chapitre 24

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PDV Ely :

CLAC

C'est le bruit que la porte avait fait en se refermant brutalement. Peut-être était-ce la faute d'un courant d'air ou d'une malchance inouï mais en tout cas, il fait pas si chaud que ça là-dedans une fois l'adrénaline redescendue, bien au contraire. Je colla mes genoux à mon torse avant de les emprisonner avec mes bras pour essayer de me réchauffer.

A cause de la température digne d'un congélateur, je me mis à claquer des dents en essayant de trouver un radiateur ou n'importe quel objet qui pourrait me tenir ne serais-ce qu'un peu chaud. 

A la place, je distingua un impact sur la vieile fenêtre au dessus des bancs. Celle-ci était si fissurée que l'air pouvait circuler librement dans la salle. 

Moi et Adrien étions à présent enfermés dans un vestiaire glacés, seuls et sans réseau (sinon c'est pas drôle) en espérant que quelqu'un vienne en avance ou que par magie, la porte se rouvre.

- T'as froid ?

- Non je meurs de chaud...je suis à deux doigts de retirer mon tee-shirt là.

Sérieux il en pose de ces questions lui parfois.

- Moi ça me dérangerait pas, mais je peux te prêter ma veste si tu veux ?

Comment est-ce-qu'il peut lâcher ce genre de phrases aussi naturellement ? Et surtout pourquoi mes joues se sont-elles mises à rougir autant ? Bon ça, j'avoue je connais déjà la réponse.

- Ou-ouais  je veux bien s'il te plaît.

J'ai préféré faire abstraction de sa remarque précédente et enfiler sa veste à la seconde où elle fût entre mes mains. Elle était un peu grande mais je ne nageais pas non plus dedans. Elle avait pile poil la bonne taille pour me réchauffer, mes mains et mon cou étaient enfin recouverts par le vêtement épais.

Je m'apprêtais à remercier Adrien quand je remarqua que ses mains tremblaient et ses dents s'entrechoquaient. Pendant quelques secondes, je resta interdit, devais-je lui redonner sa veste au risque d'avoir froid à mon tour ou la partager ?

J'opta pour la deuxième option assez rapidement. Je retira le vêtement de mes épaules et me colla à Adrien. Il écarquilla les yeux mais me laisse faire. Une fois assis à côté de lui, je recouvris nos jambes de la veste. Je me tourna vers lui pour m'assurer que ça ne le dérangeait pas mais au lieu de dire quoi que ce soit, je vis ses joues rougir pour la première fois. Un léger sourire naquit sur mes lèvres abîmées par le froid.

Profitant qu'il regardait ailleurs, je parcourus son visage de mes yeux, son regard semblait s'être dirigé vers le sol. Il le fixait d'un air que je ne lui connaissais pas, il semblait triste. Ses sourcils s'étaient légèrement froncés quand il avait compris que je le fixais, puis, il avait repris son air joyeux avec moins d'entrain que d'habitude. J'aurai dû m'en contenter mais son sourire semblait si faux à côté de ses yeux qui exprimaient tout le contraire.

- Tu vas bien Adrien ?

Pas de réponse, il s'était à nouveau perdu dans ses pensées et elles ne semblaient pas positives à en juger par son air lassé. J'insista.

- Adrien, t'as pas l'air bien depuis tout à l'heure, il y a quelque chose qui ne va pas ?

- Hm si c'est juste que je repensais à ce midi, je croyais que vous ne vous connaissiez pas toi et Manon.

- On était dans le même lycée l'année dernière et on ne s'entendait pas, c'est tout.

- Ça avait l'air un peu plus grave que des simples chamailleries pourtant.

- Eh bien il y a des gens avec qui on s'entend bien et d'autre avec qui on s'entend moins voilà tout. On peut changer de sujet maintenant.

- Pas tant que tu ne m'auras pas expliqué la raison précise pour laquelle tu pleurais dans les toilettes.

- C'est à cause du repas.

- Du repas, tu te fous de moi ?

- Il était vraiment dégueulasse et ça m'a fait de la peine.

- Ely...J'ai beau apprécier les gens mystérieux, je déteste le fait que tu ne me dises pas ce qui te rend comme ça. Tu n'as pas confiance en moi ?

- Je n'ai juste pas envie que l'on me traite encore de menteur.

- Encore ? Écoute Ely, quoi que tu dises ou que tu fasses, je serai de ton côté et je t'écouterais alors parle moi, je t'en supplie.

- Tu m'en voudrais si je ne te racontais pas tout ?

- Tu dois avoir tes raisons et je ne veux pas non plus te forcer alors fais comme tu le sens.

Je lui souris doucement avant de prendre une grande inspiration. Était-ce vraiment une bonne idée de lui confier tout ça ? Réagirait-il comme mes parents ? Non, lui il est différent.

- Ça a commencé à la rentrée dernière sans raison particulière, j'ai bousculé un mec dans les couloirs sans faire exprès et je ne me serai pas excusé. A vrai dire, je ne l'avais même pas remarqué et nous étions tous les deux responsables mais il a fallu qu'il soit populaire pour que je sois en tort, même si je venais juste de rompre avec mon copain de l'époque. Il avait trop peur à l'idée que l'on découvre son homosexuelalité donc il a fait comme si je l'avais forcé à m'aimer quand on lui a demandé la raison pour laquelle un enfoiré avait compris pour nous deux puis balancés. Et il s'est avéré que l'enfoiré n'était autre que le mec que je venais de bousculer.

   Flashback

- Eh mais ce serait pas la tafiole qui forçait Rafael à sortir avec lui ?

Suite à cette remarque qui sonnait comme une annonce, des dizaines de têtes curieuses s'étaient relevées de leurs téléphones. Ils semblaient tous impatients à l'idée d'avoir de nouvelles rumeurs à faire circuler.

A ce moment là, je devais avoir l'air pitoyable entre les larmes qui coulaient encore le long de mes joues et la tête hideuse que je faisais sûrement.

Quelques murmures s'élevaient dans la pièce, jusqu'à ce qu'ils soient remplacés par des gloussements ou encore des rires.

Leurs visages déformés osillaient entre la pitié et le dégoût dans un mélange horrible. Je m'étais toujours fait discret vis-à-vis de ça dans l'espoir que jamais mon secret ne soit au révélé au grand jour mais l'équilibre que j'avais eu tant de mal à maintenir s'était à présent rompu.

C'est à compté de ce jour funeste que tout à commencé à changer. Peu à peu, le groupe d'ami que nous avions formé s'est éloigné de moi au fil des jours, prétextant mille et une raison qui n'avaient qu'un seul point commun, mon homosexualité. Tout ce qui me terrifiait s'était produit en l'espace de quelques jours durant lesquels on m'a bien fait comprendre qu'être gay au lycée n'était pas bien vu du tout.

D'habitude, les rumeurs se répendaient comme une traînée de poudre et s'estompaient aussi vite qu'elles étaient venues mais il faut croire que ça, ils avaient du mal à le digérer. Beaucoup de mal.

Le vide de ses yeux (b×b)Where stories live. Discover now