CHAPITRE 2

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NOLANNE

L'angoisse monte en moi à l'idée de fouler les couloirs de la fac. Chaque bouffée de fumée de mon joint m'apporte un léger apaisement, un répit momentané à mes pensées tourmentées.

La fac est un moyen de prendre ma liberté par rapport à mes parents. Mon père est adorable, mais il peut être beaucoup trop envahissant parfois. Et, ma mère... je ne sais même pas quoi penser d'elle. J'ai l'impression qu'elle me déteste, qu'elle ne me comprend pas. Les sensations se mélangent dans mon esprit, mêlant les effets de la drogue et mes propres émotions. Je ressens un léger engourdissement, un flottement agréable dans mon corps.

Je laisse ma tête basculer en arrière sur la tête d'appui du siège. Les couleurs semblent se mélanger et danser devant mes yeux, créant un tableau éphémère et psychédélique. Pourtant, malgré cette tentative de relaxation, je sais que je ne peux pas rester dans ma bulle pour toujours. Je me le refuse.

La tension qui s'est accumulée en moi tout au long de ces derniers jours devient de plus en plus oppressante. Une anxiété constante me serre le cœur, et je lutte pour trouver un moyen de soulager cette souffrance intérieure.

Comme guidée par une force invisible que je connais bien, je saisis mon joint entre mes doigts tremblants. Je le rapproche de ma cuisse, sentant la chaleur menaçante de l'extrémité incandescente. C'est autodestructeur, mais en cet instant, c'est la seule manière de m'ancrer, de me reconnecter à ma propre douleur.

Une larme solitaire s'échappe de mon œil alors que la cigarette touche ma peau, provoquant une brûlure lancinante. La douleur s'insinue dans mon corps, se mêlant à la multitude de sensations qui émanent de l'extérieur. C'est comme si je cherchais à amplifier ma propre souffrance pour qu'elle étouffe celle des autres.

Le frisson de douleur me fait frémir, mais une partie de moi sait que cela ne fait qu'aggraver mes problèmes. Je suis prise dans un cercle vicieux, incapable de rompre le lien entre ma synesthésie et mon besoin irrépressible de ressentir davantage.

Je retire rapidement mon joint de ma cuisse, consciente du fait que cette action ne fera que masquer temporairement mes tourments. Je m'empresse de l'écraser dans le cendrier de la voiture, comme si je voulais effacer toute preuve de ma faiblesse momentanée.

Le parfum âcre de la fumée de cigarette flotte dans l'habitacle de la voiture, mêlant son odeur à mes pensées troubles. Je me sens submergée par un mélange d'émotions contradictoires : la satisfaction d'avoir ressenti ma propre douleur et la culpabilité d'avoir succombé à une tentation si destructrice.

Je sais que je dois trouver d'autres moyens de gérer ma synesthésie et mes émotions intenses. Je ne peux pas continuer à me blesser ainsi, car cela ne fait qu'aggraver ma culpabilité.

Alors que je sors de ma voiture, je regarde ma cuisse où la marque de la brûlure commence à apparaître. C'est une cicatrice physique, mais aussi le rappel de ma lutte intérieure. Je serre les dents et me dirige vers l'entrée de la fac. Les regards ne se posent pas réellement sur moi, mais, je me sens mal à l'aise. Je tente de me fondre dans la masse, de passer inaperçue. Je sens mon cœur se serrer, une douleur émotionnelle me percute. Je regarde autour de moi, et mes yeux tombent sur une fille en larmes, qui parle au téléphone. Je ne peux m'empêcher de ressentir sa tristesse physiquement. Mes yeux me picotent, je secoue la tête pour me recentrer sur moi-même et continue mon chemin jusqu'à ma salle de cours.

Merde, ils ne peuvent pas mieux indiquer où se trouvent ces foutues salles. Sérieusement, ce n'est pas bien compliquée.

Je pourrais crier de joie quand j'aperçois enfin le nom de mon amphithéâtre. Je fonce et.. Je percute violemment un homme qui descendait les marches. L'impact est brutal, nous nous retrouvons tous les deux déséquilibrés. L'homme, visiblement en colère, m'insulte et s'énerve contre moi.

THE SCARLET CIRCLEWhere stories live. Discover now