Chapitre 7

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NDA : ce chapitre évoque la question des violences et notamment des meurtres policiers. Je l'ai écris à la suite de la mort du petit Nahel car, comme certains sujets abordés dans cette histoire (féminisme, écologie, etc), c'est un sujet qui me tient à cœur. Cette histoire se déroule à l'automne 2022, donc ce n'est pas de cette affaire qu'il s'agit ici. Pourtant, quiconque s'intéresse à la question aura remarqué que ce sont toujours les mêmes schémas qui se répètent, et c'est ce que j'essaie de faire ressortir ici.

En tant que juriste, il m'a semblé nécessaire, au regard de tout ce qu'on peut lire sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux, de préciser certains points.

Merci d'être respectueux.se dans les commentaires.



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Parfois, vingt minutes à scroller sur Twitter suffisaient pour gâcher ma journée.

Encore un, encore un jeune à la peau basanée abattu par un « gardien de la paix » pour un prétendu refus d'obtempérer. Il y en avait de plus en plus, et c'était toujours la même chose, le même schéma qui se répétait.

La première étape, c'était évidemment la version policière des faits. L'information était donnée aux médias, par des sources qui affirmaient généralement qu'un chauffard avait foncé sur des policiers et que ceux-ci avaient dû tirer pour l'empêcher de les blesser ou de blesser qui que ce soit d'autres.

La deuxième étape, ensuite, était la remise en cause de cette version donnée par les services de police. Dans le meilleur de cas, une vidéo. Parfois, seulement quelques témoignages qui contredisaient la version policière. Dans le pire des cas, rien, les policiers meurtriers n'étaient jamais inquiétés, et l'histoire s'arrêtait là.

En l'occurrence, une jeune femme avait filmé la scène et, face à la version policière relayée par les médias, qui ne correspondait pas à ce à quoi elle avait assisté, elle avait décidé de diffuser la vidéo. Vous vous souvenez de la loi sécurité globale qui voulait, dans un article controversé, nous interdire de filmer les policiers ? Merci au Conseil constitutionnel de l'avoir censuré.

Les policiers mentent et se couvrent entre eux, ce n'est pas nouveau. Cédric Chouviat, Michel Zecler, les exemples ne manquent pas. Merci aux smartphones et à leurs caméras vidéo.

            

La troisième étape, malgré un ou plusieurs démentis de ce qui avait d'abord été affirmé, était la criminalisation de la victime. 

« Il avait un casier judiciaire long comme le bras ! », c'est faux, et même si c'était le cas ? Certaines vies en valent plus que d'autres ? Avoir un casier judiciaire justifie d'être abattu par la police ?

« Il était connu des services de police », et alors ? Savez-vous-même ce que cette expression signifie ? Être connu des services de police signifie être inscrit au « Traitement d'antécédents judiciaires », dit « Taj », qui est un fichier de police judiciaire utilisé lors des enquêtes judiciaires, administratives et certaines enquêtes de renseignement. Ce fichier contient des informations sur les personnes mises en cause... mais également sur les victimes.

« Il a refusé d'obtempérer ! », un tribunal l'a-t-il décidé ? Le respect de la présomption d'innocence, c'est seulement quand ça vous arrange, pas vrai ? L'action publique, c'est-à-dire la possibilité pour la justice de poursuivre une personne ayant prétendument commis une infraction, s'éteint avec son décès. La jeune victime, car oui, c'est bien elle la victime ici, ne pourra jamais être reconnu coupable d'un tel fait.

Et n'oublions pas de remercier Messieurs Bernard Cazeneuve et François Hollande pour leur loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique. 

Et toi, les amours ?Where stories live. Discover now