Chapitre 30.

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Alena plissa les yeux éblouie, plus ils avançaient et plus les rayons du soleil se faisaient sentir.

Abriel sourit et dit fier de lui :

— J'étais sûr qu'il fallait passer là, tu as vu j'avais raison ! Les arbres s'espacent de plus en plus !

La jeune femme acquiesça et lui tapota l'épaule en disant :

— Tu as visiblement un meilleur sens de l'orientation que moi.

Soudain, ils virent une étendue d'herbe loin devant eux sans arbres. Le prince souffla soulagé :

— La sortie...

Quelques minutes plus tard les deux jeunes gens se trouvaient sous le soleil brûlant de l'été, les arbres s'éloignant derrière eux au grès de leurs pas.

Abriel dit en souriant à pleine dent :

— Ça fait longtemps qu'on a pas mangé de la bonne nourriture, allons au village le plus proche remplir notre sac de provisions !

Alena acquiesça en lui passant le sac. Elle en profita pour tourner la tête vers la forêt qui s'éloignait derrière et serra la mâchoire. Le Sigma ne se trouvait visiblement pas dans cet endroit sinon ils auraient forcément croisés ses parents au bout d'un moment.

La jeune femme se retourna en inspirant et se força à sourire. Rien n'était perdu, au contraire maintenant elle savait que les grottes de Tabarences et la forêt vierge du Bretize ne cachaient pas le Sigma.

Alena désigna la mer loin devant eux et dit :

— Coupons par la mer ce sera plus rapide et cela reposera nos jambes.

Le jeune homme acquiesça vivement et demanda :

— Je suis tout à fait d'accord mais je ne vois aucune barque, comment va-t-on faire ?

Ils arrivèrent devant l'étendue bleutée et la jeune femme désigna des jeunes arbres à côté de la berge en disant :

— On va les couper et s'en servir de radeau. Ouvre le sac j'ai mis des lianes dedans, je me suis dit en les arrachant que ça pourrait toujours servir, on va les utiliser comme des cordes pour attacher les petits troncs entre eux.

Abriel la regarda suspicieux et demanda en hésitant :

— On ne va pas se noyer ?

Alena ne put s'empêcher de sourire. Elle commença à donner des coups de pieds à un arbre et répondit :

— Mais non, tu vas voir c'est très solide. Il faut juste avoir la technique et ne t'inquiète pas je l'ai apprise à Helmet.

Le jeune homme l'aida à déraciner et transporter les troncs puis avec les lianes la jeune femme attacha les tronc entres eux.

Lorsque ce fut terminé elle poussa le radeau vers l'eau et Abriel put voir avec soulagement qu'il flottait. Alena monta dessus et tendit la main au prince qui l'ignora et monta tant bien que mal à son tour.

Il s'assit comme il put et demanda à la jeune femme:

— Comment on fait pour avancer ? On n'a pas de rames.

Alena s'allongea sur le ventre et dit :

— Avec les bras chacun d'un côté si on est bien énergique et coordonnés on ira aussi vite qu'avec une barque et des rames.

Abriel déglutit et s'allongea à côté de la jeune femme puis il plongea son bras droit dans l'eau pendant qu'Alena plongeait son bras gauche puis ils commencèrent à ramer laborieusement.

Lorsque le bord ne fut plus qu'un petit point à l'horizon le prince marmonna :

— C'est une mauvaise idée...

La jeune femme rejeta de sa main libre une mèche de ses cheveux dérangée par le vent en arrière et répondit en souriant :

— Au moins c'est amusant !

Abriel tourna la tête vers elle et un sourire imperceptible se dessina sur ses lèvres. Il se racla la gorge et se reconcentra sur son bras en disant :

— Si tu le dis...

Au bout d'un moment la fatigue se faisant sentir, les deux jeunes gens arrêtèrent de ramer.

Alena ferma à demi les yeux et fixa au loin un morceau de terre qui se dégageait à l'horizon.

Le prince se redressa et demanda tout à coup :

— Au fait comment fais-tu pour ne pas être attirée par le fond de l'océan avec ta Muxev ?

La jeune femme lui montra son poignet vide et répondit :

— Je l'ai mise dans le sac sinon on aurait surement coulés.

Soudain l'eau autour d'eux se mit à onduler de plus en plus fort et ils durent s'accrocher aux troncs de leur frêle radeau pour ne pas chavirer.

Alena se retourna brusquement. Abriel fixait le sac méfiant en murmurant :

— C'est sûrement ta Muxev...

En l'absence de réponse de la jeune femme, le prince se retourna à son tour et s'écria :

— Des pirates !

Alena ne bougeait pas les lèvres serrées.

Une voix moqueuse se fit malheureusement entendre :

— Regardez les gars ! Des petits poissons effrayés ! Bouh ! Ah ah, allez tirez les à bord ! 

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