Chapitre 4. Lore

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La ressuscitée ? Au début je trouvais ça stylé, maintenant ça me donne la gerbe. C'est vraiment de mauvais goût. Je ne sais pas si quand elle a hurlé ce surnom le monde s'est arrêté mais j'ai l'impression qu'un silence complet a envahi l'établissement et qu'une tension palpable se contorsionne dans l'atmosphère. La seconde suivante, des cris retentissent. Je ne vois pas mais je comprends le phénomène : une foule entière se déverse depuis l'entrée du fast-food. Et c'est là que je m'en rends compte. Je suis dans la merde.

     En un éclair, je m'éjectes de la banquette écarlate, au cuir abîmé où les nuances de rouge s'évertuent à aller vers une couleur plutôt pourpre. Bref, on a pas le temps. Je commence à courir vers la seconde porte du Mc Donald's, dans un mouvement singulier et irrégulier. Mes jambes ne sont plus commandées par mon cerveau, elles sont juste animées par un instinct de fuite. Je sais qu'il accourent tous à ma poursuite et qu'ils se bousculent presque pour admirer ce que je suis. Pour me contempler comme si j'étais une œuvre d'art, un mirage, un blasphème, une illusion mystique, un mystère, une créature sublime, diabolique... Comme si j'étais une statue taillée dans le diamant le plus scintillant et le plus rare de l'Univers. J'étais la ressuscitée, la seule personne physique qui s'était rendu dans l'au-delà. Je remettais en cause toutes les croyances et je représentais pour certains un blasphème, pour d'autre un être céleste. Je n'étais ni l'un, ni l'autre car à présent la seule chose que je faisais c'était fuir.

     Je déploie mes bras pour ouvrir la portes à double battant. Je sors dans la rue quasiment désertée par tous ces fanatiques et je claque instinctivement des doigts. Et le problème c'est qu'ils sont déjà dehors quand je réalise ce mouvement, toujours à ma poursuite. Tout le monde sait quand plus d'être l'être le plus surnaturel de la Terre, j'ai des pouvoirs. Je suis dans une double merde.

     Alors que j'accélère la cadence, ils se ruent toujours sur moi malgré qui ne puisse me voir. Je les entends huer mon nom complet, mon miracle, mon horreur. Chaque humain mêlé à cette foule a ses raisons de me poursuivre. La flamme qui brûle en moi vacille un peu plus à chaque enjambée, elle semble vouloir s'éteindre et la seconde d'après s'accroître. Que se passerait-il si mon pouvoir devenait incontrôlable. La flamme pourrait-elle me consumer jusqu'à que je ne sois que cendres ?

     Je ne sais pas si mon feu me consumera de si tôt mais je sais que le bitume brûlant est entrain de cramer mes pieds et que ma robe ralentit ma course. Je dois vraiment trouvé un moyen de retourner dans mon manoir.

     Ils continuent à m'oppresser par leurs cris stridents, leurs voix animées par une folie incertaine, leurs pas alimentés par ce désir d'être la première personne à atteindre le paranormal, d'un seul toucher. Ils veulent ma peau. Je continue malgré la douleur qui m'assaillit le plat des pieds.

     J'aperçois une rue qui pars vers la droite, avec un peu de chance je les aurais semer. Je donne toute mon énergie et je cours dans cette direction. Je sebs l'engouement du groupe se dissiper peu à peu. Alors que je m'apprête à tourner dans la rue adjacente, ils s'arrêtent. Ils ne peuvent pas savoir où je me trouve. Un sentiment de soulagement m'envahit mais disparaît immédiatement quand je vois les journalistes, munis de leurs équipements, mêlés au groupe de fanatique. J'ai été filmée. Je vais surement passer sur les réseaux sociaux. Ils vont faire de moi un phénomène viral.

     Je finis par disparaître dans cette allée et ma flamme s'éteint brutalement. Je sais que j'ai réapparus dans le paysage de Londres, baigné par la lumière d'un ciel qui a chassé ses quelques nuages. Le soleil est éclatant. Je comprends que mon pouvoir a des limites, je ne peux pas utiliser ce pouvoir pendant une éternité. Je me permets une légère pause et je tâte mes blessures de l'accident pour vérifier si elles ont bien cicatrisé. Surprise, ma peau est lisse. Ces blessures n'ont comme jamais existé. J'essaie de paraître impassible depuis que l'ange est venue m'annoncer l'opportunité de la résurrection mais toute cette magie me dépasse toujours. C'est impensable, irréel.

     Alors que je pensais reprendre mon souffle, j'entends un cri strident. C'est mon nom. Et puis, un millier de cris similaires retentissent. Merde, merde, merde ! Je me remets à courir, en restant sur le trottoir d'où les bâtiments interprètent une ombre, pour ne plus me cramer les pieds sur la chaussée. Mes pieds s'emmêlent et je tombe. Ma chute paraît durer de longues secondes et je vois le monde basculer avec moi. J'essaie de faire en sorte que mon cerveau donne l'ordre à mon corps de se relever mais il n'en est rien. Je reste à terre. Et puis mes yeux se ferment. Un voile ténébreux étincelle sous mes paupières comme une lumière aveuglante qui m'empêche de voir. Tout n'est plus qu'obscurité.

     Mais c'est dans l'obscurité que jaillit la lumière. Une silhouette coruscante semble se mouvoir dans le paysage indéfini. Je vois un médaillon, c'est la seule chose que j'arrive à percevoir dans la confusion de mon subconscient. C'est une simple ficelle où est accroché un disque de bronze. Des étoiles semblent creuser dans le métal orangé, surmontée par des cieux obscurs. Je ne comprends pas vraiment le dessin représenter sur le bijou, je ne comprends même rien de ce que je vois. Je vois ensuite le médaillon se refermer sous des bâton de lumières. En réalité ce sont des doigts. Les doigts de la silhouette que je venais d'apercevoir. Elle serre l'objet et le jette brutalement sur le sol obscur. La silhouette s'estompe du cadre mobile pour laisser place à l'explosion d'étincelles que crée l'impact du choc. Le médaillon se brise en milliers de morceaux, qui paraissent s'accrocher sur la façade obscure comme des étoiles dans la nuit. L'espace devient lumineux, moins douloureux à supporter, moins confus dans mon esprit. Durant un court moment, je me sens comme au royaume des morts. Enfin, une flamme havit les ténèbres et j'ouvre les yeux. Mon pouvoir s'est réactivé.

    

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