Chapitre 16

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Ava-Lee

Il neige. Si mes souvenirs sont bons, il n'y a pas eu autant de retombées depuis trois ans. En tirant les rideaux de ma chambre au réveil, j'ai cru que la tempête allait s'arrêter rapidement mais ce n'est pas le cas. Il tombe des flocons depuis des heures sans s'arrêter. Quand Brenn est venu me chercher, il y a quelques jours il m'a prévenu de la tempête. Je ne l'ai pas cru, j'aurais dû. Toute l'esplanade de l'école, les champs et les boxes sont couverts d'une pellicule de neige.

En brossant Rika, je jette un œil à la porte principale ouverte en grand, ça ne se calme pas. Le vent s'engouffre dans le bâtiment, faisant peur aux animaux. Les cheveux n'ont jamais été autant affolés récemment. Nous mettons tout en place pour les rassurer à l'approche du concours. Il n'est que dans un mois et pourtant, j'y pense tous les jours. L'ambiance dans l'école a changé. Tout le monde sait ce qui va se passer. On nous place en condition pour réussir. Certains sont plus investis que d'autres.

Grâce à notre magouille, Lake est beaucoup plus présent. Il respecte vraiment les aspects du contrat. Je ne l'aurais pas cru autant investi. Je crois bien qu'il en profite le temps qu'il faut avant que Klara ne décide qu'elle peut revenir dans sa vie. Au fond, ça me fait du mal de l'admettre, mais elle me fait de la peine d'être autant accrochée à lui.

Le hennissement soudain de ma jument me fait sortir de ma rêverie. Je lui attrape fermement le museau et la caresse entre les deux oreilles à l'aide de la brosse que j'ai entre les mains, puis je descends jusqu'à l'encolure.

— Eh là ! Tout doux. Ce n'est que le vent. Je t'en fais la promesse, ça va se calmer.

Le souffle chaud de ses narines vient frapper ma peau. Elle ne s'apaise pas. Il y a trop d'informations pour elle. Entre le bruit des autres chevaux paniqués et le vent qui s'engouffre entre les plaintes, faisant siffler la bâtisse, tout cela n'aide pas. Je tente, lors d'un moment plus doux, de la raisonner avec quelques mots susurrés tout bas.

Soudain, prise par surprise, une masse gelée vient impacter mon cou, puis s'échoue au sol. Une boule de neige. Passant ma main au niveau de ma nuque, pour essuyer les résidus d'eau, je me tourne pour connaître l'auteur de cette attaque. Seulement, un nouvel impact sur mon visage m'empêche de réagir comme je l'aurais voulu.

Un éclat de rire sous forme de moquerie provenant en face de moi, me fait réaliser que c'est Lake. L'entraînement est fini, je le pensais parti. Mais non, il a décidé de me saouler.

— Trop adorable ton nouveau maquillage, me pique-t-il au vif.

À l'aide de ma manche, je tamponne mon visage. Il trouve son acte drôle, pas moi. Une partie de la neige fondue a réussi à se céder un passage coulant le long de mon dos. Quant à ma tête, la fraîcheur du morceau glacé ne se dissipe pas.

— Très observateur à ce que je vois. Je ne porte pas de maquillage, imbécile.

À vrai dire, j'ai eu un manque d'envie phénoménale ce matin. Même appliquer un peu de mascara ne m'a pas traversé l'esprit.

— Tu connais une notion assez courante qui s'appelle l'humour ?

D'un regard assassin, je comprends qu'il se fiche de moi. Je suis tombée droit dans le panneau. Au lieu de raviver le conflit ridicule entre nous, je passe au-dessus de son cinéma. Son intention n'était pas foncièrement mauvaise, mais là au milieu des chevaux déjà angoissés, ça m'énerve qu'il joue comme un enfant. Dehors, j'aurais eu une toute autre réaction.

— Je pensais que tu étais parti. Vu la tête que tu tirais tout à l'heure...

Il me coupe.

— Et laisser ma petite amie toute seule ? Quel copain affreux je ferais.

(IN)CONTRÔLABLEWhere stories live. Discover now