𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟗

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Alyah

Je fixe le plafond, les yeux fatigués et la gorge pâteuse, jouant avec le bracelet de Lewy, comme à chaque fois que je me sens mal.

Le réveil sur la table de nuit, aux côtés du cendrier remplis de mes fins de joints, affiche dix heures du matin. J'ai dû dormir trois heures à peine, les médicaments ne faisant pas effet avec toute cette drogue.

Le bras de Ben m'entoure, me tirant un peu contre lui. Je me laisse faire et referme les yeux, me forçant à ressentir quelque chose. A ressentir autre chose que du vide ou de la haine.

Je suis en colère, et je n'arrive plus à redescendre.

Rien n'arrive à apaiser la tempête en moi, ni la bouteille de jack qu'on s'est enfilé cette nuit, les joints, ou nos baises intenses depuis deux jours.

Rien.

C'est le chaos le plus total.

Je me lève en décalant le bras de Ben, une soudaine envie pressante d'aller vomir. Vu tout ce que mon corps vient d'ingurgiter pendant ces deux jours, tu m'étonnes. Je cours dans sa petite maison, me précipitant sur les wc pour lâcher mes tripes.

Je souffle un bon coup, et pars me rafraichir d'un coup d'eau sur le visage. Dans le miroir, je vois mes cernes et la cicatrice laissé par Lyviee qui ne partira surement jamais. Je fais peur à voir. Mon visage transpire la vie de camé que je vis depuis quarante-huit heures.

J'en viens à me dire qu'ils ont peut etre raison sur ma consommation de drogue.

Après le cambriolage chez les Corsica, j'ai demandé à Lyv de me ramener chez Ben. Car je n'étais juste pas prête à affronter leur regard.

Celui de Lewy, en particulier.

Je repense à la haine qui m'a consumé quand j'ai lâché cet homme dans le vide. Je le revois tomber, et je ressens encore cette satisfaction alors que... j'aurais pu le tuer.

J'aurais pu tuer un homme.

Je n'ai jamais été autant terrifié de ma propre personne qu'aujourd'hui, et c'est pour cela que je fais tout pour ne pas être sobre.

Dans la cuisine, je me sers un bol de céréale, et Ben me rejoins, torse nue, sourire aux lèvres.

-Ca va mon cœur ?

-Super, dis-je ironiquement.

Il sait très bien que je ne suis qu'un amas de drogue et d'alcool, alors non, ça ne va pas. Pourtant, il a passé les quarante dernières heures avec moi, et c'est rare. Alors je lui souris, me rappelant que dans son métier, c'est très dur de pouvoir prendre du temps. Il l'a pris pour moi, alors je peux essayer d'être agréable, non ?

Il s'assoit à mes côtés et pose une main dans mon dos. J'essaie de ressentir quelque chose, mais ses toucher ne laissent que du vide, et je vais devoir m'y faire. Ça ne changera jamais.

Je ne ressentirais plus jamais ce que j'ai ressenti avec lui.

Jamais.

-Tu rentres chez toi, aujourd'hui ?

-Oui. Il faut bien.

-Tu peux rester même si je ne suis pas ici, tu le sais ?

-Oui, merci.

J'embrasse sa joue avant de poser ma tête sur son épaule.

Je n'ai pas envie de rentrer, mais je vais bien devoir. Je n'ai même pas mon téléphone avec moi, donc coupé de tout le monde pour de vrai. Je suis étonné que Yael ne soit pas venu me chercher par les cheveux, ce qui m'en dit long.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE TOME 02 Where stories live. Discover now