Chapitre 4.

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Alena fronça les sourcils et toqua à la porte de madame Hert. Une voix rauque lui répondit :

— Entrez.

La jeune femme tourna la poignée et entra dans la pièce. C'était vraisemblablement le bureau de madame Hert. Deux meubles remplis de livres aux coloris les plus divers encadraient d'un symétrie parfaite l'imposant bureau en chêne de la vieille dame. Celle-ci leva la tête et poussa d'un geste brusque le dossier devant elle. Elle détailla de ses yeux clairs, derrière ses petites lunettes, Alena puis lui désigna la chaise en paille devant elle.

Alena s'empressa de s'assoir et se racla la gorge avant de dire :

— Je suis venue pour être embauchée en tant que domestique, je crois avoir compris que vous deviez me faire passer un entretien ?

Madame Hert croisa ses mains en les posant sur son bureau. Alena se demanda si la vieille femme connaissait la réelle raison de sa présence et elle scruta les traits de madame Hert pour déceler un moindre signe de complicité mais la vieille femme tourna les yeux vers une pile de feuilles rangées soigneusement sur un coin de son bureau et elle en sortit une feuille qu'elle glissa devant Alena en disant :

— Dans quel service désirez-vous être assignée ?

La jeune femme répondit sans hésitations :

— Le service du prince.

Madame Hert haussa un sourcil et répondit :

— Le prince ? Comment connaissez-vous son existence ?

Alena serra ses mains sur son baluchon. Elle ne s'attendait pas à ce genre de question. La vieille dame posa ses deux mains à plat sur la table et rapprocha sa tête d'Alena en disant :

— C'est louche...

La jeune femme ouvrit la bouche pour répondre mais madame Hert tapota la feuille en face d'elle et dit :

— Très bien, vous être prise.

Alena ne bougea pas, bouche bée. Comment l'entretien avait-il pu être aussi court et surtout comment avait-elle pu l'accepter aussi facilement après avoir dit elle-même qu'elle était louche ?

Madame Hert claqua des doigts et dit brusquement :

— Alors ? Vous signez ?

La jeune femme posa son doigt sur le carré d'encre juste à côté de la feuille et l'apposa sous le texte dans le petit cadre en gras puis elle tendit le contrat à madame Hert. Celle-ci rangea la feuille dans un dossier et fit un petit mouvement de main pour lui signifier de partir avant de dire :

— Les appartements du prince se trouvent dans l'aile gauche, tout au fond.

Alena se leva et sortit de la pièce. Elle secoua la tête en lançant un regard à la porte à présent close de son employeuse. Madame Hert n'était pas au courant de sa mission car elle n'aurait pas polémiqué sur le fait qu'elle connaisse l'existence du prince et elle lui aurait donné le contrat de suite sinon, mais dans ce cas là pour quelle raison l'acceptait-elle alors qu'elle était suspect ?

La jeune femme posa son baluchon sur son épaule et soupira. Elle sortit son téléphone et ouvrit le plan du palais. De là où elle se trouvait, elle était très proche de l'aile gauche et il lui suffisait de monter l'escalier de service, de tourner à droite et de marcher sans s'arrêter jusqu'à rencontrer une grande porte avec écrit dessus « Appartements du prince ». Un jeu d'enfant.

Elle se mit en marche tout en admirant la richesse étincelante du palais. Les murs étaient recouvert de tapisseries de chasses ou bien de danses dans des salles de bals magnifiques. Des grandes fenêtres parfaitement propres étaient encadrées de lourds rideaux pourpres attachés avec de grosses cordes dorées au mur. Quelques fois des tableaux d'aïeux prestigieux de la famille royale égayaient majestueuses le mur.

Le dernier attira l'attention d'Alena. C'était le portrait de l'Impératrice Mariena, la femme de l'Empereur Sulian qui était morte un an après leur mariage. Alena avait toujours pensé que c'était parce que l'Empereur était un tyran et qu'en tant que son épouse, la jeune femme ne l'avait pas supporté, mais maintenant qu'elle savait qu'elle avait eu un fils, elle se dit qu'elle était peut-être décédée en donnant naissance à celui-ci.

Tout en marchant vers la porte portant l'écriture « Appartements du prince » Alena tenta de calculer l'âge du prince par rapport à la date de la mort de l'Impératrice mais n'ayant jamais vraiment écouté les cours d'histoire de madame Ninh dans l'école d'apprentis agent d'Helmet préférant à ceux-ci les cours de pratiques, la jeune femme ne se rappelait plus exactement de l'année du décès de l'Impératrice Mariena et donna donc un âge approximatif de douze ans à Abriel.

Elle cessa de tenter de calculer et poussa la porte donnant aux appartements du prince. Etonnamment une seconde porte se trouvait juste après avec deux gardes devant. L'un d'eux tendit un petit carré de verre à Alena en disant :

— Pose ton doigt de contrat dessus.

La jeune femme posa le doigt qu'elle avait apposé sur son contrat quelques minutes plus tôt et vit une lumière verte s'allumer sur le carré. Le garde reprit le bout de verre et ouvrit la porte devant Alena. Le deuxième garde arrêta la jeune femme qui commençait à avancer et lui dit en souriant :

— Je ne t'ai jamais vu, tu dois sans doute être nouvelle. Les chambres des bonnes sont tout au fond à droite, ta chambre sera celle qui s'ouvrira quand tu y appliquera ton doigt de contrat dessus. Quand tu auras fini de t'installer tu devras aller voir Ostya la cheffe de service, c'est elle qui te diras ce que tu devras faire pour servir le prince Abriel. Attention elle est très irritable essaye d'être toujours en bon terme avec elle sinon elle te donneras tous les travaux ingrats dont personne ne veut.

Alena remercia le garde et passa derrière la porte. Elle grimaça. Être en mauvais terme avec Ostya, c'était fait. Il fallait donc qu'elle se prépare à faire tous les travaux dont personne ne veut. Elle commençait à avoir l'habitude avec cette mission sanction qui était en réalité une mission dont personne ne voulait.

Elle s'étira pour détendre ses muscles et soupira. Cela n'allait pas être une partie de plaisir.

La jeune femme alla tout au fond à droite. Une porte abîmée était entrouverte. Elle l'ouvrit sans hésiter et s'arrêta net devant le nombre de portes fermées qui se trouvait devant elle. Combien de fois allait-elle apposer son doigt sur la plaque à côté de chaque porte pour enfin trouver celle donnant sur sa chambre ?

Elle pesta contre cette vieille madame Hert qui ne lui avait pas donné cette information importante et posa son doigt sur la première porte à sa gauche. Une lumière rouge s'alluma au-dessus de la porte.

Quelques minutes plus tard et quelques lumières rouges, Alena trouva enfin la bonne chambre qui n'était autre que la dernière.

Elle ouvrit la porte. La chambre était très simple, elle ressemblait beaucoup à sa cabine d'Helmet. Il y avait un lit en dessous d'une fenêtre étroite, un petit meuble pour ranger des affaires, une armoire très fine, un miroir rectangulaire et une petite cuisinière.

Alena posa son baluchon sur le petit meuble et s'assit sur son lit, épuisée. Après quelques minutes de répit elle se décida à se lever. Elle se posta devant le miroir et rangea le flot de ses cheveux dans un chignon serré semblable à celui d'Ostya, cela faisait sans doute parti de l'uniforme.

Elle lissa du plat de la main sa robe grise et se força à sourire. Elle s'était promis ce matin de ne pas se laisser abattre. Elle allait faire de son mieux pour remplir sa mission et en parallèle continuer ses recherches sur ses parents en toute liberté.

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