CHAPITRE 5

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NOLANNE

— Alors, comment s'est passée ta semaine à l'université, ma chérie ? Tu t'es fait des amis ? lance mon père à table.

Je baisse les yeux vers mon assiette, j'essaye de trouver les mots justes pour répondre sans mentionner l'incident avec Kade. Difficile de cacher des choses à mes parents, ils sont beaucoup trop fouineurs pour mon bien.

— Oh, euh... la semaine a été chargée. J'ai rencontré quelques personnes intéressantes, mais je suis encore en train de m'adapter à l'ambiance de la fac.

— C'est bien de te faire de nouveaux amis. Tu sais, tu peux toujours nous en parler si quelque chose te tracasse.

Je souris à mon père, touchée par sa préoccupation. Mais je ne peux pas leur dire ce qui s'est passé. Ils feraient un scandale, chose dont je n'ai pas besoin.

— Merci, papa. Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Je suis juste encore en train de prendre mes marques.

— Tu es sûre que tout va bien, Nolanne ? Tu as l'air un peu tendue.

Je me force à sourire, dissimulant mes émotions au maximum. Jouer la comédie est un talent presque inné chez moi.

— Oui, maman, ne t'en fais pas. Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout.

Mon esprit divague vers les moments de tension dans la piscine, la peur que j'ai ressentie face à Kade. Je décide de changer de sujet pour détourner l'attention.

— Donc en plus maintenant tu nous mens, cingle ma mère.

— Je- comment ça ? begayé-je

— Chérie, ne l'attaque pas ainsi, tempère mon père.

Il lui prend la main dans un signe de réconfort, avant de se tourner vers moi.

— Mon ami, le doyen, m'a appelé. Un professeur a fait remonter une altercation en cours entre toi et un autre élève, c'est vrai Nolanne ?

— C'était une petite altercation de rien du tout, c'est déjà oublié papa, rien de grave, je t'assure.

Je lui donne un sourire convaincant, j'espère seulement qu'il ne va pas vouloir s'en mêler. Je suis soulagée quand je le vois hocher la tête et consentir à mon explication. Mais ça ne suffit pas à ma mère. Non, rien n'est jamais suffisant pour elle quand il s'agit de moi.

— Tu sais, Nolanne, j'ai remarqué que tu avais pris un peu de poids depuis quelques mois. Encore... Fais attention à ce que tu manges.

Mes yeux s'élargissent de surprise et de colère. Comment osait-elle me faire une telle remarque, mes vêtements, mon comportement, je ne dis rien. Mais mon corps ? Qu'elle aille se faire foutre, elle et sa perfection.

— Quoi ?! Maman, c'est vraiment ce dont tu as envie de parler maintenant ?! Je suis juste fatiguée et stressée, et toi, tu me sors ça ?!

Je me lève brusquement de ma chaise, sentant la colère monter en moi. Je sais que je devrais contrôler ma réaction, mais la tension accumulée de cette semaine a atteint son paroxysme.

— Nolanne, je ne voulais pas te mettre en colère. Je m'inquiète juste pour toi, minaude-t-elle.

— Tu t'inquiètes ? Mais quelle magnifique menteuse, tu fais, je pourrais peser quarante kilos au lieu de soixante-dix que ça ne serait pas assez pour toi !

— Jeune fille, je ne te permets pas de me parler de cette façon ! Nelson dit quelque chose !

Mon père soupire, il ne dit rien. Il ne dit jamais rien de toute façon. Il se retrouve coincé entre les deux femmes qu'il aime. J'ai conscience que cette situation le rend malheureux. Mais, je fais déjà tellement d'efforts en société, que je refuse d'en faire pour elle.

THE SCARLET CIRCLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant