Mission 62 : exister

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Lents sont les battements de son cœur. Lourd est son corps, enfoncé dans ce matelas inconfortable. Ses yeux sont perdus, quelque part dans le ciel. Al n'est plus qu'une version fade de ce qu'il a été. Son esprit n'est déjà plus là, retourné à l'Immensité. Plus aucune étoile ne scintille dans ses yeux délavés. Ses cheveux sont devenus grisâtres. Les couleurs de la vie le quittent.

La consistance de son corps se dissout dans la réalité.

Bientôt, dans ce lit, il ne restera plus aucune trace de son existence.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

Gehlal sursaute, la sonnerie qui l'a surpris est celle qu'il n'espérait jamais entendre. Sous ses yeux, ses graphiques s'affolent. Mais pas uniquement : les lumières de la pièce grésillent, les murs tremblent. Il vérifie alors ce qu'il craignait le plus.

La faille est devenue instable trop soudainement, et La tour est passée de 56% à 25%.

À ce rythme, la réalité dans la tour ne sera plus gérable pour un être humain. Sans attendre, le scientifique prend une mallette, appuie sur un bouton qui ouvre une trappe et glisse ensuite dans un toboggan.

Au bout, il atterrit dans une station de métro désaffectée. Un vieux projet du précédent maire, abandonné par l'actuelle. Gehlal marche à pas rapides.

Son visage reste de marbre, mais au fond de lui, il vit un véritable drame.

₍⑅ᐢ..ᐢ₎

C'est totalement essoufflé que Cathy arrive en trombe à l'accueil de l'hôpital psychiatrique, où on la fait attendre sur des chaises en plastique. Le stress la ronge, faisant trembler sa jambe tel un ressort. Doit-elle prévenir Daniel ? Elle n'aura pas le temps d'y réfléchir car déjà la médecin arrive.

— Mme Niss je présume ?

— Oui, sa voix est nouée par l'angoisse, il va bien ?

— Difficile à dire, son internement ne se passe pas très bien. Je suis désolée de vous appeler que maintenant : ce n'est qu'hier, en cherchant un autre contact que son frère, que j'ai vu votre nom dans le dossier. Il faut absolument que vous répondiez à quelques questions, vu votre proximité avec le patient.

— C... C'est à dire ? Je veux le voir.

— Madame, le juge arrive demain, croyez-moi : si vous pensez qu'il n'a rien à faire ici répondez à ces questions.

Ainsi, Cathy se retrouve dans un bureau devant la psychiatre à l'écouter en hochant la tête comme un docile toutou :

— Comme vous êtes sa petite amie, le témoignage de votre quotidien avec Mr Farer peut énormément influencer le juge. Vous êtes désignée comme personne "de confiance", et êtes le meilleur moyen de pression pour lui de sortir d'ici, la psychiatre saisit une feuille avec des questions, ça aurait dû être fait dès son entrée à l'hôpital mais... votre nom n'était mentionné nulle part.

Le sourcil droit de Cathy s'est levé, signe que ses neurones se sont tous regardés interloqués "Hein ? Attendez... quoi ? Petite amie ? Allo ? Allo ?"

— Comment décririez-vous Mr Farer au quotidien ?

— C'est quelqu'un de très calme et gentil, répond Cathy avec franchise, il est doux avec tout le monde, même les machines à café.

— Aucun saut d'humeur ? D'agressivité ? Cathy secoue la tête. Est-ce qu'il prend des médicaments ? Alcool ? Cigarette ? Stupéfiant ? Et enfin : est-ce qu'il a déjà eu des hallucinations, des pertes de mémoire, des difficultés motrices ?

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