Prince des Nuages [DabiHawks]

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KEIGO

Après cette soirée, je suis retourné plusieurs fois sur terre avec Touya et ses amis. Ces derniers ne se posaient même pas de questions sur les déguisements et en portaient eux aussi, même Tenko s'est totalement prêté au jeu.

Mais au milieu de la deuxième semaine, alors que je restais pour une fois sur un des nuages de la Cité — Touya avait un repas de famille — Tokoyami vint me voir doté d'un air affolé.

« Keigo ! Heureusement que tu es là.

— Tu es passé dans un nuage de pluie pour être aussi trempé ?, je demande en voyant les gouttes de sueur perler sur son visage.

— J'ai survolé toute la Cité pour pouvoir te parler ! , réplique t-il essoufflé, commençant à m'inquiéter. Bon sang, tu es complètement inconscient !

— Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? »

Il me lance un regard sévère avant de me répondre.

« Je t'ai suivi, hier. Je voulais absolument savoir où est-ce que tu passais tes journées. » mon sang se glace à l'entente de ses mots. La veille, j'étais allé dans un endroit appelé karaoké où Himiko et Jin nous avaient détruits les tympans alors que j'étais censé vérifier le comportement des oiseaux.

« Et... Qu'est-ce que tu as vu...?, je demande, craintif.

— J'ai tout compris à partir du moment où tu t'es approché du nuage maudit, celui près du gratte-ciel ! Et tu n'es rentré que tard le soir. Mais qu'est-ce qui te prend ?!

— S'il te plaît, ne me fait pas une leçon d'hist...

— Hane, une Ailée tombée amoureuse d'un homme du nom de Yoichi, s'étant fait prendre en flagrant délit par le frère de ce dernier et mise à feu par son peuple en guise de punition. Ça ne te dit rien ?

— Si, si... Son amant, ne supportant pas sa perte, se tua, plein de culpabilité, ce qui a failli provoquer une guerre entre les deux camps à cause de la famille de Yoichi... Je sais tout ça !

— Alors à quoi est-ce que tu joues ?

— Personne n'a rien remarqué.

— Vraiment ? » lâche t-il accompagné d'une sorte de rire nerveux. « Tu penses que personne n'a remarqué ? Ton manque d'inattention permanent, tes yeux dans la vague, et ta plume qui a disparu d'autour de ton cou ?! Bon sang, tu en es jusqu'à hésiter d'accepter le poste que t'offre mon père, ce qu'il ne comprend toujours pas d'ailleurs !

— C'est compliqué pour moi. Tu n'es pas à ma place, tu ne sais pas ce que c'est que de jouer entre deux camps. Je n'existerais pas sans la cité mais Touya... Il m'a montré comment vivre. »

La tension redescend, et Fumikage ferme ses yeux et souffle distraitement.

« En tant qu'ami, je suis content pour toi Keigo, sincèrement. » l'espoir renaît de nouveau alors que je me permets enfin de respirer, mais je perds bien vite cet état d'esprit lorsqu'il rouvre les yeux et qu'un air dur se place sur son visage. « Mais je suis un Ailé avant tout, et je parle au nom de la Cité, cette trahison n'est pas pardonnable. C'est soit lui, soit nous. »

Il me laisse sans mot et s'envole, me laissant là, bouche bée. Ses mots tournent en boucle dans ma tête et je déglutis avant de retomber sur le dos contre le nuage.

Ma raison me crie d'y aller, d'accepter ce poste à la Commission et de ne plus jamais penser au gratte-ciel.

Mais ma mémoire fait jaillir des souvenirs de mes amis sur terre, eux qui ont embelli ces dernières semaines avec des couleurs dont je ne connaissais même pas l'existence.

Puis, tous mes sentiments se redirigent vers Touya.

S'il tient vraiment à toi, il comprendra.

Il faut que je lui en parle, dès demain l'aube. Il pourra m'aider à choisir.