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Allan

Cela fait maintenant trente minutes que j'ai raccroché quand mon portable sonne de nouveau. Je pose mon verre de scotch sur mon bureau et prend l'appel.

- Parker.

- Quelqu'un doit venir me chercher, dit une voix essoufflée que je reconnais toute suite.

- Ivy ? Pourquoi tu t'époumones comme ça ?

- Ne me pose pas la question, tu sais très bien pourquoi je m'époumone. Tu m'envoie une voiture ou tu attends que Victor s'en charge ?

Je ferme les yeux. Trente minutes et ce petit con a réussi à la mettre hors d'elle.

- J'arrive, dis-je rapidement.

J'active le pistage de son portable sur mon GPS et prend les clés de ma voiture avant de sortir de mon bureau.

****

Il pleut des cordes pendant que je roule sur des routes de campagne. Il est peut-être con, mais une chose est sûr, Russo ne serait jamais venu la chercher jusqu'ici. Malgré la pluie torrentielle, je la vois marché sur le côté de la route, entièrement trempée avec son sac à dos. Elle porte un débardeur taché de sang et une petite robe noir en accordéon. Je m'arrête et elle ouvre la porte rapidement pour s'asseoir sur le siège passager. Elle reste muette et tient son sac sur ses cuisses. Malgré son mutisme, je ressens sa colère à travers l'habitacle.

- Il ne t'a quand même pas laissé marcher comme ça sous cette pluie ?

Elle se retourne vivement vers moi, ses cheveux aplaties contre son visage et ses tempes. Ses pupilles sont tellement dilatées par la colère, qu'on ne voit presque plus ses iris gris.

- Si j'étais toi, je me la fermerais, dit-elle froidement.

Elle ouvre son sac et prend son portable avant d'écrire un texto rapidement et le ranger de nouveau dans son sac. Je fais demi tour et roule sur le chemin du retour. Je reste muet, j'attends qu'elle s'exprime. Ordinairement, je ne l'aurais jamais laissé me parler ainsi, mais je crois que ça n'améliorera rien si je réplique quoi que ce soit. Durant le trajet, je l'entends renifler à quelques reprises et replacer ses cheveux qui commencent à sécher. Mes doigts grincent sur le cuir de mon volant. Je m'attendais à ce qu'il gâche tout mais je dois avouer qu'il a effectué ça dans un temps record. Je déteste la voir aussi en colère et peiné mais je suis heureux de le sentir près de moi, sentir son parfum. J'entre dans l'allée vers ma maison et elle ne dit pas un mot. À croire qu'elle savait que je l'amenais ici. Lorsque je me gare devant les escaliers de l'entrée,  elle demeure silencieuse, je retire la clé et sort pour contourner ma voiture. J'ouvre sa portière et elle s'essuie rageusement les yeux en descendant. Ivy passe à côté de moi et monte les premières marches pendant que je ferme la portière et la suit. Elle entre et laisse tomber son sac par terre en détaillant l'entrée luxueux. Je me sens légèrement troublé de la voir ici après tout ce qui est arrivé. Je me remémore ces moments, lorsqu'elle se promenait à genoux en me suivant partout et je ferme les yeux deux secondes pour reprendre mes esprits.

- J'imagine que tu désires prendre une douche, te changer. J'ai gardé tes vêtements dans la chambre en haut. Lorsque tu auras terminé, tu peux venir me retrouver et nous dînerons.

- Je n'ai pas vraiment très faim, mais oui, j'aimerais me doucher, dit-elle simplement sur un ton morne.

Je la regarde monter les marches en marbre jusqu'à l'étage et ouvrir une des portes de ma chambre avant de la refermer. Je monte les marches à mon tour et hésite un peu devant ces mêmes portes avant de tourner à droite et me diriger vers mon bureau au bout du couloir. Lorsque j'entre dans mon bureau, je me dirige vers le bar et me sert un verre.

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