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Cette nuit-là, Sacha n'arriva juste pas à fermer l'œil. Il ne cessait de revivre la scène de la colère de son tuteur. Il avait cru que l'homme allait le tuer, rien que d'y penser son corps tremblait inconsciemment. Dormir dans la même pièce avec l'adulte n'arrangeait en rien la situation dans laquelle il était. Sa couverture si chaude représentait sa seule défense contre l'homme, ce qui n'était pas très protecteur. Le préadolescent craignait les choses que Giovanni pouvait lui faire s'il continuait à énerver le criminel. Celui-ci l'avait déjà étranglé ainsi que frapper, que pouvait-il faire d'autre ? Lui tirer une balle dans une zone ''sûr'' où quelque chose du même genre ? Il déglutit lourdement en pensant à son corps ensanglanté causé par une balle ou une quelconque arme. L'homme sera-t-il capable de le torturer ? De le briser mentalement ? Faire de lui une petite marionnette ? Il se recroquevilla encore plus qu'il ne l'était déjà, ayant des images peu joyeuses dans son esprit ne lui permettant de ne pas trouver le sommeil. Si cela continuait, Giovanni allait réellement mettre sa menace de lui donner des somnifères de forces en place. Le noiraud préféré dormir de lui-même que de devenir dépend de médicament. Quand le réveil de son tuteur sonna, il se retint de gémir, car l'homme allait sans aucun doute comprendre qu'il n'avait pas fermé ses yeux de toute la nuit. Persian qui était à côté de son lit se leva en s'étirant et l'enfant arriva à distinguer la silhouette de l'animal qui s'avançait vers son maître avant de lui lécher la main. L'adulte sursauta avant de marmonner diverses insultes très intéressantes tout en éteignant son réveil et en allumant la lampe de chevet éclairant faiblement la chambre. Le garçon ferma automatiquement les yeux, enfouissant sa tête profondément dans la couverture. Ses oreilles entendirent le léger grincement du lit de son tuteur, signe que l'adulte s'était levé, puis ce furent des bruits de pas vers lui. Son cœur battait à mille à l'heure, serrant fortement des yeux. Un soupir retentit dans la chambre.

- Je sais que tu es réveillé, Sacha.

Le garçon mordit sa lèvre avant de s'asseoir sur le lit, frottant ses yeux. Il était fatigué, mais les forces supérieures voulaient qu'il meure de fatigue. Il s'efforça de garder sa tête baissait, ne voulant avoir aucune interaction sociale avec son tortionnaire. La main de l'adulte se posa sur ses joues pour relever sa tête alors que le préadolescent tentait de s'échapper, une pression plus forte et il cessa toute tentative. Il rencontra les yeux du criminel. Pourquoi diable le plus vieux avait l'air d'être en colère ? Il n'avait rien fait qui pourrait provoquer sa fureur matinale.

- As-tu dormi ? Questionna froidement le criminel.

Ah.

- Oui. Mentit le garçon.

Les sourcils de Giovanni froncèrent tellement qu'ils allaient presque se toucher, il raffermit sa prise sur ses joues provoquant une grimace de douleur du garçon.

- Après notre séjour à Kalos, tu prendras des somnifères. Déclara l'adulte en lâchant brusquement la tête de l'enfant.

Sacha mordit violemment ses lèvres pour ne pas riposter comme il le faisait d'habitude. Il avait trop énervé l'homme hier et celui-ci n'était clairement pas calmé à son plus grand malheur. Il entendit son tuteur partir vers la salle de bain tandis qu'il massait ses joues engourdies. Après plusieurs exercices de respiration, le préadolescent avait réussi à un minimum à restreindre sa panique du moment. Il se leva doucement, marchant vers sa commode attitrée pour y sortir des vêtements confortables, après tout, le trajet en avion allait durer plus de six heures. Ayant pris sa douche le soir - pour échapper à la surveillance de son tuteur -, il s'habilla rapidement, mettant les vêtements sales dans le panier à linge près de la porte de la salle de bain puis partis se cacher à nouveau dans son lit, la couverture tout autour de lui.

Quand Giovanni ressortit dans l'un de ses fidèles costards sombre, Sacha, ne voulant pas énerver l'homme, partit vers la seconde porte de la pièce, la tête obstinément baisser vers le sol. L'adulte n'en fit aucune remarque alors qu'il sortit une clé d'une de ses poches et déverrouilla la porte. Ils marchèrent dans un silence pesant tandis que deux sbires attendaient devant l'entrée de bunker avec deux valises près d'eux. Les employés les saluèrent avec respect qui mettait mal à l'aise le plus jeune, mais il ne dit rien, préférant se faire oublier aussi longtemps que possible. Le trajet dans la voiture fut tout aussi catastrophique, personnes ne se parlaient et le garçon avait faim étrangement. Son appétit s'était amélioré depuis que son alimentation était bien plus saine qu'avant, avec trois repas par jour ainsi qu'un goûter par moment quand Ariane y penser. C'était sans doute la meilleure chose qu'il possédait en vivant avec Leonardo Giovanni, mais rien de plus. Sa tête était contre la vitre, tentant de regarder le paysage, mais le jour ne s'était toujours pas levé malheureusement. La voiture ralentit finalement devant l'aéroport, se gara près de l'entrée. Ils descendirent, les sbires - ils n'étaient pas habillés dans leurs uniformes de criminels - enlevèrent leurs valises du coffre tandis que l'enfant et le chef de l'organisation se tenaient côte à côte.

Adoption forcéeWhere stories live. Discover now