1er Septembre (partie 2)

36 6 11
                                    


Dans un soupir, je me dirigeai vers la porte voisine, celle qui portait l'écriteau "proviseur". Je toquai et attendis que l'homme de l'autre côté de la porte ne m'autorise à entrer de sa voix chantante.

J'entrai. Il m'invita d'un geste de la main à m'installer sur la chaise en tissu bleu en face de son bureau. D'abord, il ne dit rien, le nez plongé dans un dossier. J'eus donc pendant quelques minutes tout le loisir d'observer les innombrables maquettes de bateaux accrochées sur le mur derrière lui.

— Comment te sens-tu Elim ?

— Oh... euh, bien ?

Cette question inattendue m'avait quelque peu déconcerté. J'avais répondu par réflexe, mais son regard semblait déceler le fond de ma pensée. J'avais l'impression de me trouver face à mon psy.

— Elle nous manque tous, tu sais.

— Oui. Je me doute...

Avant que sa maladie ne se déclare, il y a quatre ans, ma mère enseignait le français à Jules Ferry. Sa disparition avait donc fortement affecté l'équipe enseignante. Ce n'était un secret pour personne.

— Tu sais que si tu as besoin d'aide, tu as toute une équipe prête à t'aider. Et moi le premier. Nous savons ce que tu endures et il est de notre devoir de t'aider... Cependant, nous ne pouvons pas t'y obliger.

— Je sais, merci.

Je n'avais aucune intention de demander de l'aide. Je ne voulais pas que les profs ou le personnel ne me prenne en pitié. Ils savaient, c'était déjà bien suffisant.
Le proviseur soupira. Il dut me trouver borné. Déjà, l'année dernière, il avait trouvé dommage que je préfère rester absent pendant trois mois plutôt que de solliciter l'aide qui m'avait été proposée. J'avais juste besoin de prendre mes distances.

— Bon. Nous ne sommes pas là pour ressasser le passé. Si je t'ai convoqué, c'est plutôt pour discuter de ton avenir.

— Mon avenir ?

Comment je pouvais me concentrer sur mon avenir alors qu'en ce moment présent, je ne savais même plus qui j'étais ?
Il me toisa à travers ses lunettes, et rouvrit le dossier qu'il feuilletait lorsque j'étais arrivé.

— J'entends le traumatisme. Cependant, tes résultats de l'année dernière sont extrêmement bas. 4 en maths, 8 en français, 6,5 en histoire...

— J'essaierai de faire mieux.

— Elim. N'essaie pas, prends les choses en main dès maintenant. Tu as énormément de talent : tes résultats des deux premières années de collège étaient excellents ! Tu peux encore te ressaisir.

Ma gorge se noua.

— Tu n'es pas sans savoir, continua le proviseur, que cette année est déterminante pour ton avenir. C'est le brevet ! Et si tes résultats ne sont pas suffisants, nous serons obligés de te maintenir en troisième l'année prochaine. 

— Qu-Quoi !? m'étranglai-je

— Cette année, il n'y aura pas de passe-droit : tu dois te ressaisir et ne pas gâcher ce potentiel qu'est le tien, et je sais que tu en es entièrement capable. Tes résultats doivent vraiment augmenter drastiquement cette année. 

Cette annonce fut comme un coup de massue. En gros, si je n'avais pas la moyenne, je redoublais. Sur le coup, j'eus quelque peu du mal à réfléchir aux conséquences que cela engendrait.

— As-tu déjà envisagé les cours de tutorat ?

— Non...

— Je t'invite à y réfléchir sérieusement, je suis sûr que cela pourrait énormément t'aider. De nombreux élèves ici proposent des cours de tutorat pour aider ceux en difficulté. Tu sais, il n'y a pas de honte à demander un coup de pouce de temps en temps...

Sous les ailes des AngesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant