CHAPITRE 4

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NOLANNE

Je marche d'un pas précipité dans le couloir, ma joue me brûle, rappel incessant de mon acte irréfléchi. J'essaye de mettre de la distance entre moi et cette situation embarrassante. Les émotions se bousculent en moi, mêlant la colère, la frustration et même un soupçon de fierté face à mon geste.

Emma me rattrape rapidement son visage marqué par la surprise et la curiosité.

— Wow, Nolanne ! Je n'aurais jamais imaginé que tu avais ce genre de réaction en toi. Je te voyais plus comme une petite fleur délicate. Tu lui as vraiment donné une sacrée claque ! Épouse-moi ! débite-t-elle joyeusement d'une traite.

Je m'arrête et lui lance un regard mitigé, mélange de gêne et de satisfaction.

— Je ne sais pas ce qui m'a pris, Emma. Il m'a poussée à bout avec ses paroles méprisantes. Je ne pouvais tout simplement pas me laisser faire.

Emma me scrute attentivement, cherchant à comprendre les raisons derrière mon geste.

— Je comprends que tu aies ressenti le besoin de te défendre, mais as-tu réfléchi aux conséquences de tes actions ? C'est Kade. Ce mec peut faire de ta vie un enfer.

— Ç'aurait pu être le président, j'en ai rien à foutre sincèrement. Il le méritait.

Elle me lance un regard malicieux, cette fille est une bouffée d'air frais.

— Tu sais où est le bassin Wards ? J'ai besoin d'aller nager.

— Il est interdit aux élèves et je suis pas sûr que...

— Pas pour moi.

Ma phrase prononcée sur un ton froid, la fait reculer de quelques pas, je vois son regard qui me jauge de haut en bas. Je soupire profondément.

— Désolée, je- j'ai un accord avec la faculté. J'ai un problème de santé et..

— Pas besoin de m'en dire plus princesse, rigole-t-elle. Dans le couloir est, je te laisse mon numéro, hésite pas à m'envoyer un message. Ne frappe plus personne d'autre en mon absence. Je ne veux surtout pas manquer ça !

Elle m'embrasse sur la joue, avant de me faire signe de la main et de disparaître de ma vue. J'ai toujours aimé nager, encore plus depuis que j'ai compris à quel point cela m'aidait. Une fois sous l'eau, il n'existe plus rien, plus rien à part moi.

Et, ça, c'est galvanisant. J'ai très peu d'occasion contrairement aux autres, de savoir ce que ça fait de s'appartenir. De ressentir ses propres émotions, d'entendre ses pensées sans qu'elle soit parasitée par les ressentiments d'une personne quelconque, savourer pour une fois une réelle douleur. Pas celle inventée et imitée par une connerie de problème neurologique.

Quand mon père m'a demandé si j'avais besoin de quoi que ce soit, je lui ai demandé s'il pouvait faire jouer ses relations pour un accès privé au bassin de cette école. Je me suis renseignée pour être sûr que l'établissement possédait des structures aquatiques. Je ne peux pas passer ma journée à être défoncée pour calmer mes angoisses. Ça se verrait et mes parents l'apprendraient d'une façon ou d'une autre.

Vingt-et-un an et un âge pour beaucoup qui signifient la liberté. Pour ma part, c'est l'étranglement définitif de la laisse invisible de la bonne société qui se resserre. J'ai l'obligation d'aller à tous ses stupides gala et soirée mondaine ou mon père se présente. En tant que fille du maire, on attend de moi le moindre faux pas pour l'abattre. C'est le monde hypocrite et mesquin de la politique.

Je déteste ça. Je déteste devoir faire semblant, encore plus quand je vois leurs sourires niaiseux alors qu'ils n'ont qu'une envie, c'est de commérer sur ce qui se passe dans la vie du maire. J'ai appris à jouer mon rôle à la perfection.

THE SCARLET CIRCLEDove le storie prendono vita. Scoprilo ora