Chapitre 15 : Éclaireurs, partie 2

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Je fus réveillée par un sympathique coup de pied dans les côtes.

- "Livaï..." Mes yeux s'ouvrirent doucement. "T'es un homme mort."

- "Oui effectivement si tu restes à dormir par terre alors que le jour se lève et que les titans vont bientôt reprendre leurs activités."

Je me relevai tant bien que mal, les muscles engourdis.

- "C'est la pire nuit que j'ai passé depuis des années." dis-je en m'étirant.

Je coulai un regard vers Livaï. Son aspect me fit instantanément froncer les sourcils. Le visage du caporal était blême. Non, pas blême... blanc, littéralement. Aussi blanc que de la neige. Ses yeux semblaient souffrir du simple contact avec l'air, brillants et légèrement rouge. Ses lèvres avaient perdu de leur couleur. Bien qu'il essayait de le cacher, je pouvais voir ses doigts trembler légèrement.

- "Livaï ... tout va bien ?

- Tch. Oui biensûr."

Sa voix me fit encore plus peur. Quelque chose clochait.

- "Je te préviens que si ton plan est de cacher le fait que quelque chose ne va pas, dans le but de garder ton masque de responsabilité envers moi, je vais absolument pas rentrer dedans. On est une équipe, on peut pas partir à la guerre sans prévenir les soldats qu'ils sont amputés d'un bras."

Les bras croisés, je fixais sévèrement le caporal.

- "Tout va bien [T/p]. Reste à ta place de subordonnée."

Mes yeux s'enflammèrent d'indignation avant de se radoucir tristement. De toute évidence, il m'en voulait pour hier soir. Il m'en voulait d'avoir briser sa barrière de verre. Et je le comprenais.

Sans dire un mot, je rassemblai mes affaires. Le soleil commençait effectivement à se lever, il ne fallait pas traîner.

- "On va laisser les affaires ici, on les récupèrera avant de repartir."

La voix froide de mon chef d'escouade provoqua une vague de frissons dans mon corp.

- "D'accord." répondis-je du même ton.

Après avoir installé mon sac sur une branche haute, je resserrai une dernière fois les sangles de mon équipement, puis me mis à cheval. Il ne nous manquait que la partie Ouest de la forêt à quadriller, et puis nous pourrions rentrer. Vu l'état du caporal, cette matinée promettait d'être aussi longue et ennuyante qu'une nuit d'insomnie.

• • •

Le premier titan de la journée ne tarda pas à se montrer. Comme souvent, son arrivée me fut annoncée par des bruits de pas lourds, qui faisaient trembler la terre.

Mes mains sur les gâchettes, je me concentrai au maximum, les yeux aux aguets, les oreilles captant chaque son. Les muscles bandés, je m'élançai vers ma proie qui venait d'apparaître au loin. Une chose me surpris cependant. Enfin, l'absence d'une chose plutôt. Le caporal n'était pas à mes côtés. Il réagissait d'habitude encore plus vite que moi, bondissant de sa selle au moindre problème, mais là il n'était pas là. Alors que je filais vers un arbre proche, je tournai la tête. Il était sur son cheval, commençant à peine à poser ses mains sur ses propres gâchettes. Mes muscles se tendirent légèrement. Il n'était vraiment pas dans son assiette, et à l'extérieur des murs, sans remparts d'aucune sorte et au beau milieu de la forêt, à la merci des monstres, ne pas être dans son assiette pouvait être mortel.

L'arrivée du tronc sur ma tête me sortit de mes pensées avec violence. Je réussis de manière peu élégante à me rattraper légèrement, mais ma tête cogna le bois dûr sans ménagement.

L'Ombre (Livaï × reader)Where stories live. Discover now