Chapitre 46

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Tout ceci c'était déroulé moults années auparavant, à une époque où la Grande Guerre n'était pas et que les quatre Royaumes s'ignoraient simplement. C'était un temps aujourd'hui révolu qui semblait s'être passé des millénaires auparavant mais, en réalité, seulement une cinquantaine d'années s'était écoulée.

Cette nuit-là, la pluie était battante. Les torrents d'eau frappaient les carreaux dans un rythme insoutenable et le son se mêla aux hurlements de souffrance résonnant dans le petit pavillon à l'écart du palais. Enfoui dans les épaisses couettes du lit, une femme se débattait contre les soignants qui essayaient de la maintenir en place pour lui injecter un énième sérum.

Criant en griffant le visage de ceux qui la bloquaient, la dame ne sentit même pas l'aiguille s'enfoncer dans sa peau striée de noire. Ses yeux injectés de sang s'écarquillèrent, sa bouche moussant de rage s'ouvrit en grand et elle finit par mordre le docteur dans son accès de rage. Néanmoins, l'injection fut tout de même un succès.

Les soignants réinstallèrent les sangles autour des membres de la malade qui continuaient de se débattre dans l'espoir de s'échapper du pavillon mais cela était vain et elle le savait au fond d'elle. Souffrante, un maigre éclat de lucidité apparut dans son regard lorsqu'elle vit son mari accourir vers la porte pour faire sortir leurs deux enfants alertés par les cris de leur mère.

« - Sunny, Minho ! Sortez d'ici ! »

Pendant une seconde, la mère se calma en découvrant les yeux larmoyants de ses trésors. Ils la fixaient avec détresse, ne comprenant pas pourquoi l'état de leur maman avait brusquement chuté. Tout allait pourtant si bien un an auparavant, elle était magnifique avec sa peau dénuée de stries noires et ses yeux vermeil. Alors pourquoi ? Pourquoi allait-elle si mal maintenant ? Pourquoi son corps semblait s'autodétruire sous les yeux du corps médical impuissant ?

« - Je veux ma maman ! »

La petite voix de Sunny s'éleva tandis qu'elle se blottissait contre le corps de son grand frère qui cherchait des réponses dans le regard terrifié de son père. Hélas, ce dernier les mit à la porte tandis que la crise reprit de plus belle en brisant ce court instant de calme.

Se cambrant, la mère crispa ses doigts tout en tirant sur ses liens alors que les hurlements suppliant de ses enfants résonnaient derrière la porte. En larmes, elle tenta de combattre cette maladie, cette malédiction qui la rongeait depuis la naissance.

« - Je suis désolé, les enfants. Je suis désolé... »

Le Roi vint enlacer ses trésors dans ses bras, tentant en vain de les protéger de l'horreur qui se passait dans le pavillon alors que l'eau dévalait sur leurs silhouettes tremblantes. La pluie se mêla aux larmes, le souffle du vent porta les cris de souffrance de la femme et les éclairs figèrent dramatiquement les images.

Les livres parlaient du feu de la destruction comme un sort, un pouvoir antagoniste au feu de la création. Cependant, les ouvrages parlaient rarement du fait qu'il s'agissait aussi d'une maladie touchant une personne sur mille à Zjarr. D'origine génétique, l'entièreté des Djegur avait la possibilité de développer ce mal qui ne pouvait être soigné.

Sournois, le feu s'allumait dans une discrète flamme à l'intérieur d'un Djegur et l'infection se faisait en silence pendant des mois, voire des années.

Lentement, la flammèche devenait un petit brasier pour se métamorphoser en un immense feu de forêt inarrêtable qui détruisait le contaminé de l'intérieur. Rongeant son système, la destruction passait par le physique mais aussi le mental puisque le malade sombrait lentement dans la démence tout en couvrant son corps de sordides lignes noires scellant son destin.

Kingdom 2 : L'Eveil du Feu {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant