Chapitre 81

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«Livia réveille toi » s'exclame la voix de Joan à travers la porte de ma chambre.

«J'arrive » dis-je à moitié endormie.

«Oui bien sûr comme d'habitude» dit-il alors que je rigole dans mon coussin.

Je finis par me lever en sachant quelle belle journée m'attends.

Je prends rapidement une douche, j'enfile mon short, mon débardeur ainsi que mes chaussures de randonnée et j'attache mes cheveux dans une tresse.

Je sors de la chambre après avoir pris mes dernières affaires et je descends vers le buffet à volonté histoire de prendre un petit-déjeuner avant le début de la journée.

«Tu ne veux pas prendre autre chose qu'une pomme » s'exclame Joan «Ça fait deux mois que tu es là et ça fait deux mois que tu ne manges qu'une pomme » dit-il.

«C'est suffisant » dis-je.

«Bien sûr » dit-il.

«Aller vient, on va louper le bus » dis-je.

Nous sortons de l'hôtel et comme tout les jours depuis deux mois, je suis frappé par le contraste entre la clim intérieure et la chaleur extérieure de Nairobi.

Nous courons vers le bus au loin qui allait partir sans nous qui se rend à la réserve.

Une fois dedans, nous restons debout par le manque de place puisqu'à chaque fois il est bombé d'habitant qui quitte à tout heure la capitale pour se rendre dans leur petit village.

Après une heure de trajet, nous descendons enfin dans un village d'Oltepesi, à l'ouest de Nairobi.

Nous marchons les dizaines de mètres qui nous séparent de notre action humanitaire et Joan rejoint le côté qui fondé l'école tandis que je rejoins la petite cour créée en guise de salle de classe où je retrouve Emma, une finlandaise au grand cœur.

Lorsque je suis rentré de l'hôpital, j'ai passé ma nuit en pleure sur le sol à me demander ce que j'avais bien pu faire pour mériter tout ça.

Au début je voulais prendre un billet pour un pays quelconque et lorsque je suis tombé sur une annonce qui recherchait de l'aide pour construire une école dans un petit village au Kenya j'ai pas hésité une seule seconde.

Alors voilà deux mois que je passe mes journées auprès des enfants à leur apprendre quelques bases tandis que d'autres construisent la future école.

Le côté pratique c'est que la langue officielle du Kenya est l'anglais, c'est d'ailleurs pourquoi Joan a choisi d'atterrir ici, lui l'américain qui ne parlait que sa langue maternelle.

Je crois que c'est la chose qu'il me fallait.
Un éloignement de tout ce milieu que je n'ai pas choisi, mais qui m'est tombé dessus de par mes origines, mais de mon envie de vengeances.

Il n'y a pas un seul jour où je ne pense pas à eux, à lui.
J'essaie de donner des nouvelles au maximum, mais le téléphone et moi ça a toujours été compliqué d'autant plus ici, car chaque soir j'espère une seule chose, qu'on me dise qu'il soit réveillé.
Et à chaque fois, c'est la même déception alors je l'ai rangé.

Je ne dirais pas que je vais mieux, mais d'être ici me fait du bien.
D'aider me fait du bien, de voir des sourires sincères sur le visage de ces petits êtres me donnent plus de baume au cœur que je ne l'aurais cru.
Et puis Joan et Emma sont de vraies personnes entières qui ont compris mon besoin d'être ici après leur avoir expliqué les grandes lignes.

Mais la vérité est là, je suis ici, mais mon cœur est là-bas et c'est dur d'être éloigné de ce qu'aujourd'hui j'appelle ma famille.
Cependant ici je me sens utile contrairement à là-bas ou je ne suis qu'une loque qui attend que la journée passe en espérant toujours une bonne nouvelle.

«Livia » s'exclame la petite Rokia.

«Bonjour » je lui dis alors que tout le monde tourne la tête vers moi «Vous allez bien aujourd'hui ? ».

«Oui» me répondent-ils.

Je rejoins Emma qui était visiblement en train de leur enseigner les bases des Mathématiques et je lui laisse avec grand soin ce rôle n'ayant jamais aimé cette matière.

Il me tarde que l'école soit finie d'être construite, un espèce de grand drap extérieur attaché à quatre arbres nous protège comme il peut du soleil et nous avons qu'à notre disposition un petit tableau noir, des craies et les enfants sont assis à même le sol avec de petites tablettes noir.

Le midi arrive rapidement et c'est l'un des moments que je préfère parce que tout le monde se rejoint et se mélange avec les enfants.

Joan arrive vers nous et Issa fonce vers lui.
Chacun d'entre nous a construit des véritables liens entre les enfants et même avec les adultes.

Je peux aujourd'hui considérer Joan et Emma comme des amis.

Moi c'est la petite Awa âgée de 4 ans qui ne me quitte pas d'une semelle depuis que je suis arrivé ici et j'ai beaucoup d'attachement pour cette petite qui est remplie d'énergie et de vie.

On se dirige vers le côté "réfectoire" et ce sont généralement les mamans qui nous préparent à manger le midi en guise de remerciements.

Je prends ma gamelle accompagnée d'Awa et nous nous dirigeons vers la nourriture.

«Un petit peu » dis-je.

«Il faut que vous mangiez plus ma petite, vous êtes encore toute maigre » dit lune d'entre elle.

«Je lui dis tout les jours » s'exclame Joan qui arrive à nos côtés.

«J'ai pas grand appétit » dis-je.

«Il faut que tu manges Lili» s'exclame Awa alors que je lui souris.

«Mais je mange regarde » dis-je en lui montrant mon assiette avec de la nourriture.

Elle se contente de hocher les épaules et d'aller dire bonjour à sa mère qu'elle voit plus loin dans un grand sourire.

Je tourne mon visage vers Joan et je rigole quand je vois son assiette.

«Quoi, c'est vraiment délicieux et à chaque fois il y a trop de reste » dit-il.

«Heureusement qu'il se dépense sur le chantier » dit Emma en arrivant vers nous alors que je rigole.

«Eh toi là, doucement » dit-il en la menaçant alors que je rigole.

«Vous venez manger avec nous » s'exclame Awa au loin.

«On arrive » dis-je en allant vers la petite fille et ses amis.

Nous retrouvons deux ou trois mères avec eux et mangeons avec eux dans une bonne ambiance comme tout les jours.

Voilà le chapitre 81, j'espère qu'il vous a plu ?
J'attends vos retours avec impatience :)

Livia Mancini et le Joker Where stories live. Discover now