CHAPITRE TRENTE.

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Mes doigts trituraient nerveusement la couture de la robe noire en satin qu'Eli m'avait acheté contre mon gré lors de notre session shopping. Les lumières rouges venant des spots accrochés au plafond virevoltaient au son de la musique qui emplissait mes oreilles. Mes yeux fixaient un point imaginaire sur mes escarpins, me sentant toujours aussi peu à l'aise au Vyne. Pour être tout à fait honnête, je l'étais encore moins que d'habitude à cause de la présence de Caleb en face de moi. Nous ne nous étions adressés aucun regard depuis ma maladresse quelques heures plus-tôt. Il avait même demandé à Eli de me conduire ce soir, lui qui habituellement ne laissait le choix à aucun de nous pour me conduire partout où il le décidait. Je soufflai à cette réflexion. Obéir à Caleb Baker me devenait insupportable. Je bu une gorgée de ma boisson et savourai la sensation de l'alcool brûlant légèrement ma gorge. Les garçons discutaient tous les trois, et Sam n'était toujours pas de retour. Eli m'avait dit qu'elle avait dû partir pour une mission. Je balayai le club des yeux tout en sirotant mon énième cocktail, et mon regard s'arrêtait quelques instants sur un homme, assit à une table avec deux autres personnes. Il était grand, des cheveux châtains et des yeux... me scrutant. Je détournai le regard, gênée, et fis mine de continuer ma contemplation de la boîte de nuit.

-Je vais me chercher une boisson, dis-je en me levant.

-Il y a des serveuses pour ça, me dit Caleb sans me regarder. Assis-toi.

Je serrai les poings et lui répondai en prenant soin de ne pas poser mon regard sur lui :

-Tout le monde n'est pas à ton service, Caleb. Tu n'es pas le roi d'un royaume.

-Assis-toi, me répétait-il en faisant signe à l'une des serveuses.

-Je ne suis pas à ton service, lui rappelais-je.

-Heureusement pour toi, sinon tu serais déjà dans un lac avec une balle dans la tête.

Je fronçai les sourcils et, alors que j'allais lui répondre, la serveuse arriva à notre table pour prendre notre commande. Je posai les yeux sur elle et mon sang ne fit qu'un tour face à cette chevelure rousse. Évidemment qu'il voulait que je passe commande avec elle.
Enflure.

Un sourire mauvais pris place sur mes lèvres, et je sentais en moi monter un mélange de colère et de jalousie, qui associé à la quantité d'alcool que j'avais bu, n'annonçait rien de bon.

S'il pensait que j'allais accepter qu'il m'humilie de la sorte, cet enfoiré se mettait le doigt dans l'œil.

-Je vais au bar, dis-je fermement en contournant la femme que j'avais surpris nue dans le lit de Caleb quelques heures auparavant.

J'avançai sans me retourner et descendis les escaliers reliant l'étage VIP au reste du club, me dirigeant tant bien que mal entre les fêtards jusqu'au bar pour y commander une nouvelle boisson alcoolisée. Le serveur me servit et je le remerciai avant de m'adosser au comptoir gris. Mes yeux se posèrent rapidement vers l'étage où j'apercevai sans mal Caleb accoudé à la rambarde, ses yeux me fixant. Les miens ne le quittèrent pas non plus, et nous restâmes un moment sans nous lâcher du regard. Le sien était froid, son mètre quatre-vingt-dix de muscles contracté et ses sourcils froncés. Il était tendu. Je savais qu'il détestait quand je lui désobéissais et que je le provoquais. Je comptai bien rendre fou Caleb Baker. Ce soir, il allait comprendre que je ne serais jamais à son service, et qu'on ne se foutait pas de moi comme il l'avait fait. Personne n'humiliait une Remington sans répercussion.

Je passai lentement ma langue autour de la paille dans mon verre sans le quitter du regard. J'arrivai à apercevoir son corps entier se contracter, et je ne pus réprimer un sourire de satisfaction. Je mordai sensuellement la paille et jouai lascivement avec mes cheveux réunis en une tresse haute m'arrivant en bas du dos. Le brun eu un léger mouvement de recul avant de passer rapidement sa main sur son visage. Ravie de l'effet que je semblais avoir sur lui et décidée à lui faire payer son attitude, je passai lentement ma langue sur le coin de mes lèvres afin de récupérer une goutte sucrée de mon cocktail.

ARABELLAWhere stories live. Discover now