CHAPITRE HUIT.

476 21 16
                                    

Je pouvais sentir son regard sur moi. Je fermai les yeux et aucun mot ne passait mes lèvres. Je restai ainsi un certain temps, quelques minutes, je dirais.

Lorsque je les rouvrais, je le vis à ma gauche, se tenant l'épaule contre un mur, ses yeux glacials ne me quittant pas une seconde. J'avalai difficilement ma salive et refermai les yeux, espérant intérieurement que quand je les rouvrirais, il aurait disparu.

- Tu vas me parler ou tu comptes rester les yeux fermés ?

Raté. Il était toujours là.
Lui parler ? Pour quoi faire ?

- Mais dis quelque chose bordel, souffle-t-il entre ses dents.

Je me décidai à affronter son regard.

- C'est toi qui m'ignores depuis deux semaines. Qu'est-ce que j'aurais à te dire ? Un sourire en coin apparût sur ses lèvres et il se redressait.

- Nos petites conversations après les cours te manquent, Arabella-bella ?

Je fermai instantanément les yeux et avalai difficilement ma salive. Affronter son regard perçant et l'entendre me dire ça m'était difficilement supportable. Je les rouvrais à nouveau et constatai qu'il s'était rapproché de moi.

- Je te manque, Arabella ? Me demandait-il tout bas.

- Tu rêves.

Je remerciai intérieurement mon cerveau de s'être remis à fonctionner, m'ayant permis de lui tenir tête. Un sourire prit possession de ses lèvres et, quelques secondes après, ses yeux devinrent plus sombres.

- Qu'as-tu entendu ?

- Rien. Je répondais du tac-au-tac, le faisant arquer un sourcil.

Je décidai de mettre fin à cette conversation en lui tournant le dos, prête à quitter le rayon. Mais il attrapa ma main.

- Je te conseille de me dire la vérité, Arabella.

Je le regardai sévèrement, agacée de toutes ses phrases mystérieuses et de son comportement lunatique. Puis, mon regard descendit sur sa main qui emprisonnait la mienne.

- Écoute-

- Lâches moi. Le coupais-je.

Il plantait ses yeux dans les miens.

- Je n'ai pas vraiment l'habitude qu'on me dise ce que je dois faire, tu sais.

- Rien à foutre.

Il haussa les sourcils et un nouveau sourire s'installa sur ses lèvres.

- Mais venant de toi, ça ne me dérange pas-

- Lâches. Ma. Main. Le coupais-je à nouveau tandis que mes yeux ne quittaient pas les siens.

Il ne bougeait pas, comme surpris de ma demande.

- T'es sourd ? Je t'ai demandé de me lâcher-

Je n'eus pas besoin de finir ma phrase qu'il lâchait ma main et s'éloignait, sans se retourner. C'est alors que je crachai tout l'air que je contenais dans mes poumons et m'agenouillai, en plein milieu du rayon. Je pris ma tête dans mes mains et tentai de me calmer. Mon esprit était brouillé, je n'arrivai pas à penser et le bruit avoisinant n'aidait pas. Je me concentrai sur ma respiration, quand une main se posant sur mon épaule me fit sursauter.

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant