Chapitre 10 : Le neveu de Kenny

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Une vingtaine d'heures plus tard, j'étais de retour dans le bureau du major. Je détestais être trimballée de cette façon. On ne me disait rien, j'étais dans le flou je plus total.

- "Nous avons pris notre décision."

J'écoutais avec attention. Mon cœur battait avec force. Y avait-il un moyen que je m'en sorte ?

- "Tu as bien dit que tu voulais rejoindre le bataillon d'exploration ?"

Mes mains tremblaient. J'allais m'en sortir.

- "Ça serait avec honneur."

Erwin avait le regard grave.

- "Nous mettons beaucoup de choses en jeux pour que tu puisses rester ici, nous te faisons confiance."

Il planta son regard dans le mien.

- "Le moindre faux pas, et nous t'envoyons aux brigades spéciales."

J'aquiesciai, la bouche sèche et les poings serrés rien qu'à leur évocation.

- "Je te surveillerai sois en sûre", dit le brun.

Il avait lui aussi le regard grave. Il me connaissait le mieux ici, il devait se méfier de moi comme de la peste.

- "Bien. Tu peux l'accompagner à sa chambre Livaï."










Livaï ?





Nan. Ce n'était pas possible.






Était-ce ? CE Livaï ?





Des pièces du puzzle s'assemblaient dans mon esprit, beaucoup trop rapidement.

Je manquai de tomber en entendant ce prénom.
Je me rattrapai de justesse à la chaise posée près de moi.

- "Tch. Tu dois manger abrutie."

Je le regardais, presque tremblante. Le neveu de Kenny était-il en vie ? Est-ce que c'était lui ?

- "Livaï ? Livaï Ackerman ?"

Il fronça les sourcils et mit son bras sous le mien pour m'éviter de m'écrouler par terre.

- "Ramène-la et oblige-la à manger. Je crois que son corps a trop subi ces derniers jours."

Je restai muette. Il pouvait y avoir d'autres Livaï non ?

Je commençai à avoir le vertige. Je ne voyais plus mes mains devant moi. Mon cerveau s'affolait et je finis par perdre la notion du temps et de l'espace.

Je ne me souviens pas bien de la suite. On m'a amené dans une pièce et on m'a mis sur un lit, puis j'imagine que je me suis endormie.

• • •

Il faisait presque nuit lorsque que je me réveillai. J'étais dans une chambre individuelle, avec un lit aux draps blancs et propres. Je me remis rapidement sur mes pieds. La chambre était composée d'un lit et d'un petit bureau, ainsi que d'une commode sur laquelle était posée un grand récipient en porcelaine et une carafe qui contenait de l'eau. Je remarquai des vêtements pliés sur une chaise ainsi qu'un plat de soupe chaude avec du pain sur ma table de chevet. Un petit mot avait était laissé à mon intention : "Mange."
Mon ventre grogna. Je ne me souvenais plus de mon dernier repas. Après tout maintenant que j'étais enrôlée, je n'avais plus de raisons de me méfier.
J'avalai rapidement ce dîner avant de me passer un peu d'eau sur le visage et de sortir de ma chambre. Enfin, d'essayer.


J'avais été enfermée à clés.

Si ils pensaient vraiment que ça allait suffire à me retenir.

J'ouvris ma fenêtre. Je n'étais qu'au premier étage. Un jeu d'enfant. Je sautai et me rattrapai dans l'herbe. Mes chevilles claquèrent un peu, je devais manquer d'entraînement. Je rerentrai dans le bâtiment par une petite porte sur le côté. Les couloirs étaient plutôt calmes, mais j'entendais des voix au sous-sol. Ça devait être le réfectoire. Je marchai sans faire de bruit, comme j'avais l'habitude de le faire dans les bas-fonds. J'explorai l'endroit avec attention. Le bâtiment était constitué de trois étages et d'un sous-sol.
Je profitai que tout le monde soit en bas pour explorer les lieux.

Le rez-de-chaussée était constitué de couloirs en pierres voûtées. Plusieurs portes étaient ouvertes et donnaient sur des salles remplies d'équipement tridimensionnelles ainsi que de capes au signe du bataillon. Une pièce était marquée de l'écriteau "Infirmerie", mais elle était fermée. Deux escaliers descendaient sur les cachots où je m'étais retrouvée, et l'autre sur le réfectoire d'où j'entendais les voix.
Les trois autres étages avaient un parquet en bois. Si j'en croyait les insignes accrochées au mur, le premier étage était celui des nouvelles recrue, le deuxième celui des cadets et le dernier celui des aînés. C'est au niveau de celui-ci qu'on trouvait les bureaux du Major, du Caporal-chef et de plusieurs Chefs d'escouades. Chaque étage possédait sa salle de douche commune. Au deuxième on pouvait retrouver une petite bibliothèque qui était fermée à clé.

Bien. Je savais au moins me repérer ici.

Mon esprit était entièrement occupé par le brun. Le caporal-chef. Livaï.
Ça devait être une coïncidence, pourtant tout s'assemblait parfaitement. Je m'arrêtai quelques secondes devant son bureau, hésitant à toquer. Je devais lui parler. Je devais savoir. Mais je m'arrêtai tout de suite.
On m'avait prévenue, je devais me tenir à carreaux, et je n'étais même pas censée être en-dehors de ma chambre. Et puis il devait sûrement être en bas en train de manger.

C'est à ce moment que j'entendis des bruits de pas à l'intérieur du bureau. Je reculai sous le coup de la surprise, avant de m'enfuir le plus rapidement et silencieusement possible. Je me glissai dans l'escalier lorsque j'entendis la porte s'ouvrir. Je m'imobilisai, les oreilles en alerte. Heureusement pour moi, le caporal fit demi-tour et rerentra dans son bureau. Je soupirai de soulagement, avant de me dépêcher de ressortir et de regrimper jusqu'à ma chambre.

Il me fallait des réponses. Est-ce que le neveu de Kenny, dont on m'avait parlé toute ma jeunesse, était le même garçon que j'avais rencontré dans les bas-fonds, ainsi que le caporal du bataillon d'exploration ? Livaï Ackerman ?

L'Ombre (Livaï × reader)Where stories live. Discover now