon cou. Puis, il franchit le maigre espace nous séparant posant ses lèvres sur les miennes. Si je ne faisais pas le premier pas, il était celui qui le faisait sans me laisser d'échappatoire. En privé...
Bien que ne répondant pas à son baiser dans un premier temps, lorsque je sentis ses lèvres se mouvoir avec plus d'insistance, je ne pus m'empêcher d'y répondre. Nos langues s'entremêlaient avec passion et colère. Ses mains commencèrent alors à parcourir mon torse.
Bien que mourant d'envie de sentir sa peau contre la mienne, je me redressais. Nous savions tous les deux que j'avais déjà cédé, comme de nombreuses fois... Comme une marionnette qui dansait dans la paume de sa main. Au final, elle était bloquée et toujours soumise au bon vouloir du marionnettiste. Il actionnait les fils avec art et virtuosité en ne laissant à la fin aucune porte de sortie. Mais combien de temps avant que les fils ne se cassent, laissant derrière les débris d'une poupée épuisée et inanimée, une coquille vide ? Un soupir m'échappa.

- Tu n'avais pas rendez-vous avec ta mère?
- C'est bon... J'ai repoussé la rencontre à 11 heures pendant qu'on parlait. On a tous notre temps, dit-il souriant, fier de sa victoire et les yeux pleins de désir.

- Me pardonnes-tu ? Je comprends que ce soit difficile pour toi, ça l'est pour moi aussi... Mais s'il te plaît laisses-moi encore un peu de temps, j'en ai besoin...

Il demandait plus pour la forme, nous connaissions tous les deux la réponse. Je le fixais, vaincu. Encore combien de temps ? Cela faisait déjà 10 ans que j'attendais et patientais... Allais-je réussir à supporter cette situation dans le temps ? Ces derniers temps, je devenais de plus en plus sensible à tout ça et étais plus facilement blessé aussi par ce comportement distant...

Je n'avais cependant pas le choix. Je me devais de tenir. Mon péché avait été de tomber amoureux de cet homme sans retour possible et de m'être jeté à 100% dans cette relation sans filet de secours.
Ne plus pouvoir faire marche arrière est ma punition.

Il me lança de nombreux regards aguicheurs tout en s'asseyant parterre et en posant sa tête sur mes cuisses.
N'y tenant plus, je le relevai, le poussai sur le lit et l'embrassai avec hésitation puis envie. Il reprit vite le dessus. Nulle autre que lui à cette capacité à m'envoyer en enfer puis au paradis en quelques minutes.
Ah...Cet homme, un jour, sera ma perte...

...Il me tuera.

Choix (BxB)Where stories live. Discover now