54 - Zaven.

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Lundi 11 Septembre 2023.

Ce matin, ce n'est vraiment pas le même type de réveil qu'hier. Pas de bisous échangés comme hier, nous sommes assis chacun sur une chaise différente, et nous sommes totalement habillés. Amaël est mort de trouille, ce que je peux comprendre. J'espère qu'il sera rassuré une fois que nous serons là-bas, et j'espère que notre premier cours, demain, sera un cours d'histoire, que nous puissions être ensembles.

Il est maintenant neuf heures vingt, nous partons dans un quart d'heure. Je caresse doucement la cuisse de mon amoureux, espérant vraiment le rassurer. Il me remercie pour ce contact d'un tout petit baiser, mais cela suffit à me combler de joie. Ce n'est clairement pas le moment pour des baisers comme hier, c'est certain. Par contre, comme c'est la rentrée et qu'il ne se passe pas grand-chose, nous pourrons rentrer dès quatorze heures...Et on pourra s'embrasser.

On peut partir maintenant ? me demande Amaël d'une petite voix.

Tout ce que tu veux, mon ange. Ça va aller ?

Il se contente de hocher la tête pour toute réponse. Nous nous levons, allons récupérer nos sacs de cours et mettre nos chaussures. Amaël en profite pour me donner ma clé, pour l'appartement, et nous sortons de l'immeuble. Sa main est crispée dans la mienne, il est un peu pâle, comme souvent quand il stresse, au final. J'espère vraiment que l'université va lui plaire et qu'il se sentira mieux après. Je n'aime pas quand il se sent mal, mais j'ai fini par comprendre que l'anxiété fait partie de lui. Tout ce que je peux faire, c'est être présent pour lui dans ces cas là, et l'aider quand je le peux.

Lorsque nous arrivons devant l'université, nous voyons déjà des gens entrer dans le bâtiment. Sans un mot, mon copain se tourne brusquement vers moi et se blottit dans mes bras. J'enfouis ma main dans ses cheveux, comprenant un peu son inquiétude maintenant que nous sommes devant le bâtiment.

Je t'aime fort, mon ange. Tout va bien se passer, il faut juste qu'on récupère nos emplois du temps dans une file d'attente interminable, qu'on aille vérifier qu'on est bien inscrits à tous nos cours, et ce dans le sens inverse. On va manger, ensuite, puis on pourra visiter tranquillement les bâtiments, tous les deux.

D'accord, répond faiblement le blond. Moi aussi.

Je sais qu'il répond à mon "je t'aime", et ça me suffit. Il a du mal à le dire, surtout quand nous sommes dehors, et je respecte totalement. Je vais à son rythme, et il le sait.

Main dans la main, nous finissons par entrer aussi dans le bâtiment.

Sauf qu'évidemment, pour aller vérifier si nous sommes bien inscrits à notre cours principal, nous devons nous séparer, car il y a aussi le professeur qui parlera à ses élèves, donc nous ne pouvons pas rester ensemble. Malheureusement. Après m'avoir assuré que tout ira bien, mon copain lâche doucement ma main et s'éloigne dans le couloir. Je le regarde partir avant de tourner les talons pour partir dans la direction opposée.

J'entre dans la salle de danse, les yeux écarquillés d'admiration. C'est absolument magnifique. Je m'approche rapidement du tableau au fond de la pièce, afin de trouver mon nom sur les feuilles scotchées dessus, et une fois chose faite, j'essaie de me trouver une place libre. Je ne reste pas seul très longtemps, un petit groupe s'installe à ma droite.

T'habites loin d'ici ? Moi c'est Daphné, se présente la fille la plus proche de moi.

Zaven. Et ça dépend, ma mère habite à quelques heures d'ici, et mon père à Londres.

Oh, c'est trop bien !

Ouais. Ça se voit qu'elle ne connaît pas mon père.

Et...t'es tout seul, ici ?

Ma joie d'avoir quelqu'un à qui parler s'envole immédiatement. Elle emploie exactement le même ton que mon ancienne amie Cléa, et ça ne me plaît pas. Je n'aime que mon amoureux, moi.

Non, mon copain est dans l'université aussi, dis-je.

Vous êtes ensemble depuis longtemps ? s'enquiert-elle.

Je me retiens de soupirer, le pire c'est qu'elle insiste ! Je songe sérieusement à changer de place, maintenant.

Cet été.

Oh, donc ce n'est pas vraiment sérieux, lâche-t-elle en haussant les épaules.

Pour qui elle se prend, elle, pour dire que ma relation avec l'amour de ma vie n'est pas sérieuse ? Relativement fatigué par ses propos, je me lève et change carrément de rangée. Je remarque son expression déçue, mais cela m'importe peu, pour ne pas dire pas du tout.

A midi, je retrouve mon amoureux. Il court presque jusqu'à moi, je le serre dans mes bras. Puis, reconnaissant Daphné à la table à côté de la nôtre, je m'assois sur le banc avant de coller mes lèvres contre celles d'Amaël. Surpris, il met une ou deux secondes avant de répondre au baiser, mais j'espère fortement que Daphné s'étouffe dans le reste d'espoir qu'elle a. Personne ne me séparera jamais d'Amaël.

C'est vraiment super grand, s'exclame mon copain en s'asseyant correctement face à moi. Je me suis perdu au moins trois fois, déjà, mais ma prof à l'air super gentille, je suis content.

Je l'écoute parler, silencieux, le regard rivé sur lui. J'aime tellement mon copain, je pourrais l'écouter parler pendant des heures. Mais Amaël ne parle jamais pendant des heures, il est comme ça : alors, dès qu'il parle un peu plus que d'habitude, j'en profite pour l'écouter avec encore plus d'attention, en espérant qu'il comprenne à quel point j'aime sa voix. A quel point j'aime tout de lui.

Une fille essayait de me draguer, je crois, alors j'ai changé de place parce qu'elle me soûlait, mon prof à l'air incroyable, et je t'aime plus que tout au monde, soufflé-je d'une traite.

Mon amoureux rougit, je ris en passant doucement ma main sur sa joue. J'ai l'impression que nous sommes seuls au monde, tous les deux dans notre petite bulle, et c'est un peu le cas, en fait. Quand je suis avec lui, le reste est effacé, il est le seul qui importe.

Nous mangeons tranquillement, nous avons le temps. Je suis trop fier de mon copain, il réussit à manger la moitié de son repas malgré son stress qui redescend doucement, il est incroyable.

On va visiter, maintenant ? Et récupérer nos emplois du temps, d'ailleurs, demandé-je.

Après avoir récupéré nos emplois du temps, je découvre joyeusement que nos cours d'art et de danse sont tous en même temps, donc nous pourrons manger ensemble tous les jours, et nos heures de pause sont aussi en même temps, je suis trop content.

Nous passons ensuite une heure à visiter tranquillement l'université, qui en plus d'être grande, est vraiment jolie et bien entretenue. J'ai tellement de chance d'avoir été accepté ici, de pouvoir vivre avec mon copain, je suis si heureux. 

Last NightWhere stories live. Discover now