CHAPITRE 21 : Céleste

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        Ça m'a frappée comme ça, sans prévenir

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Ça m'a frappée comme ça, sans prévenir. Je me suis réveillée un matin et la réalité m'a rattrapée, s'est agrippée à moi comme si j'étais une bouée de sauvetage et m'a entraînée dans les profondeurs. J'y ai même croisé Jack Dawson et le pauvre n'a pas compris pourquoi j'ai encore plus pleuré en le voyant.
    Ça a duré sept jours, sept longs jours passés soit la tête sur les toilettes (vous saviez vous qu'un cœur brisé se met d'accord avec l'estomac pour être cassé en même temps ?), soit roulée en boule au fond de mon lit. Je ne pouvais rien avaler, je n'avais envie de rien à part de hurler, casser, déchirer, arracher quelque chose, n'importe quoi tant que ça me défoulait et que cette colère et cette tristesse que je ressentais s'en allaient. Alors mon père m'a emmenée dans sa salle de sport et m'a obligée à taper dans un punching-ball. On se serait cru dans un film où l'héroïne doit lâcher toute sa rage, au début elle n'ose pas et puis au fur et à mesure, elle s'oublie et finit par presque décrocher le sac de frappe du plafond pour finir en pleurs, et comme par magie, plus sereine, dans les bras de son papa adoré. Pour moi c'était moins glamour. J'ai tenté de taper dans un sac, je me suis blessée au poignet malgré les gants et j'ai insulté la terre entière en sautant sur place, pensant certainement que la douleur s'en irait comme grâce à mes sauts, pour finir par courir trois kilomètres sur un tapis de course avec les rappeurs les plus vulgaires et les plus enragés dans mes oreilles.
    Après cette course effrénée, j'aurais donné n'importe quoi pour un cheeseburger, à tel point que mon père m'a emmenée dans le fast-food le plus proche où il me regarde dévorer mon repas en piochant de temps en temps dans mes frites.

–    Ça va mieux ?
–    J'avais tellement faim...
–    C'est normal, tu n'as quasiment rien mangé depuis une semaine. Je suis même étonné que tu aies réussi à courir autant de temps !
–    J'ai des ressources.
–    Ça, je n'en ai jamais douté.

    Une fois repue, je me laisse tomber contre le dossier de la banquette et la mélancolie reprend immédiatement le dessus.

–    Qu'est-ce qui ne va pas chez moi, Papa ?
–    Comment ça, mon étoile ?
–    Pourquoi il m'a quittée ? Pourquoi il m'a trompée ? Pourquoi je n'étais pas assez bien pour lui ? Qu'est-ce que je n'ai pas et qu'elle a ? Pourquoi...
–    Céleste, Céleste, arrête !

    Il tend ses mains sur la table, m'invitant à les saisir.

–    Je veux que tu m'écoutes attentivement. Mon cœur de père a envie de te dire que c'est entièrement de sa faute, que ce n'est qu'un petit salopard arrogant qui ne méritait pas quelqu'un d'aussi formidable que toi mais ma raison me rappelle que dans un couple, on est deux et que ce n'est jamais totalement blanc d'un côté et noir de l'autre. Je ne sais pas ce qui n'allait pas entre vous pour que vous en soyez arrivés là, je ne sais pas si tu as fait quelque chose, ou pas fait, nous ne le saurons probablement jamais mais tu dois te remettre en question de la bonne manière, pas en te tirant vers le bas comme tu le fais.

Tout me mène à toi. Where stories live. Discover now