Chapitre 56.

17 3 0
                                    

Alena ouvrit sa tente et regarda le ciel noir parsemés d'étoiles scintillantes en soupirant.

Elle était en mission depuis plusieurs semaines à présent, une mission choisie en personne par le grand directeur provisoire d'Helmet, l'agent qui avait commandé les troupes à la fin du coup d'état, un des directeurs de la catégorie C.

La jeune femme ramena ses jambes vers son cœur et les enserra de ses bras.

Ses parents étaient partis le jour même du coup d'état et avaient déposés leur démission, elle n'avait malheureusement pas pu leur dire aurevoir puisque le lendemain l'agence s'était déjà remise au travail et elle, étant destituée de sa mission sanction elle devait prendre obligatoirement une autre mission.

Alena posa son menton sur ses bras et regarda autour d'elle. Sa mission consistait à surveiller les alentours d'une riche demeure qui avait subit un meurtre. Seulement depuis près de trois semaines maintenant personne de suspect ne s'était approché de la grande bâtisse.

Elle se demandait pendant combien de temps elle allait devoir rester dans ce petit bois.

La jeune femme détestait l'inaction et cette mission était pour elle un vrai calvaire.

En plus de cela personne ne pouvait la contacter car un petit voyant rouge s'allumait alors immanquablement pour signaler qu'elle se trouvait en mission et qu'il ne fallait pas la déranger. Cela signifiait qu'elle ne pouvait prendre de nouvelles ni de Ziane, ni de ses parents et ni... d'Abriel.

Alena sourit légèrement. Elle avait hâte de rentrer pour entendre de nouveau sa voix, pour le voir sourire.

La jeune femme se décida à se lever et c'est alors qu'elle vit une ombre avançant lentement vers la riche maison qu'elle devait garder.

Alena s'en approcha doucement et dégaina son arme sans faire de bruit.

Arrivée près de l'homme suspect, car s'en était un, la jeune femme vit le métal d'un pistolet briller dans ses mains.

D'un geste vif elle colla son arme sur la tempe de l'homme qui émit un cri étouffé.

Alena murmura près de son oreille :

— Lâchez votre arme.

L'homme obéit et se laissa attacher à un tronc d'arbre sans rien tenter contre la jeune femme trop surpris pour réagir.

Alena se redressa et appela le directeur provisoire pour l'informer de la réussite de sa mission. Celui-ci lui ordonna de laisser l'homme attaché à l'arbre afin de laisser les forces de l'ordre le découvrir et s'en occuper Helmet devant impérativement rester le plus secret possible.

La jeune femme savait pertinemment que garder l'agence secrète devenait de plus en plus compliqué depuis le coup d'état. Elle raccrocha et bâillonna l'homme avant d'écrire sur sa tête «C'est lui le meurtrier » puis elle partit ranger sa tente dans son sac.

Elle n'attendit pas le matin pour se mettre en route et durant le reste de la nuit elle parcourut le chemin qui la séparait d'Helmet.

Alena arriva devant l'entrée de l'agence en même temps que le soleil se leva. Elle entra et montra son passe au portier qui acquiesça en somnolent à moitié puis elle entra dans sa cabine et se laissa tomber épuisée dans son lit.

Quelques heures plus tard la sonnerie stridente de l'agence la réveilla péniblement.

La jeune femme se leva et se rendit dans sa petite salle de bain. Elle ouvrit le robinet et laissa couler l'eau pensivement avant d'y plonger ses mains pour s'en asperger ensuite le visage.

La fraîcheur de l'eau effaça les dernières onces de sommeil sur son visage. Elle leva la tête et se regarda dans le miroir en face d'elle.

Elle n'avait pas vraiment changé de la jeune femme qu'elle était avant sa mission sanction et sa quête acharnée pour trouver ses parents. Elle avait toujours le même visage ovale encadré de lourdes mèches brunes, les mêmes lèvres minces, les mêmes yeux bleu foncé et le même long nez aquilin cependant elle n'était plus la même.

Elle était changée de l'intérieur.

Alena sourit à son reflet en rangeant ses cheveux dans une queue de cheval serrée.

Elle détourna le regard et enfila une veste par-dessus sa fine robe bleue, le temps s'étant rafraichit.

Comme elle avait finis sa mission hier, aujourd'hui était son jour de repos et la jeune femme allait se rendre au palais afin de voir le nouvel Empereur.

Alena sortit d'Helmet et marcha d'un pas léger jusqu'au majestueux bâtiment qui se dessinait à l'horizon.

Arrivée devant le palais, pour la première fois de sa vie, la jeune femme entra par la porte principale.

Un garde lui demanda aussitôt :

— C'est pour quoi ?

Alena répondit en souriant :

— Je voudrais voir l'Empereur.

Le garde répondit machinalement :

— C'est impossible, il ne reçoit aucune visite.

Le sourire de la jeune femme se rétrécit légèrement et elle répondit :

— Dites-lui qu'Alena Perist cherche à le voir, il acceptera à coup sûr.

Le garde soupira et répondit :

— Comprenez moi madame, les ordres sont les ordres. Sa majesté l'Empereur m'a dit qu'il ne recevrait personne.

Alena se racla la gorge et demanda :

— Alors quand ? Il y a-t-il un jour de visite ?

Le garde secoua la tête et répondit :

— L'Empereur est très occupé il n'a pas le temps pour ça, vous n'imaginez pas la quantité de travail que représente la gouvernance d'un Royaume.

La jeune femme regarda en direction de la porte menant aux appartements royaux et elle répondit calmement :

— Je comprends, il doit être très occupé.

Puis elle partit d'un pas rapide.

Pour se changer les idées elle rendit visite à ses parents puis à Ziane qui venait de rentrer de mission le jour même.

Après cela elle rentra dans sa cabine et s'assit sur son lit les yeux dans le vague. Elle avait peur qu'Abriel ait compris qu'elle ne voulait pas devenir Impératrice et qu'il essai de mettre une distance entre eux afin qu'elle ne soit plus obligée de quitter son travail d'agent qu'elle aimait tant.

La jeune femme posa sa tête dans ses mains. Cela n'était pas impossible. Il lui avait demandé de ne pas refaire la même erreur et de ne pas le choisir la veille du coup d'état. Il préférait son bonheur à elle plutôt que le sien mais il n'avait pas compris que ce qui faisait son bonheur c'était lui.

Soudain quelqu'un toqua à sa porte. Alena se redressa et répondit :

— Entrez !

Ziane entra et la jeune femme sourit en demandant :

— Qui y a-t-il ?

La jolie rouquine répondit en lui donnant une lettre :

— Le portier a reçu une lettre pour toi et elle vient du palais.

Alena l'attrapa fébrilement et dit à son amie :

— Merci de me l'avoir apportée.

Ziane sourit et partit de la cabine.

La jeune femme caressa le sceau royal du bout des doigts et murmura :

— Je vais enfin savoir...

Mission SigmaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant