Chapitre 1

68 13 33
                                    

— Je déteste le régime général de l'obligation. Pourquoi est-ce que j'avais choisi cette fichue matière ? fit la voix de Zoé, sur ma droite.

— Parce que tu veux passer le CRFPA et devenir une avocate pleine aux as, fit la voix d'Emilie, en face de moi.

Article 1350 du Code civil : « L'obligation est conditionnelle lorsqu'elle dépend d'un événement futur et incertain.
La condition est suspensive lorsque son accomplissement rend l'obligation pure et simple.
Elle est résolutoire lorsque son accomplissement entraîne l'anéantissement de l'obligation. »

Ces quelques alinéas suffirent à me donner des frissons. J'étais bien contente de ne pas avoir choisi cette matière comme majeure pour le premier semestre de ma troisième année de licence de droit.

Si nous avions toutes les trois choisit de prendre « Relations individuelles de travail » comme majeure, Zoé avait choisi le « Régime général de l'obligation » – « RGO » pour les intimes – alors qu'Emilie et moi avions choisi de suivre l'enseignement de « Droits fondamentaux ».

— Ce n'est pas en défendant les travailleurs exploités que je vais devenir riche, rétorqua Zoé. Pitié, faisons une pause.

— Ça ne fait même pas une heure qu'on est là !

— Oui mais il est seize heures, c'est l'heure du goûter !

Emilie soupira.

— Très bien, concéda-t-elle, mais un quart d'heure max. J'ai vraiment envie de finir mon TD de DLF.

Zoé se leva, Emilie l'imita et elles se tournèrent vers moi.

— Partez devant, il me reste juste une page de mon CM de Droits fonda à reprendre et je vous rejoins.

Zoé acquiesça et tourna les talons après avoir collecté son sac et son ordinateur.

Règle n°1 : ne jamais laisser ses affaires sans surveillance dans une bibliothèque universitaire, du moins pas celles ayant de la valeur. Personne n'était intéressé pour voler un Code du travail ou un manuel de droit des obligations. Quoi que.

— Je te prends un café vanille ? me demanda Emilie.

J'hochais la tête avec un sourire, et elle partit sur les pas de Zoé, qui la distançait déjà.

Je me reconcentrais sur l'écran de mon ordinateur. Il ne me restait plus qu'à corriger quelques fautes de syntaxe et à rechercher les contenus des articles cités par le professeur que je n'avais pas eu le temps de noter pendant le cours.

Comme à son habitude, la connexion Wi-Fi de la bibliothèque ne fonctionnait pas, et j'étais contrainte de faire un partage de connexion depuis mon téléphone portable, qui captait à peine, vers mon ordinateur.

Article L.521-1 du Code de justice administrative : « Quand une décision administrative, même de rejet, fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision.
Lorsque la suspension est prononcée, il est statué sur la requête en annulation ou en réformation de la décision dans les meilleurs délais. La suspension prend fin au plus tard lorsqu'il est statué sur la requête en annulation ou en réformation de la décision. »

Je grimaçais. Etait-ce vraiment plus simple à comprendre que le régime général des obligations ? Au moins, le professeur citait un nombre limité de textes normatifs, préférant pour le moment nous donner une approche historique de la question des droits et libertés fondamentales. Il fallait d'ailleurs que je me penche davantage sur la différence entre ces deux notions, qui m'échappais encore.

Et toi, les amours ?Where stories live. Discover now