dix-neuf

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chapitre dix-neuf : délaissée

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chapitre dix-neuf : délaissée

𝐀𝐧𝐝𝐫𝐞𝐰 𝐁𝐞𝐧 𝐌𝐲𝐞𝐫𝐬

10h56

    Cambridge, Massachusetts.

    J'arrivai enfin à destination. Je ne savais pas dans quel état j'allais retrouver ma mère mais j'espérai sincèrement qu'elle n'avait pas trop bu. Je quittai ma voiture avant d'aller vers la porte d'entrée.

    Je l'ouvris sans difficulté comme elle n'avait pas fermé à clé. J'avançai dans la maison familiale en cherchant du regard ma mère. Je montai à l'étage et je m'arrêtai dans l'encadrement de la porte de la chambre de ma grande soeur. Elle était par-terre, entourée de papiers et de photos en tout genre.

    Je toquai doucement à la porte pour lui faire remarquer ma présence et elle tourna la tête pour me voir. Ses joues étaient baignées de larmes et ses yeux bleus étaient gonflés. Je m'approchai d'elle et elle recula avant de se retrouver contre le lit.

    Je m'accroupis pour être à sa hauteur en essayant d'être le plus doux possible. Si j'avais envoyé Jared c'était sûr qu'elle aurait appelé les flics parce qu'elle aurait cru qu'il s'était introduit chez elle par effraction.

    — Bonjour maman, dis-je doucement. Tu sais qui je suis ?

    Depuis la perte de ma soeur, ma mère n'était que l'ombre d'elle-même. C'était une femme incroyablement forte et douée. Elle était investie dans des oeuvres caritatives ou des actions de la paroisse. Elle était tout le temps en train de faire des choses pour les autres. Et puis, quand j'avais six ans, ma soeur était morte et l'infirmière dynamique qu'elle était jusque là, n'était plus qu'un souvenir.

    Je la revoyais passer ses journées dans son lit à pleurer. Elle avait commencé à boire. Elle allait si mal qu'elle avait fini par se faire aider.

    Et en se soignant, moi j'avais fini brisé.

    À présent, elle allait mieux, il lui arrivait de ravoir ces instants particulièrement compliqués, mais elle remontait forcément. Elle buvait mais ne retombait jamais pleinement dans l'alcoolisme, mais aucun enfant ne voulait voir sa mère dans cet état là.

    Elle se mit à pleurer en me reconnaissant et elle me prit dans ses bras. Bien que je sentis que son contact m'était douloureux, je ne fis rien. Je suffoquai en silence, laissant son parfum m'imprégner, ce parfum qui était aussi le siens. Mon corps se raidit, mais je tentai de le masquer au maximum, je ne pouvais pas lui dire, je ne pouvais pas répondre à la question, surtout pas ce jour-là.

    Au bout d'une grosse demi-heure, j'arrivai à la relever et à la faire ranger toutes les affaires de ma soeur. Si mon père rentrait et voyait cela, il y allait probablement provoquer une dispute. Il n'aimait pas qu'on ressasse le passé. Il pensait souvent que ce n'était pas utile. Peut-être avait-il raison. Peut-être que c'était nous qui étions en tort de tout le temps repenser à cela. En tout cas, ma mère en avait besoin.

LÀ OÙ LES CŒURS S'ÉTEIGNENT - TOME UNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant