28 - Zaven.

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Jeudi 3 Août 2023.

Mon téléphone dans les mains, je m'assois sur la marche devant ma porte d'entrée. Amaël m'a posé un lapin. Ma mère et mon beau-père étant très occupés aujourd'hui, je n'ai pas pu leur demander d'appeler les parents d'Amaël.

Car évidemment, il n'y a personne au gîte. Amaël ne m'a pas répondu de toute la journée, et je ne sais toujours pas si je dois m'inquiéter ou bien lui en vouloir. Comme je suis perdu, je fais les deux en même temps. Il pleut, je me demande bien où ils sont partis.

Je cligne des yeux, reconnaissant sa silhouette dans la rue. Je me lève et me précipite vers lui.

Pourquoi t'es pas venu ? Je t'ai attendu deux heures sous la pluie, je t'ai appelé une centaine de fois et-.

Je me stoppe brusquement. Car ce qui brille sur son visage, là, ce n'est pas de la pluie, ce sont des larmes. Je prends soudainement conscience de ses yeux atrocement rouges, de la tristesse qui envahit son visage.

P-pourquoi tu m'engueules ? bégaye-t-il avant d'éclater en sanglots.

Je l'attire dans mes bras sans hésiter. Il se colle à moi, et c'est seulement là que je remarque ce qu'il y a dans sa main, le petit collier en cuir d'Abby. Amaël sanglote dans mes bras, je le serre contre moi.

Pardon, je suis tellement désolé, pardon, chuchoté-je. Viens, on ne va pas rester sous la pluie, on va aller chez moi...

Je l'entraîne jusque dans la maison avec douceur. Il s'accroche à moi et refuse de me lâcher, je l'aide à retirer ses chaussures avant de le guider dans ma chambre. Sans prêter attention à nos vêtements mouillés, je me laisse basculer sur le canapé-lit qui n'a pas bougé de place en conservant le blond dans mes bras.

Il niche son visage contre mon cou, il s'accroche fermement à moi. Je l'entoure de mes bras, sentant mon coeur se briser un peu plus à chacun de ses sanglots déchirants.

Je v-voulais t'envoyer un message, mais...mais j'ai oublié m-mon téléphone dans la voiture...et...et je me suis disputé avec mes parents...bafouille-t-il difficilement.

C'est pas grave mon ange, c'est pas grave....Je suis là.

J'embrasse son front et ses cheveux à plusieurs reprises, ce qui semble calmer un peu ses larmes et ses sanglots.

Au bout de nombreuses longues minutes, Amaël parvient à me raconter ce qui s'est passé. Je me maudis de ne pas avoir compris et de ne pas être allé au cabinet vétérinaire, j'aurais pû être là pour lui...J'aurais dû être là pour lui.

Je n'arrête pas de caresser son dos et ses cheveux, d'embrasser son front.

Mes vêtements trempés commencent vraiment à me gêner, et en voyant les vêtements d'Amaël qui sont pires que les miens, je grimace. Il sent le désinfectant et plein d'odeurs qu'on peut retrouver chez le vétérinaire, il faudrait qu'il prenne une douche...

Amaël, mon ange, il faut que tu prennes une douche, viens...

Le serrant contre moi, je prépare des affaires propres pour lui et pour moi et je l'emmène doucement dans la salle de bains.

Il est maintenant presque amorphe et ne réagit presque plus.

Je vais te laisser prendre une douche, d'accord ? Je reste derrière la porte.

Non...pars pas, s'il te plaît...reste avec moi...me supplie-t-il en refusant de me lâcher. Ne m'abandonne pas...

Je reste avec toi, je reste avec toi.

Je l'aide doucement à retirer son pull, puis tous ses vêtements. Je finis par comprendre qu'il ne me lâchera vraiment pas, alors je me déshabille à mon tour pendant que le jet d'eau se réchauffe. Je m'en fiche totalement que nous soyons nus, là, tout ce qui importe, c'est qu'il prenne une douche et se réchauffe.

Je vais être un poids pour toi...pardon...

Absolument pas. S'il le faut, je serai là tout l'été pour t'aider, je dormirai avec toi pour être sûr que tu ne fasses pas de cauchemars, et ça ne me dérange absolument pas. Je suis là pour toi mon ange.

Je nous place tous les deux sous le jet d'eau, je replace soigneusement ses cheveux blonds en arrière pour qu'ils ne lui tombent pas dans les yeux. Je l'aide à se laver, en douceur, et je me lave rapidement aussi.

Je suis amoureux de lui.

Une fois propres, je l'enroule délicatement dans une grande serviette de bain moelleuse. Je fais de même pour moi, je prends une autre serviette pour lui sécher les cheveux, il ne faudrait pas qu'il attrape froid.

Je suis même pas capable de prendre une douche tout seul, réalise-t-il seulement. Pardon.

Je m'en fiche. Je vais être là pour sécher tes larmes à chaque fois. T'as passé une journée horrible, je comprends tout à fait que tu ne te sentes pas capable de prendre une douche seul, de toute façon tu tiens à peine debout.

Il hoche la tête. J'embrasse doucement son front, ma petite intervention semble lui avoir rapporté un peu d'énergie. Il se sèche et s'habille, je fais de même. Je prends ensuite sa main dans la mienne et nous retournons dans ma chambre. Cette fois, nous nous installons dans mon lit.

Même après avoir pleuré, t'es toujours le plus beau à mes yeux, murmuré-je, ressentant aussi le besoin de le rassurer à ce sujet.

Il esquisse un minuscule sourire, son front collé au mien. Je le serre dans mes bras, il ferme les yeux.

Il ne met pas très longtemps à s'endormir contre moi. Je comprends sans mal qu'il est vraiment épuisé, et je ne bouge donc pas, continuant à décrire des cercles du plat de ma main dans son dos. Il n'est pas seul et ne le sera pas, je suis là. Et je ne risque pas de m'en aller. Je l'aime. Je l'aime énormément, et je sais que mon cœur ne s'est pas trompé en choisissant Amaël.

Il se réveille une heure et demie plus tard, et je n'ai pas bougé. Je somnolais pendant tout ce temps, veillant à rester éveillé afin d'être présent pour lui à son réveil.

Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? chuchote-t-il. On n'est même pas en couple....

J'aimerais bien qu'on le soit, en couple, mon ange...mais on n'est pas obligés de parler de ça maintenant, on a le temps.

Il hoche doucement la tête, visiblement un peu rassuré par mes paroles.

J'embrasse son front, encore une fois. Mes lèvres s'attardent sur sa peau, il ferme les yeux comme pour mieux profiter de ce contact.

Il faut que tu manges quelque chose Amaëlou. Je vais aller nous chercher à manger dans la cuisine, d'accord ? Je reviens tout de suite, c'est promis.

Il acquiesce. Je me détache lentement de lui, place correctement la couverture sur son corps encore tremblant et je me rends à la cuisine. Je pioche du chocolat dans le placard, des petites tomates et des dés de fromage dans le réfrigérateur et une grande bouteille d'ice tea.

Je croise maman près des escaliers, mais refusant de laisser Amaël seul plus longtemps, je lui indique que je lui expliquerai plus tard, mais que ça serait bien qu'elle prévienne les parents d'Amaël que ce dernier dort ici. Elle accepte sans hésiter, semblant comprendre qu'il s'est passé quelque chose.

Je retourne rapidement dans ma chambre et pose mes trouvailles sur la table de chevet.

Assis l'un contre l'autre, nous mangeons ce que j'ai apporté en silence. Il n'a pas très faim mais fait un effort pour moi, il me l'a dit. Il mange avec plus d'enthousiasme le chocolat et boit quelques gorgées d'ice tea avant de se rallonger contre moi.

Il n'a pas beaucoup mangé, mais c'est déjà ça.

Tu mangeras un peu plus le prochain coup, d'accord ?

Promis.

Rassuré, je me penche pour déposer un baiser sur sa tempe. 

Last NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant