Tout me mène à toi.

CHAPITRE 27 : Céleste

–    Qu'est-ce que tu fais là, Jamie ?

    Il n'est même pas cinq heures du matin et pourtant, il est déjà debout dans la cuisine, juste éclairée par une toute petite lumière, au milieu d'une délicieuse odeur de café.

–    Je me suis douté que tu aurais besoin de ça.

    Il me tend un énorme mug et je le remercie en me blottissant contre lui. Il referme ses bras autour de moi et pose sa tête sur mon crâne en soupirant. Je m'écarte de lui en l'interrogeant du regard.

–    Je n'aime pas te savoir malheureuse. Et encore moins te savoir malheureuse, loin d'ici, avec un inconnu.

    Quand je suis rentrée hier soir, j'ai dû annoncer à ma famille que je partais, quelques heures plus tard, pour la Caroline du Nord avec Will, uniquement connu pour être l'un des pompiers de la caserne à côté de l'école, qui était parti en Haïti et dont personne n'avait de nouvelles après l'ouragan. Je n'ai pas eu d'autres choix que de leur parler des mails que nous échangions pendant son voyage mais ça n'a pas empêché que j'ai subi un véritable interrogatoire, plutôt gênant car je ne savais pas répondre à la plupart des questions. « Pourquoi est-ce qu'il te propose de l'accompagner alors que vous vous connaissez à peine ? Est-ce qu'il se passe quelque chose avec lui ? Qui sont ses parents ? Dans quelle ville habitent-ils ? Tu es sûre que c'est une bonne idée d'y aller ce week-end ? » Cette dernière question est une des seules où la réponse semblait évidente car oui, partir à des kilomètres de New York ce week-end est une excellente idée, la meilleure à vrai dire.
    Pourtant je ne me voyais avec d'autres personnes qu'eux, je ne voulais même pas être avec Diane qui m'avait suppliée de rester à Paris, au moins jusqu'à la fin de ce week-end particulier. Je voulais être chez moi, entourée des miens, convaincue que ce serait le meilleur remède, le seul remède, mais la vérité, c'est que plus les heures passaient, plus je sentais une angoisse qui montait dangereusement en moi et qui commençait à me faire peur. Et cette angoisse, elle s'est envolée au moment où j'ai réservé mes billets d'avion.

–    Tu ne m'avais pas dit que vous parliez ensemble par mails, m'a dit Jamie pendant que je préparais ma valise.

    Ne sachant quoi lui répondre, je me suis contentée de hausser mes épaules. Il n'a pas insisté et un instant, j'ai eu peur de l'avoir blessé avec mes cachotteries car il est rare que nous en ayons l'un pour l'autre mais son petit sourire en coin m'avait rassurée. Jusqu'à maintenant.

–    Tu préfères que je reste ?
–    J'aimerais mieux te savoir avec nous. Avec moi. Mais tu dois faire ce qui est bon pour toi, si tu sens que tu dois y aller, alors vas-y. Fais juste bien attention et au moindre problème, je veux que tu m'appelles.

    Je comprends qu'il ne soit pas rassuré, si Dan partait chez des inconnus, comme ça, sur un coup de tête, alors qu'il a le cœur brisé, je n'aurais plus de doigts à force de me ronger les ongles mais j'apprécie qu'il me fasse suffisamment confiance pour me laisser m'envoler dans un autre État, même si ma décision était aussi surprenante que rapide.
    Quelques minutes plus tard, il porte ma valise jusqu'au taxi et agite sa main jusqu'à ce qu'il ne voit plus la voiture jaune. Maintenant, si mes jambes bougent toutes seules, ce n'est pas parce que la réalité me rattrape et que je réalise que je pars chez des inconnus ou même à cause de mon mariage annulé. Je suis nerveuse uniquement parce que je pars avec Will. Mais malgré tout, une autre partie de moi est sereine, comme si je sentais que je suis sur le bon chemin et à la seconde où je le vois qui m'attends devant l'aéroport, j'en ai la certitude, j'ai pris la bonne décision.